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Sébastien Crozier : ‘ Je suis fier d’avoir été à l’initiative de la guerre du Wap ‘

Sébastien Crozier découvre les télécoms avec l’Esiee, où il fait ses études d’ingénieurs. Une fois diplômé, il fait ses armes dans la SSI Alten avant de…

Sébastien Crozier découvre les télécoms avec l’Esiee, où il fait ses études d’ingénieurs. Une fois diplômé, il fait ses armes dans la SSI Alten avant de plonger dans le monde du Minitel avec sa propre société, ICI Télématique, en 1990.
Il travaillera ensuite deux ans chez France Télécom, le temps de voir émerger Internet et d’avoir l’idée d’une régie publicitaire sur ce média. De son association avec Christophe Castets naît, mi-1998, Axidium Espace, qu’il intègre ensuite à
Internet Telecom, créée en 1999 avec Xavier Blanchot. Le groupe est à la fois fournisseur d’accès à Internet sous marque blanche, web agency et, donc, régie publicitaire. Sébastien Crozier se fait à l’époque grand promoteur du Wap, une
transposition, selon lui, de l’univers Minitel à Internet. En janvier 2001, il revend la société à France Télécom, réintégrant ainsi le groupe qu’il avait quitté en 1996. Il y occupe aujourd’hui le poste de directeur de la stratégie et de
l’innovation.01net. : Il y a cinq ans, où en étiez-vous ?


Sébastien Crozier: Il y a cinq ans, c’est-à-dire en janvier 2000, on vient de passer le bug et rien n’est tombé en panne. Rien de très important, du moins. On était aussi en pleine guerre du Wap. Rétrospectivement, on voit
bien la justesse du propos : on avait besoin d’un monde ouvert. Au-delà, cela montrait l’importance que le téléphone mobile allait prendre. Aujourd’hui, le multimédia mobile représente, à la louche, 10 à 15 % du chiffre d’affaires des
opérateurs. Je suis assez fier d’avoir été à l’initiative de la guerre du Wap.Quels ont été les changements les plus notables dans l’univers d’Internet et des télécommunications ?


On a beaucoup de mal à réaliser qu’il y a cinq ans, la téléphonie mobile n’avait pas le taux de pénétration qu’elle a maintenant. Et qu’en 1995, moins de 5 % des gens seulement avaient un mobile. L’évolution la plus marquante, c’est
l’adoption du téléphone mobile par tous. Le deuxième point, c’est l’introduction massive du haut-débit. Au passage, cela a permis d’en finir avec le discours : ‘ Le Minitel nous a mis en retard sur le haut-débit. ‘
Non : le Minitel a permis aux gens d’appréhender ce qu’étaient des services interactifs. Et à France Télécom de comprendre que le grand public pouvait adopter une nouvelle technologie.Laquelle des évolutions actuelles vous étonne le plus ?


Tout le monde est fasciné par la voix sur IP gratuite. Moi, je suis surtout fasciné par le miroir aux alouettes que ça représente. En fait, la VoIP révolutionne les usages du téléphone fixe à la maison car demain, chaque membre de la
famille disposera de son téléphone fixe personnel.Quels dangers les évolutions de ces dernières années portent-elles en germe ?


Notre société va vers une fragilité totale et absolue. Il passe tellement de choses sur le petit fil de cuivre… Le risque, c’est que quand ça se grippe, tout se grippe : l’accès Internet, la musique, le téléphone, la
télévision… Tout est capable de s’arrêter soudainement. Je ne sais pas si c’est un danger, mais il y a un risque, on met les gens dans une situation difficile et on n’en a pas conscience.A quel genre de projet aimeriez-vous prendre part ?


A partir du moment où l’on est dans un environnement de convergence absolue, le fait de pouvoir identifier les gens de façon unique est l’aventure la plus intéressante. Cela participe de ce combat entre d’un côté ceux qui défendent les
libertés, et de l’autre ceux qui veulent pouvoir tout tracer. Car entre la connexion Internet, les login, les mots de passe, les cartes bancaires, les passes Navigo, les appels téléphoniques, on est capable de reconstituer votre vie. La question qui
se pose, c’est : de quel côté on est. Sur un plan professionnel, en tout cas, c’est excitant d’utiliser toutes ces données et de voir comment ça réagit.

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Propos recueillis par Arnaud Devillard