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Shadow : notre premier test du PC gaming dans le cloud est encourageant

Shadow, le PC gaming dans le Cloud de la société française Blade, arrivera à la fin du mois de mars. A quelques semaines du lancement, petit panorama de tout ce qu’il est possible de faire avec cet ordinateur révolutionnaire.

Imaginez qu’on vous offre la possibilité de troquer votre PC de jeu contre un tout petit ordinateur, capable des mêmes prouesses. Ordinateur qui pourrait aussi évoluer dans le temps afin de s’adapter aux besoins des nouveaux jeux. « Trop beau pour être vrai » voire « impossible » nous direz-vous ! Dans l’absolu, vous auriez raison. Comment un boîtier de quelques centimètres de côté pourrait-il bien héberger tous les composants adéquats au bon fonctionnement des jeux ? Sur le plan physique, ça coince, c’est sûr. C’est cependant le défi que la start-up française Blade a décidé de relever avec son projet Shadow.

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Alors, non, l’équipe n’a pas développé un super laser réducteur de matière, capable de miniaturiser un gigantesque PC en ordi nano ITX. Bien que, à y réfléchir et vue la bande de joyeux fêlés qui travaille dans les locaux parisiens de la société, nous sommes sûrs que l’idée a dû les traverser quelques secondes !

Faute de laser, donc, les ingénieurs et développeurs de Blade se sont mis en tête de créer un PC de jeu qui ne serait pas chez vous, mais chez eux. Ou plutôt logé dans leur ferme de serveurs. En clair, un ordinateur puissant hébergé dans le cloud accessible partout, tout le temps, à condition d’avoir à portée de main une connexion Internet de bonne qualité.

Evacuons tout de suite deux des principales limitations imposées par l’utilisation du Shadow. La première est évidente : si vous n’avez pas ou plus accès à Internet, lancer la machine distante ou accéder à ce qu’elle contient est impossible. Seconde contrainte : pour le moment, la fibre optique est de rigueur pour bénéficier de la meilleure qualité de service possible. Service qui, dès la fin mars 2017, sera accessible sur abonnement ou sans engagement, à partir de 30 euros par mois.

La puissance dans les nuages

Comment marche Shadow ? Chez vous, vous installez un boîtier qui sert d’interface physique avec le PC dit « distant ». C’est sur ce boîtier que vous connectez vos claviers, souris, casques et écrans comme vous le feriez sur un ordinateur classique. USB 2 et 3, ethernet, prises audio analogiques et DisplayPort sont à disposition (un adaptateur DP/HDMI est fourni dans le carton).

Blade Shadow
AS/01net.com – L’appareil ci-dessus n’est pas la version finale du Shadow. Celle-ci aura un boîtier noir et rouge tout en angle, beaucoup plus esthétique.

Ce petit boîtier est dopé par une petite carte mère sur laquelle se trouvent une puce AMD, une petite barrette de 4 Go de mémoire et du stockage sur microSD. Le rôle principal de cette configuration est de vous connecter au service en ligne, de recevoir puis afficher le signal vidéo en provenance de votre machine virtuelle hébergée sur les serveurs de Shadow. Et quelle machine !

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Notre unité virtuelle de test était identique à celle qu’auront les abonnés au service, à savoir : une version de Windows 10 Edition Familiale en 64 bits, un processeur Intel Xeon E5-2650 v4 dont seulement 3 cœurs (6 threads) sont à disposition pour la machine, 12 Go de mémoire dédiés, 256 Go de SSD et une GeForce GTX 1070 de NVIDIA.

Pour le moment, les machines virtuelles ont une configuration fixe mais l’offre commerciale de Blade s’étoffera après le lancement (prévu pour fin mars). Bénéficier de plus d’espace de stockage (moyennant un coût supplémentaire à déterminer) sera possible, tout comme avoir une autre carte graphique plus puissante de type GeForce GTX 1080 (surcoût également), un peu plus tard.

Il souffle comme un vent de puissance dans le cloud

Pour nos premiers tests de performances pures et dures, nous avons attendu que le système soit en bêta et avons opté pour des jeux que nous utilisons dans le cadre de nos tests de cartes graphiques, sur notre plateforme de référence. C’est elle qui servira d’ailleurs de point de comparaison car elle incarne à merveille la machine « type » des joueurs avertis.

Précisons que tous les tests ont été réalisés sur une connexion domestique fibrée de SFR pour nous placer dans les « conditions minimales » recommandées par Blade. Pour information, notre connexion Internet accuse des débits effectifs de 94 et 4,8 Mbit/s moyen (5 prises Speedtest matin/soir), les serveurs de Blade sont, eux, dopés à la fibre professionnelle et la bande passante mesurée par nos soins varie entre 700 et 980 Mbit/s symétrique (le rêve !).

Nos résultats de tests :

  • Far Cry Primal (textures THD Elevé / Ultra)

    – Full HD : 75 / 68 images par seconde
    – 1440p : 62 / 52 ips
     

  • Rainbow Six : Siege (textures THD Elevé / Ultra)

    – Full HD : 162 / 138 ips
    – 1440p : 108 / 90 ips
     

  • Tom Clancy’s The Division (Elevé / Ultra)

    – Full HD : 87 / 69 ips
    – 1440p : 62 / 52 ips
     

  • Hitman (DX 11 Elevé /Ultra // DX 12 Elevé / Ultra)

    – Full HD : 70 / 67 // 79 / 76 ips
    – 1440p : 62 / 63 // 59 / 61 ips

Mis en miroir avec les résultats obtenus sur notre plateforme de test de cartes graphiques, celle-ci conserve l’avantage, surtout en 1440p. Cela s’explique d’une part parce que le Core i7-6700K a plus de cœurs actifs que le Xeon et, d’autre part, parce que la fréquence du Core i7 est de 4 GHz contre 2,4 GHz pour l’E5-2650. Fréquence qui continue à être primordiale dans le jeu vidéo. En outre, notre plateforme possède 4 Go de mémoire de plus que notre PC de jeu Shadow.

A titre d’exemple, dans The Division en Full HD, notre plate-forme plafonne oscille entre 78 et 100 ips quand Shadow affiche 69 à 87 ips de moyenne. Dans Rainbow Six, un delta de 30 ips sépare les deux plateformes en Full HD comme en 1440p, ce qui n’empêche pas au jeu de tourner parfaitement.

Cependant, les scores du Shadow sont loin d’être ridicules ! Avec sa solution, la société Blade vise avant tout les pleines performances en Full HD et a donc optimisé le matériel et les algorithmes de compression vidéo pour que cela soit le cas.

En revanche, dès qu’on passe au1440p, les écarts de performances entre les deux plateformes sont bien plus prononcés. Précisons d’ailleurs que, pour atteindre les 1440p, nous avons dû créer la résolution nous-mêmes dans le pilote NVIDIA de la machine virtuelle. Car, passé le 1080p, Shadow détecte mal les résolutions, un problème sur lequel les développeurs sont en train de plancher.

Et dans la pratique, Shadow, c’est bien ?

Laissons les tests théoriques un moment pour un peu de pratique. Clavier et souris en main, casque sur les oreilles, nous sommes partis à l’aventure vidéoludique dans les nuages.

Parmi notre collection de jeu, nous avons sélectionné The Witcher 3, Overwatch ou encore le très récent For Honor. Après plusieurs heures de jeu, force est de constater que les sensations sont majoritairement les mêmes que celles que nous ressentons sur notre PC fixe de jeu habituel avec les deux premiers titres. Dans Overwatch toutefois, nous avons eu fugacement la sensation de ne pas être « comme à la maison » à de très rares moments.

Nous n’avons constaté aucun temps de latence perceptible entre le moment où une action est entreprise sur les périphériques et sa répercussion l’écran. Difficile de croire qu’il y a des kilomètres de câbles qui nous séparent du véritable PC ! Même les changements de vitesse à la volée du capteur de la souris sont bien pris en compte. Sans parler de la prise en charge immédiate de notre manette Xbox, avec laquelle les jeux se pilotent sans latence également.

Blade Group Shadow
AS/01net.com – Sur For Honor, notre connexion Internet fibrée a bien du mal à gérer tous les paquets de données envoyées par les serveurs de Blade.

IFor Honor en revanche a vraiment eu du mal à tourner. Nous obligeant à faire de nombreuses concessions sur les détails graphiques dans le jeu et la qualité du flux vidéo transmis par les serveurs pour retrouver fluidité et jouabilité.

Compression vidéo à plusieurs niveaux

Compte-tenu du débit de notre connexion Internet, nous avons pu faire varier la qualité du streaming vidéo transféré au Shadow. Les tests ci-dessus ont tous été réalisés au niveau « Haut » mais aussi, en « Ultra ». Avec un débit « Haut », rares ont été les moments où l’image s’est pixelisée ou s’est un peu déformée.

Blade Group Shadow
AS/01net.com – D’une simple pression sur un petit bouton présent sur la carte mère, le menu Shadow s’ouvre et permet de régler la qualité du flux vidéo, redémarrer le streaming et éteindre la machine.

En revanche, en mode « Ultra », nous avons rencontré davantage de soucis d’affichage. Soucis inhérents à la quantité d’informations « image » à faire passer dans les tuyaux. Nous passerons rapidement sur les artefacts ou les légères déchirures aperçus sur certaines scènes un peu rapides et très chargées en détails.

Plus embêtant, de temps à autre, l’image se figeait complètement pendant plusieurs secondes. Mais cela ne voulait toutefois pas dire que plus rien ne se passait sur le serveur ! En effet, le test terminé, l’image se défigeait et les scores s’affichaient, parfaits reflets de performances attendues.

Pour observer ce qui se passait, nous avons lancé le jeu solo Hitman sur la machine virtuelle Shadow avec un maximum de détails et avons observé le trafic réseau en provenance des serveurs. Avec un niveau de « qualité d’image » réglé sur le mode « Haut », le trafic moyen est compris entre 8 et 20 Mbit/s, principalement constitué de données vidéos.

En mode « Ultra », le débit est plus important, compris entre 12 et 32 Mbit/s en moyenne. D’où l’importance d’avoir une connexion capable de supporter la charge, surtout si un autre PC est connecté sur la Toile ou qu’un téléviseur est allumé, vampirisant de fait une partie du débit Internet du foyer.

AS/01net.com – Dans Far Cry Primal, nos mesures n’ont pu se faire qu’en mode fenêtré étendu car un conflit entre le mode plein écran et le moniteur de Windows faisait planter ce dernier.

Dans des jeux plus costauds comme Far Cry Primal ou The Witcher 3, la consommation de bande passante monte d’un cran ! Dans le premier jeu, nous sommes parvenus à générer un flux de plus de 100 Mbit/s, simplement en mettant toutes les options à fond, en 1080p.
Dans le second titre, les débits sont compris entre 40 et 60 Mbit/s, la quantité de détails du monde ouvert du jeu de CD Projekt RED étant très élevée, cela n’est guère surprenant.

Pour du streaming, l’affichage est propre mais pas parfait

Si le bilan est très positif, il reste toutefois pas mal de choses à améliorer. Notamment au niveau de l’affichage. De prime abord, la rétine non-avertie risque de ne pas faire la différence entre une image affichée en direct depuis un PC en local, et celle reçue par le boîtier Shadow.

Toutefois, une fois une simple fenêtre Windows affichée et le nez proche de la dalle, la différence saute aux yeux ! Les polices des icônes ou des fenêtres bavent un peu et les dégradés sont un peu moins bien rendus sur les images envoyées par le Shadow.

Dans les jeux, il n’est pas rare qu’un léger flou soit perceptible à certains endroits de l’image. Flou plus prononcé lorsqu’il y a des couleurs vives et lumineuses à l’écran. Cependant, ce léger manque de netteté demeure moins « gênant » dans les jeux que sous Windows.

Contactés à ce propos, les développeurs de Shadow nous ont confirmé que cet effet était présent et amplifié par la dalle TN de notre moniteur. Ils nous ont aussi précisé qu’ils travaillaient sur une solution pour détecter automatiquement le type d’écran (et donc de dalle) utilisé avec le Shadow afin d’intégrer une routine d’amélioration d’affichage dans les algorithmes. Ni une, ni deux, nous avons connecté la bête sur un moniteur équipé d’une dalle IPS. Les polices y apparaissent moins baveuses mais la netteté n’est pas encore de la partie.

Le son en chantier

Sur la partie audio, il y a aussi quelques soucis. Par exemple, des distorsions se sont faites entendre alors que le volume n’était ni à fond sur Windows ni sur le jeu. Cela s’est produit de façon aléatoire, ce qui est assez gênant.
En outre, il n’est pas rare d’entendre de petits clics dans le casque lorsque celui-ci est branché en analogique et qu’on effectue un ALT+Tab pour passer d’un jeu au Bureau Windows 10 et inversement. Là aussi, Blade assure travailler d’arrache-pied sur le sujet et avoue même, du bout des lèvres, avoir entamé un chantier de fond sur la gestion du son suite au développement de nouveaux algorithmes dédiés à cette partie.

Premier bilan : c’est bien parti pour cartonner !

Nous voici au terme de nos premières aventures vidéoludiques avec le Shadow. Le bilan est positif et nous avons été maintes fois surpris par les aptitudes du service. Cette première série de tests nous a aussi permis de nous rendre compte à quel point la qualité, la stabilité et la vitesse de la connexion Internet du foyer étaient importantes pour que tout marche à fond, sans concession.

Nos aventures se poursuivront dans quelques semaines avec des tests orientés vers la pratique de la bureautique, de la retouche de photo ou du montage rapide de vidéo sur Shadow. Stay tuned !

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