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Sophia Antipolis se dote d’un grand parc universitaire

Quoi de nouveau sous le soleil azuréen ? A l’image de l’université de Stanford, qui a joué un rôle prépondérant dans le succès de la Silicon…

Quoi de nouveau sous le soleil azuréen ? A l’image de l’université de Stanford, qui a joué un rôle prépondérant dans le succès de la Silicon Valley, le site de Sophia Antipolis s’apprête à se doter d’un grand parc universitaire. Baptisé Stic (Sciences et technologies de l’information et de la communication), ce campus regrouperait l’ensemble des écoles et des formations liées aux technologies. Soit l’Ecole supérieure en sciences informatiques (Essi), l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Sophia Antipolis (Esinsa), le d’enseignement et de recherche appliquée au management (Ceram), le troisième cycle de l’Institut Eurécom, mais aussi, vraisemblablement, une filière en biotechnologie, un incubateur, ainsi que l’Institut du futur de l’inform@tion (Ifi).

Réaliser des économies d’échelle en mutualisant les ressources

En 2006, le campus Stic devrait réunir quelque quatre mille étudiants autour des pôles d’excellence du technoparc, tels que le haut débit, la communication mobile, l’imagerie numérique ou les bases de données. Outre une visibilité renforcée, cette concentration de matière grise permettra de réaliser des économies d’échelle en mutualisant les ressources ?” bibliothèque universitaire et salle de sport communes. Elle offrira également un guichet unique ?” formation permanente ou continue, sous-traitance de travaux de recherche, etc. ?” aux entreprises du cru.Dès sa création, en 1972, Sophia a été, en effet, conçu comme un parc high-tech avec, aujourd’hui, mille deux cent trente sociétés dont 46 % dans le secteur des technologies de l’information et de la communication. Les vingt-quatre mille six cents employés se partagent les 2 300 hectares boisés (un quart de Paris) dont deux tiers d’espaces verts protégés. On n’y trouve quasiment aucun centre de production. Les sociétés présentes choisissent avant tout d’y établir leurs unités de recherche et de développement. Ce qui explique la forte synergie qui existe au c?”ur de la Telecom Valley entre l’industrie de pointe, la recherche (Inria, CNRS, CNET…) et l’enseignement supérieur.Première pierre à l’édifice Stic, l’Essi et l’Esinsa fusionneront toutes deux au sein d’une école polytechnique universitaire (EPU), comme il en existe déjà à Nantes ou à Marseille. “Séparées, pour l’heure, de 600 mètres, les deux écoles pourraient être regroupées dès la rentrée 2002”, estime Paul Rostaing, directeur des études de l’Esinsa. L’Ecole supérieure en sciences informatiques s’est spécialisée, dès 1986, dans l’informatique et ses multiples usages ?” électronique, mécanique, robotique, télécoms, etc. L’Essi délivre un diplôme national d’ingénieur en sciences informatiques et des troisièmes cycles, dont un DESS informatique et mathématiques appliquées à la finance et à l’assurance (Imafa).Créée en 1991, l’Ecole supérieure d’ingénieurs de Sophia Antipolis forme, elle, des ingénieurs électroniciens polyvalents. A l’issue du tronc commun, trois options s’offrent à eux : “ traitement numérique du signal “, “ télécommunications et télédétection” et “ microélectronique et instrumentation “. En phase avec les attentes du marché, l’Esinsa met actuellement l’accent sur cette dernière option et a passé un accord avec le Comité national de formation en microélectronique (CNFM). “Sophia représente le plus gros pôle français de conception et de design de circuits avec IBM, Texas Instruments, Philips ou Cadence (outils de CAO pour la conception de puces, NDLR) “, rappelle Paul Rostaing.

Faciliter les synergies université entreprise

Fondé en 1963, le Centre d’enseignement et de recherche appliquée au management (Ceram) se positionne, quant à lui, dans le management technologique. Huit des dix premiers recruteurs des diplômés 1998-2000 sont des entreprises high-tech : Accenture, Cartesis, Nortel, Semiconductors, Amadeus, Cap Gemini, Compaq et Gemplus. Le Ceram propose un Thesus MBA, “ entrepreneuriat en environnement high-tech“, et quatre mastères spécialisés dont “ intelligence économique-knowledge management ” (IE&KM) et “ bases de données-intégration de systèmes ” (MBDS). Dirigé par le professeur Serge Miranda, ce MBDS a conclu des partenariats avec Sybase, Lotus, Oracle ou Informix. Le Ceram a également développé son propre incubateur de start up (quatre projets en cours). Serge Miranda est aussi à l’initiative de l’Institut du futur de l’inform@tion (Ifi) qui devrait, lui aussi, rejoindre le campus. Fondation entreprise Cegetel, l’Ifi se donne pour mission de “prototyper les téléservices internet du futur”, notamment dans le secteur du multimédia mobile et de ses bouleversements attendus (iMode et UMTS). Avec la présence sur le parc de l’Etsi (Institut européen des normes de télécommunications), Sophia Antipolis se situe, de fait, en première ligne dans ce domaine. Pour les mois à venir, le Ceram fourmille de projets. Après avoir inauguré à la rentrée le “ learning lab ” (formation à distance des cours du tronc commun via internet/intranet), en partenariat avec IBM, Jacques Perrin, son directeur, envisage de rejoindre Eudokma, le réseau doctoral européen consacré à la gestion des connaissances, et de créer, en association avec une dizaine d’autres business school à dominante management technologique, un réseau mondial. Le nom de code de ce projet est Te@m, pour “ technology and management “. Enfin, le Thesus MBA devrait être proposé en temps partagé ?” périodes bloquées de deux à trois jours, formation à distance, université d’été à UCLA ?” destiné aux personnes qui souhaitent pouvoir mener de front leur carrière et leurs études.

Constituer un vivier local de compétences

Last but not least, l’Institut Eurécom a été fondé, en 1991, par Télécom Paris et l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Cet institut forme, en trois semestres, les étudiants en fin de cycle des grandes écoles et d’universités du GIE Eurécom souhaitant se spécialiser dans les systèmes de communication d’entreprise, mobile ou multimédia. Comme l’ensemble des écoles et formations sophipolitaines, Eurécom s’applique à faciliter le transfert de connaissances entre le monde universitaire et le secteur privé. L’exemple de la société Wimba ?” enregistrement de la voix sur les pages web, les e-mails et les forums ?” est, à cet égard, révélateur. Non seulement les quatre ingénieurs fondateurs sont issus du centre de recherche d’Eurécom, mais l’institut était actionnaire de la société et la première implantation s’est effectuée dans les locaux mêmes de l’école. Aujourd’hui encore, le contact est permanent. “En stage chez nous, un étudiant d’Eurécom peut ensuite rester en tant qu’employé, avance Tommaso Trionfi, dirigeant de Wimba. C’est un vivier incomparable de compétences.”L’un des défis majeurs de Sophia consiste à trouver les savoir- faire dont elle a besoin pour son développement. Les sociétés interrogées s’appuient déjà fortement sur la main d’?”uvre locale, mais continuent à faire leur marché sur Paris pour la partie commerciale ou marketing. “Sur Sophia, on trouve aussi bien des juniors doctorants que des ingénieurs télécoms ayant acquis une première expérience. En revanche, il est plus difficile de trouver des seniors en vente/marketing”, constate Pierre Liautaud, PDG d’Activia Networks (optimisation des flux internet). Si la technopole azuréenne souffre, comme toutes les places du monde, du ralentissement économique, elle semble néanmoins bien tirer son épingle du jeu. “Sophia a aujourd’hui atteint une masse critique qui lui permet d’offrir un grand nombre d’opportunités, estime Mark Wilson, du cabinet de recrutement local Techselection. Depuis quatre à six mois, la conjoncture est moins favorable, mais le marché reste ouvert aux jeunes diplômés avec une panoplie raisonnable de choix entre les SSII locales ou les grands groupes.” Le soleil, la mer et des emplois attractifs, rien d’étonnant à ce que près dun tiers des étudiants de Sophia reste travailler sur le parc.

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Xavier Biseul