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Starzik : « La carte musique jeune n’est pas une finalité »

Le PDG du site de téléchargement Starzik.com, Jérôme Giachino, réagit au lancement de la carte musique jeune par le gouvernement.

01net. : La carte musique jeune a été lancée hier, les plates-formes de téléchargement et de streaming ont proposé leurs offres spéciales dans la foulée. Comment ont réagi les internautes sur Starzik ?
Jérôme Giachino :
Nous avons déjà vendu plusieurs dizaines de cartes, principalement celles à 10 euros. J’ai dit que si Starzik passait le cap des 10 000 cartes, j’embaucherais une personne supplémentaire. Nous sommes une petite dizaine, et cette aide du gouvernement serait un véritable appel d’air.

Ce dispositif a tardé à arriver. Est-ce que cela n’a pas nui au marché de la musique légale ?
Cela n’a pas pris tant de temps que cela ; je trouve que cette affaire a quand même été rondement menée. Effectivement, la carte devait être lancée le 21 juin, pour la Fête de la musique. Elle arrive en octobre, le retard n’est pas énorme. Par rapport à la mise en place de la Hadopi, qu’on n’en finissait pas d’attendre, il y a eu du progrès.

Des organismes comme la Sacem (1) et l’UPFI (2) ont salué l’entrée en service de la carte, mais on sent bien qu’ils attendent d’autres mesures. C’est aussi le cas des plates-formes de téléchargement ?
Mon objectif, en tant qu’entrepreneur, ce n’est pas de vivre de subventions. Evidemment, je ne vais pas dire non à la carte musique jeune. J’espère que ce système rendra plus visibles les plates-formes légales. Il existe une myriade d’offres, dont on ne sait pas toujours si elles sont légales ou non, d’autant que l’on paie parfois sur certains sites illégaux. Là, la carte musique va permettre d’y voir plus clair. J’espère que les gens vont se rendre compte que finalement ce n’est pas cher et que le contenu est exhaustif et sans virus.

A priori, pour renforcer l’aspect légal, les sites partenaires de la carte musique vont être recommandés par la Hadopi. Vu la réputation de l’autorité chez les internautes, n’est-ce pas plutôt une mauvaise publicité ?
La Hadopi ne va pas tout à fait recommander les sites, ce ne sera pas un adoubement. Elle va simplement informer les gens qui auront été pris à télécharger illégalement qu’il existe aussi des sites légaux qu’ils peuvent essayer. C’est vrai que, en termes d’image, on fait mieux que la Hadopi… Mais j’ose croire à l’intelligence des gens et je pense qu’ils ne vont pas faire l’amalgame entre Starzik et la Hadopi ! En revanche, j’aimerais qu’on en finisse avec d’autres confusions dans l’industrie de la musique.

Lesquelles ?
Les gens continuent d’assimiler industrie du disque et Johnny Hallyday qui s’achète un chalet à Gstaad. Mais personne ne va parler de sites illégaux payants comme MegaUpload et RapidShare, qui se font des fortunes sur le dos des artistes, ne reversent rien à personne, ne paient pas de TVA, ne participent pas à l’économie du pays. D’une certaine manière, en utilisant ces sites, vous encouragez l’évasion fiscale.
La carte musique n’est pas une finalité, mais ce système va servir à faire revenir les gens vers l’offre légale. Notamment les internautes qui ont, peut-être, eu à un moment donné une expérience décevante avec les sites légaux. Car, c’est vrai, nous ne sommes pas exempts de critiques.

1. Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique
2. Union des producteurs phonographiques français indépendants.

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Arnaud Devillard