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Sonia Boittin (KLC) : ‘ Un transfert de personnel est une opération difficile ‘

Les protestations contre les externalisations se multiplient. La directrice associée du cabinet KLC livre ses recommandations.


01 Réseaux : Les transferts de personnel dans le cadre d’un contrat d’infogérance posent-ils toujours problème ?



Sonia Boittin : Il est vrai que
la situation est aujourd’hui tendue. Il y a quelques années, les sociétés de services manquaient souvent de compétences, et reprenaient facilement les personnels de leurs
clients. Maintenant, elles sont plutôt en sureffectif, situation que les développements de l’offshore n’ont pas améliorée.Une fois sur trois, un contrat d’externalisation informatique pose un problème de reprise. Mais il peut être maîtrisé s’il est bien géré en amont.À votre avis, qui doit le gérer, l’entreprise cédante ou le repreneur ?


Un transfert de personnel est une opération difficile. Il a donc un coût. Les reclassements gérés par le prestataire externe sont forcément plus coûteux que s’ils sont pilotés en interne par la DRH. Mon conseil sera d’éviter
de donner l’impression d’un transfert en bloc, et de faire gérer ses problèmes sociaux par un tiers.La réputation du repreneur peut-elle avoir un effet négatif ?


Bien sûr. Le repreneur est généralement bien connu en interne, car, souvent, il intervenait déjà dans l’entreprise à un titre ou à un autre. Le DSI connaît l’image que l’infogérant véhicule auprès de ses troupes. Le
personnel a toujours une préférence. C’est un élément à ne pas négliger. S’il ne coïncide pas avec le choix de l’entreprise, il faudra communiquer encore plus. Mais la tendance peut se renverser.Et s’il y a une menace sur les avantages acquis ?


Les informaticiens de Schneider Electric profitaient de la convention collective de la métallurgie, la plus avantageuse en France pour les congés, les primes, l’ancienneté, les classifications, etc. Celle des services informatiques
(convention Syntec) récompense plutôt la mobilité, la flexibilité, la spécialisation… On ne peut échapper à cette comparaison. Il faut donc faire des simulations de paie, prévoir des compensations, rechercher l’équivalence sur le long
terme.Mais le service informatique n’est jamais repris en entier ?


En principe, le prestataire ne reprend que les profils qui l’intéressent et qui ont envie de le rejoindre. Si les transférés ne sont pas contents de leur sort, ils créent un climat négatif très peu productif et la qualité du service
rendu va s’en ressentir.Et les autres ?


Pour les plus âgés, il y a la possibilité des départs négociés. Pour les autres, il convient d’explorer toutes les possibilités de reclassement interne, en prévoyant au moins deux entretiens individuels avec chacun. Laisser le temps
de réfléchir tout en ayant l’objectif d’aller vite.Certains peuvent avoir envie de quitter l’informatique tout en restant dans l’entreprise. Moyennant une formation, ils peuvent être affectés à des unités opérationnelles décentralisées plus généralistes.Faut-il pour autant liquider le service informatique interne ?


Ne garder que le DSI face à l’infogérant est une très grosse erreur. Il faut conserver un noyau très compétent pour le comité de pilotage, pour le contrôle du prestataire, sinon l’entreprise se fera berner. Il faut aussi
garder des expertises pour faire l’interface avec les utilisateurs, connaître les besoins, développer les applications métiers et savoir utiliser l’informatique en conformité avec les objectifs de l’entreprise.

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Jean-Claude Streicher