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Stelios Haji-Ioannou (EasyInternet Café) : ‘ Nous avons abandonné l’idée des cybercafés géants ‘

19 janvier 2001 : EasyEverything ouvre son premier méga-établissement français boulevard Sébastopol, à Paris. Deux ans après, la compagnie change son fusil d’épaule et ne jure plus que par les petites installations.

Avec ses EasyEverything, rebaptisés EasyInternet, l’entrepreneur grec a tenté le
pari des supermarchés discount de l’accès à Internet. Un échec. Depuis, les implantations de nouveaux établissements ont été gelées et la stratégie redéfinie. L’objectif de
Stelios Haji-Ioannou, président d’EasyInternet Café, est dorénavant d’inonder McDo, Virgin et autres cafétérias d’écoles de micro-points d’accès à Internet d’une vingtaine de terminaux, avec des tarifs revus à la baisse.01Net : Avec leur lancement en fanfare, vos EasyInternet Café devaient imposer le modèle économique du cybercafé géant. Que s’est-il passé depuis ?Stelios Haji-Ioannou : Il a fallu changer de fond en comble notre fonctionnement. Nous avons perdu tellement d’argent au début que j’ai dû me poser la question dès septembre 2001 : est-ce que j’arrête
tout ? Dans l’intérêt des marques Easy [la compagnie aérienne EasyJet, le loueur de voitures EasyCar,…, NDLR], j’ai décidé de continuer. Sur nos 22 magasins, un seul a été fermé. Mais le concept, lui, a été
entièrement revu. Des services comme la gravure de CD ont été arrêtés. Nous louons une partie de notre espace à des sociétés de restauration. Les effectifs ont été réduits au strict minimum. Et nous avons abandonné l’idée des cybercafés
géants.Pourtant, EasyInternet parlait un moment de 6 à 7 établissements en France en 2003 contre 3 aujourd’hui.Oui, mais le nouvel EasyInternet ne veut plus être un marchand. Nous commercialisons dorénavant des POP (Point of Presence). Il s’agit d’installer nos propres terminaux dans les locaux d’autres commerçants, en gros une vingtaine sur
une trentaine de mètres. Nous payons tout et nous nous rémunérons sur l’accès à Internet. Le premier POP a été ouvert dans un McDonald’s, à Londres, avec 78 PC, et génère déjà de l’argent. Quand cet établissement voit défiler en moyenne
800 clients par jour, les terminaux qui s’y trouvent enregistrent, eux, 400 connexions par jour. Nous venons d’ouvrir un deuxième POP dans un Burger King, à Piccadilly Circus, cette fois avec 100 terminaux. Nous avons aussi signé avec
un collège en banlieue de Londres. Ils nous donnent un espace dans leur cafétéria, ouvert pour les élèves dans la journée puis mis à disposition de tout le public à partir de 15 h. En France, les premiers POP apparaîtront dans quelques
semaines. De fait, les fast food, les vendeurs de biens culturels, les écoles, les universités, constituent notre priorité.Pourquoi ce nouveau modèle serait-il plus rentable ?Nous l’avons bâti pour que les frais de fonctionnement soient réduits au minimum. Par exemple, le système informatique a été entièrement revu, nous avons mis fin à notre contrat d’exclusivité avec HP. Nous avons dépensé
44 millions de livres pour 7 000 PC. Faites le calcul vous-même, chaque PC nous revenait à 10 000 euros.Mais pourquoi avez-vous accepté ?Je n’ai pas signé cet accord [Le PDG d’EasyInternet du moment a d’ailleurs fait les frais du changement de stratégie de 2001, NDLR]. C’était typique de l’euphorie de la bulle Internet. Dans notre nouveau système,
il n’y a plus de PC mais de simples terminaux d’affichage. Tout le travail se fait au niveau d’un serveur. Ainsi, si votre terminal tombe en panne, il vous suffit de passer au terminal d’à côté, puisque toutes les informations de paiement sur votre
compte sont situées sur un serveur. Nous n’avons plus à nous soucier des plantages de PC, les seuls points critiques sont la borne de paiement automatique et le serveur. Pas besoin donc de personnel pour s’occuper du système en permanence, tout peut
fonctionner tout seul. Au début d’easyEverything, nous avions besoin de gagner 3 livres (4,5 euros) par heure pour être rentable. Aujourd’hui, nous gagnons de l’argent avec 3 livres par jour.Et si un entrepreneur venait vous voir pour ouvrir un nouveau cybercafé géant en franchise ?Je lui déconseillerais. Plutôt que d’ouvrir un espace Internet géant, mieux vaut disposer deux petits POP dans des endroits éloignés. L’activité n’est pas compliquée, il suffit de définir les lieux, de vérifier tous les deux ou trois
jours que tout se passe bien et de collecter l’argent. Un même entrepreneur doit pouvoir gérer dix POP. Quant à nos propres cybercafés, je ne suis pas sûr de les conserver une fois que leur bail aura expiré.

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Ludovic Nachury