Passer au contenu

Stéphane Cassereau (Ecole des mines de Nantes) : ‘ Un ingénieur doit savoir gérer un projet à distance ‘

Stéphane Cassereau esquisse quelques pistes pour lutter contre l’image élitiste des écoles d’ingénieurs et juguler la désaffection des étudiants dans les filières scientifiques.

Cet ingénieur des Mines de 41 ans travaille de longue date dans l’enseignement. Directeur des études de l’Ecole nationale supérieure des techniques industrielles et des mines de Saint-Etienne de 1991 à 1994, puis directeur
adjoint de l’Ecole nationale supérieure des techniques industrielles et des mines de Nantes jusqu’en 1995, il la dirige depuis 2001. Avec la responsabilité parallèle de la Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
(Drire) des Pays de la Loire, Stéphane Cassereau occupe une position d’observateur privilégié.01 Informatique : Quel impact la crise a-t-elle sur l’insertion professionnelle des jeunes diplômés ?Stéphane Cassereau : Après la surchauffe, la situation est revenue à la normale. En pleine bulle Internet, nos informaticiens bénéficiaient d’une prime de 15 % sur le salaire à l’embauche par rapport aux
autres filières. Le taux de placement à six mois s’élevait à 95 %. A ce jour, leur rémunération est revenue dans la moyenne, et le taux de placement de la promotion 2002 était de 79 % après six mois.Comment adapter la formation initiale aux besoins des entreprises ?Il s’agit d’éviter l’écueil qui consisterait à ne former nos ingénieurs que sur la programmation pure ?” réalisée de plus en plus hors de France ?” ou sur les seules technologies à la mode. En cas de retournement
de tendance ou d’orientation de carrière, l’informaticien se trouve alors démuni.Et plus précisément à l’Ecole des mines de Nantes ?Le cursus est découpé en deux périodes. Les deux premières années, l’étudiant se forme aux fondamentaux de l’informatique ?” méthodologie, système, etc. ?”, et non à l’informatique
‘ outil ‘. Les deux suivantes s’ouvrent à la pratique professionnelle. Des intervenants issus du monde industriel enseignent les méthodes et les outils utilisés en mode projet. En cumulé, un étudiant passe quinze mois en
stages ou en projet.Quelle place accorder aux cours extra-techniques ?Comme je le disais, il convient de former non à l’informatique, mais aux systèmes d’information, en mixant les aspects techniques, humains et organisationnels contenus dans tout projet complexe. Cela, en nous penchant sur les enjeux
d’une entreprise, ses processus métier.Comment préparer les étudiants aux effets de la mondialisation ?Face à la poussée de l’offshore, mais aussi à l’internationalisation croissante des sociétés, un ingénieur doit savoir gérer un projet à distance. Des ‘ projets en contexte
international ‘ réunissent ainsi quatre élèves des Mines et quatre étudiants d’une école étrangère. Pendant trois mois, ils travaillent à distance par téléphone, e-mail ou visioconférence, puis se retrouvent une semaine pour
‘ boucler ‘ physiquement le projet. En outre, nous envoyons des étudiants dans des SSII indiennes, comme Tata Consulting, afin qu’ils saisissent de visu les enjeux de
l’offshore.Comment lutter contre le désamour des étudiants pour les filières scientifiques ?Nous assistons, depuis cinq ans, à une érosion d’environ 1 % par an du nombre d’élèves entrant en ‘ classes prépa ‘, alors que le quota de bacheliers scientifiques reste inchangé. Ce phénomène affecte
particulièrement le premier cycle universitaire, avec des baisses d’effectifs pouvant atteindre 50 % en maths, en physique ou en chimie.N’existe-t-il pas aussi un problème d’image ?Les écoles d’ingénieurs souffrent, effectivement, d’une image élitiste. Nous tentons de la gommer en recrutant sur titre ?” DUT, cycle universitaire, formation diplômante ?” au-delà des classes préparatoires.
L’informatique véhicule aussi un cliché persistant. Elle n’emploierait que des programmeurs bidouilleurs, évoluant dans leur bulle. Ce qui est faux.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Xavier Biseul