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Solaris courtise les serveurs x86

Deux ans après son lancement, Sun met à jour Unix Solaris 10 et la politique commerciale qui l’accompagne. Le modèle fondé sur les services d’assistance vise à concurrencer les éditeurs Linux sur les
serveurs x86.

Il y a des nouveautés techniques intéressantes dans la dernière mise à jour de Solaris 10 : sécurité, virtualisation, clusters. Mais le plus important réside dans l’autre partie des annonces, qui porte sur les contrats de
maintenance et les outils d’administration. Des initiatives par lesquelles Sun entend renforcer sa présence comme fournisseur d’OS pour serveurs x86, concurrençant les éditeurs de distributions Linux, et dans une moindre mesure,
Microsoft.‘ La présence de Solaris dans les centres de données, sur les serveurs d’applications et de données, est bien établie. Mais nous voulons reprendre des points sur le tiers Web [la bordure du réseau
d’entreprise, NDLR] de l’infrastructure, là où règnent Linux et Windows,
confirme Jean?”Yves Pronier, directeur marketing produits de Sun France. Ce tiers Web devient critique pour les entreprises, qui ont
donc besoin d’y déployer un système d’exploitation de classe entreprise comme Solaris. ‘
Pour séduire ces dernières, Sun refond son modèle de contrats d’assistance, avec une ambition peu originale (Oracle a fait de même il y a peu) : concurrencer Red Hat. ‘ Vous obtenez un meilleur coût
d’assistance qu’avec Red Hat, Suse ou tout autre système d’exploitation ‘,
affirme ainsi Peter Ulander, vice-président du marketing logiciel chez Sun, au sujet de ces nouveaux contrats.Par défaut, tout utilisateur de Solaris qui s’enregistre bénéficie gratuitement de services de mise à jour (sécurité, correctifs et évolutions fonctionnelles). Il existe ensuite cinq plans de souscription payants, dont la
segmentation reprend celle des éditeurs de distribution Linux, en particulier pour les offres Basic, Standard et Premium, tarifées au prorata du nombre de sockets physiques des machines, des canaux de communication utilisés et du niveau de la
disponibilité des interlocuteurs.‘ Nous adaptons notre offre au contexte de l’utilisateur, commente Jean-Yves Pronier, que ce soit par rapport à ses besoins ou aux temps de réponse qu’il
désire. ‘
Ajoutons à cela l’apparition de l’outil d’administration de parc, Sun Connection (mises à jour, provisionnement, déploiement…). Celui?”ci ressemble à son pendant Red Hat Network, et
a la capacité de gérer les systèmes Solaris, mais aussi les Linux de Suse et de Red Hat.Enfin, les clients qui souscrivent à ces plans de maintenance, bénéficient automatiquement d’une ‘ “Indemnification”, un système d’assurance qui protège le client de toute poursuite en
ce qui concerne l’utilisation des technologies embarquées dans Solaris. ‘
On reconnaît là un de ces plans d’assurance logiciels qui se multiplient pour éviter aux utilisateurs d’éventuels procès.

Sun devient davantage éditeur

Alors, Sun éditeur de distributions Solaris ? Cette qualification déplaît chez Sun, où on fait remarquer que Solaris n’est pas un noyau assorti d’une panoplie d’outils, comme Linux, mais un système
d’exploitation complet. Un bon point, à ce ceci près que Sun intègre à ce qu’il livre aujourd’hui avec Solaris une série de logiciels libres (Post­greSQL, Apache, MySQL, Tomcat, GCC…), comme le fait toute distribution.Jean-Yves Pronier tempère : ‘ D’une certaine façon, nous renforçons notre activité d’éditeur d’OS, en augmentant l’indépendance vis?”à?”vis de nos seules plates-formes.
Ce qui ne constitue pas un désengagement du matériel, une activité essentielle chez nous et qui continue de progresser. ‘
Tout cela fait?”il de Solaris 10 v 11/06 une arme anti?”Linux fatale ? Le discours serait plus convaincant s’il n’avait déjà été tenu fin 2004, lors du lancement de Solaris 10. Cette
constance prouve une volonté stratégique claire, mais également une difficulté à faire passer le message.Pour Jean-Philippe Blais, spécialiste des environnements Unix chez ZEA Informatique : ‘ Sun avec Solaris a probablement un coup à jouer car cet OS est populaire, notamment chez les personnes qui travaillent
dans les centres de données. Le plus gros problème de l’éditeur se situe au niveau marketing, peu de gens ont intégré que Solaris était disponible sur les machines Intel. ‘
Un administrateur système dans une grande banque française confirme : ‘ Nos machines x86 fonctionnent avec Linux et je n’ai pas entendu parler de projets avec Solaris. Il y a probablement un
problème de communication chez Sun car peu de gens sont au courant de ce qui se fait avec Solaris. D’autre part, Linux est plus populaire car il est enseigné dans les universités et de nombreux administrateurs l’utilisent chez eux.
Solaris reste, lui, un OS pour spécialistes. ‘
Ces points de vue peuvent être complétés par quelques données relatives au marché. Sur le segment Risc/Unix traditionnel, Solaris lutte contre les Unix de HP et d’IBM. Par exemple, au deuxième trimestre 2006 (chiffres IDC)
et en valeur, Solaris atteignait 34 % de parts de marché, contre 28 % pour IBM et autant pour HP. Chiffres flatteurs. Mais, sur le marché EMEA des serveurs au troisième trimestre 2006, IBM occupe 34 % de parts de marché, HP
31 % et Sun seulement 11 %.De plus, Sun commercialise désormais des serveurs x86, mais en vend peu comparé à ses concurrents (moins de 2 % du volume total en Europe courant 2006). Et environ 70 % d’entre eux sont utilisés avec Linux,
certains avec Windows, et ‘ seulement 10 à 20 % avec Solaris ‘, rappelle Nathaniel Martinez, d’IDC. D’ailleurs, la conjugaison x86 et Solaris ne se retrouverait que sur moins de
0,5 % des serveurs installés aujourd’hui. La menace pour Linux paraît donc devoir être relativisée.

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Renaud Bonnet avec Thibault Michel