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Startup.com : faillite, mode d’emploi

Avec son dernier documentaire, le légendaire producteur Pennebaker (Don’t Look Back, The War Room) fait entrer le phénomène start-up dans les salles obscures. 01net. a visionné, à New York, la folle mais véritable histoire de govWorks.com.

A défaut d’avoir marqué la nouvelle économie, la start-up new-yorkaise govWorks.com (mai 1999-décembre 2000) fait une remarquable entrée post mortem dans l’histoire du cinéma.Grâce au documentaire Startup.com, le destin de cette étoile filante de la Silicon Alley, s’affiche sur les écrans américains depuis plus de deux mois.Pendant deux ans, les coréalisatrices Chris Hegedus et Jehane Noujaim ont suivi au quotidien la genèse, l’ascension et la chute de govWorks.com, une start-up fondée par deux Don Quichotte de la Net-économie, Kaleil Isaza Tuzman (ancien employé de Goldman Sachs) et Tom Herman (informaticien).Au fil des jours, la caméra dissèque par le menu les petits travers et les grands dérapages de govWorks.com, cette start-up qui devait ” révolutionner ” les rapports entre l’usager et l’administration grâce à un système de gestion des demandes et de téléprocédures (comme le paiement à distance des tickets de parking).Tourné en caméra subjective, Startup.com accentue le côté cinéma vérité. Le film nous convie ainsi à quelques séquences d’anthologie, comme ces négociations avec des capital-risqueurs, pendant lesquelles le créateur de la start-up fait échouer un premier tour de table de 17 millions de dollars, faute d’avoir pu joindre à temps son avocat.Autre moment de choix, la visite impromptue chez govWorks d’un concurrent venu aux nouvelles, suivie quelques semaines plus tard d’un cambriolage des locaux (espionnage industriel ?) et, peu après, du lancement officiel et très médiatique du site concurrent ezgov.com (toujours en activité).Et le chapelet de clichés (nuits sans sommeil, séminaires de motivation, week-end de méditation en forêt, lancement raté du site…) continue de s’égrainer sous les yeux ébahis du spectateur, jusqu’au dénouement final qui signe l’échec de l’aventure.Pourtant, des studios de CNN à la Maison Blanche, où Kaleil Isaza Tuzman est reçu par Bill Clinton, le sort de govWorks.com paraissait scellé. Mais c’était sans compter avec la réalité d’un marché encore quasi inexistant à l’époque du tournage.A la fin de l’épopée, les effectifs de la start-up, passés en quelques mois de 8 à 233 employés, se réduisent comme peau de chagrin. Il ne reste alors plus grand-chose des 60 millions de dollars investis dans le projet. Les relations entre les cofondateurs s’enveniment et govWorks.com cherche désespérément un repreneur.Si le film s’ouvrait sur un air d’Amicalement vôtre, avec la présentation des photos de classe des cofondateurs, il se clôt plutôt dans le registre de Nous ne vieillirons pas ensemble, avec le licenciement précipité de l’un des deux compères.Mais puisque nous sommes dans l’univers fabuleux de la nouvelle économie, le happy end est de rigueur, et le générique nous apprend que, forts de leur expérience commune, Kaleil et Tom travaillent aujourdhui à un nouveau projet pour venir en aide aux start-up en détresse…

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Philippe Crouzillacq, envoyé spécial