Passer au contenu

SMS : 25 ans de succès en cinq dates

Si le Short Message Service est aujourd’hui concurrencé par les messageries instantanées, il est loin d’être mort et suscite toujours une adoption massive et inégalée. Petite histoire du texto en cinq années clés.

C’est une tendance depuis quatre ans, les Français et Françaises envoient de moins en moins de SMS pour la Saint-Sylvestre. Et le premier de l’an 2018 ne devrait pas déroger à la règle, les utilisateurs se reportant sur les MMS et messageries instantanées de type WhatsApp. Mais n’enterrons pas trop vite cependant le SMS qui a fêté ses 25 ans ce week-end ! Car cette technologie atteint toujours des volumes enviables. Voici son histoire en cinq dates.

1984 : une genèse franco-allemande

C’est en 1984, en Europe, que s’impose l’idée de se servir des lignes inoccupées pour envoyer des messages textes à des appareils mobiles. Le concept est élaboré au sein de la coopération de recherche franco-allemande par l’Allemand Fred Hillebrand (Deutsche Telekom) et le Français Bernard Ghillebaert (France Telecom). En 1985, les deux hommes achèvent sa standardisation au sein du groupe de travail GSM. Comme il fallait réduire le poids des messages pour qu’ils soient transportables par le réseau entre les protocoles de signalisation existants, ils ont d’abord été limités à 128 octets. Bernard Ghillebaert ayant remarqué que 160 caractères alpha-numériques suffisaient pour exprimer la plupart des messages des cartes postales et des télex, il a fini par imposer ce critère.  

Le premier smartphone à avoir reçu un SMS.
DR – Le premier smartphone à avoir reçu un SMS.

1992 : le premier envoi

C’est l’épisode le plus connu de l’histoire du SMS. Le 3 décembre 1992, l’ingénieur Neil Papworth envoie le premier Short Message Service en Grande-Bretagne sur l’Orbitel 901 de Richard Jarvis, un responsable de Vodafone. Mais depuis un PC, car les téléphones ne disposent alors pas d’un clavier. Le SMS contient ce simple message : « Joyeux Noël ». L’année suivante, l’opérateur Telia ouvre le premier SMSC (Short Message Service Center). Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège font de même quelques mois plus tard. Le premier service commercial de SMS est lancé dans la foulée en Finlande. Il faut attendre 1994 pour que sorte le premier téléphone compatible : le Nokia 2010. Mais le SMS ne commencera vraiment à décoller qu’avec l’interopérabilité des réseaux des opérateurs, dans les années 2000.  

2003 : le cartel des SMS dénoncé

Le SMS n’est pas compris dans les offres mobiles des opérateurs durant de longues années. Pas de quoi pourtant décourager les abonnés qui les payent à l’unité, sans se poser de question. Une vraie poule aux d’œufs d’or pour les opérateurs. Au point que l’UFC-Que Choisir décide en 2003 de saisir le Conseil de la concurrence pour « abus de position dominante » contre Orange, SFR et Bouygues Telecom. Les opérateurs français se voient même affublés d’un sulfureux surnon : “le cartel des SMS”. L’association les accuse de s’être entendus pour fixer le prix des SMS et de réaliser 82% de marge sur chaque envoi de SMS, facturé 0,15 euros depuis 1999. Mais ce n’est que l’un des volets d’une plus vaste affaire d’entente illicite qui donnera lieu à de nombreux procès et condamnations.

2012 :  l’illimité devient la norme

Les premiers forfaits intégrant des SMS les soirs et les week-end ou une partie de la semaine font leur apparition à partir de 2004. L’arrivée de Free Mobile en 2012 incite les autres opérateurs à généraliser la pratique des forfaits avec SMS et MMS dits illimités. Les Français et Françaises se mettent à en écrire sans compter. La consommation moyenne de SMS s’élève alors à 250 messages par carte SIM et par mois, selon l’Arcep.

2016 : la concurrence des messageries instantanées

A partir de 2016, le recours aux SMS va décliner légèrement au profit des messageries instantanées de type WhatsApp ou Snapchat. Aujourd’hui, leur consommation moyenne s’élève à 225 messages émis par carte et par mois, toujours selon l’Arcep. Mais le recul s’amplifie de jour en jour. Le nombre de SMS envoyés par trimestre est passé en-dessous de la barre des 50 milliards pour la première fois en 2017 et n’atteint plus que 47,1 milliards au deuxième trimestre. Aujourd’hui, 1/3 de la population française utilise tous les jours une messagerie instantanée pour envoyer des messages texte.

Toutefois le volume de SMS reste conséquent et il n’est pas encore détrôné. Ainsi, le baromètre numérique 2017 a révélé que la majorité des utilisateurs de messageries instantanées (64%) utilisent plus souvent les SMS que ces mêmes messageries. Et ce, quelque soit la classe d’âge, comme on peut le voir ci-dessous.

Le recours aux SMS par classe d'âge.
Le baromètre numérique 2018. – Le recours aux SMS par classe d’âge.

Universel, le SMS reste aussi privilégié par les marques pour communiquer avec fiabilité avec leurs clients. Et il continue surtout d’être très lu, contrairement aux mails boudés par les utilisateurs. Selon le Mobile Marketing Association France, le taux de lecture du SMS s’élèverait à 92% avec un taux de mémorisation de 60%. Un niveau en baisse mais encore exceptionnel. Constructeurs et opérateurs misent aussi sur le successeur méconnu du SMS, le standard RCS (Rich Communication Service), pour relancer le message texte. A l’heure de Facebook Messenger, pas sûr que la sauce prenne.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Amélie Charnay