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Serge Chambaud (Inpi): “Un lecteur de cartes à puce sur tous les PC”

Vendre de l’information sur Internet. C’est une activité cruciale et… un marché difficile pour les éditeurs traditionnels de données.

Les produits et les systèmes de paiement et de sécurisation existent. Mais il reste encore à trouver un modèle économique satisfaisant, selon Serge Chambaud, chef du département de la communication et de l’information à l’Institut national de la propriété intellectuelle, et président du comité d’organisation du salon IDT/net (*).
01net.: Les fournisseurs d’information sur Internet ont-il toujours du mal à faire payer leurs services ?
Serge Chambaud : Oui. Et le débat sur le paiement de l’information véhiculée par le Web est loin d’être clos. La plupart des sites français, comme ceux des Echos, de l’Inpi ou de Questel, restent déséquilibrés financièrement. N’oublions pas que nous partons de zéro sur un marché en très forte progression. Et la part d’Internet par rapport au chiffre d’affaires total du commerce reste marginale. Le marché de la vente d’information aux entreprises est pourtant important : le développement des techniques de l’intelligence économique et de la veille stratégique nous amène à multiplier les systèmes d’accès synthétiques.Le problème est-il uniquement technique ?Tant que les procédures de paiement ne seront pas totalement sécurisées, le consommateur continuera de se méfier. Mais c’est une question de temps. En France, dans le domaine du B-to-B, les entreprises n’ont pas encore l’habitude de payer par carte bancaire. Il faudrait développer des cartes ” corporate “. Notre secteur de la vente d’information a, dès lors, choisi de pratiquer le système des comptes prépayés. Mais d’autres systèmes de paiement, comme Cyber-Comm, sont plus intéressants. Si tous les PC étaient équipés en série de tels lecteurs de cartes à puce ?” comme il y a des lecteurs de CD-ROM et de DVD, ou des modems ?”, le problème serait résolu.Il existe pourtant des sites rentables, et même florissants…Certains services, bien identifiés, dégagent des chiffres d’affaires notables. Ceux qui atteignent rapidement un seuil de rentabilité sont essentiellement les sites boursiers ou bancaires. Pour eux, la rémunération est simple, elle se fait directement sur le compte client. Dès lors, partout où il y a des prestations financières, le paiement est facile. Quant aux sites de vente par correspondance, ils fonctionnent parce que le client règle un ensemble. Mais, tant pour Les Trois Suisses que pour La Redoute ou Air France, s’il y a un peu de réticences à donner son numéro de carte bancaire par téléphone ou sur Minitel, beaucoup hésitent à le donner sur Internet.Comment mesure-t-on aujourd’hui la réussite ou l’échec d’un site ?Aujourd’hui, la plupart jugent un service par rapport à son nombre de connexions ou à son volume de pages vues. C’est un leurre, puisque ceux qui affichent de fortes performances sur ces critères peuvent n’avoir aucun revenu. Or, gérer un site a un coût. Soit c’est le client qui paie, soit c’est l’annonceur. Voilà pourquoi le principal modèle économique sur Internet copie celui de la télévision : la publicité finance. Il en existe d’autres variantes, comme les partenariats, la location de fichiers, la médiation de vente, ou la mise en relation. Ce qui risque d’être dommageable pour l’information véhiculée.C’est à la désinformation que vous faites allusion ? Evidemment. Et c’est pour éviter des dérives potentielles que le site Web d’un fournisseur d’information comporte deux parties : une vitrine gratuite, et des guichets plus spécialisés, payants. L’Inpi, Le Monde, 01net. ou Les Echos… Tout le monde travaille sur ce modèle. Avec, pour écueil, le pillage de nos bases de données, ou encore le développement d’une concurrence qui pourrait, éventuellement, aligner des textes orientés. Chacun essaie de contrôler la situation. Mais ce sont, au final, les fournisseurs d’accès à Internet qui sont les mieux placés. Free, AOL et Wanadoo ont ainsi développé des portails dans un seul but : posséder des fichiers sur des clients, qui, sinon, resteraient inconnus.Le Minitel était, selon vous, le moyen idéal de paiement ? Bien sûr. Il représente encore 90 % de nos revenus, contre 5 % ?” soit 4 millions de francs ?” pour le site Internet Euridile de l’Inpi (le registre national du commerce et des sociétés, Ndlr). En fin 1999, nous avons lancé un forfait à 150 francs par mois. Son succès est faible, et nous avons encore peu d’abonnés. La quasi-totalité des entreprises qui utilisent notre base de données reste sur le Minitel. Elles n’en sont pas encore à utiliser Internet.

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Propos recueillis par Hubert d'Erceville