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SDLT ou LTO ?

SDLT et LTO Ultrium développent des approches de la sauvegarde similaires, mais incompatibles. Le savoir-faire de Quantum s’oppose à la force de frappe du consortium LTO.

Développé conjointement par HP, IBM et Seagate regroupés au sein du consortium LTO (Linear Tape Open), l’Ultrium et le format SDLT (Super Digital Linear Tape), de Quantum, visent le même marché. Même largeur de bande (un demi-pouce), des capacités de stockage très proches, même style de cartouche (monobobine), débits du même ordre (de 11 à 16 Mo/s), utilisation d’une octuple tête magnéto-résistive de lecture-enregistrement, système d’accrochage de bande automatique… et, surtout, une même méthode d’enregistrement linéaire. Dans les deux cas, les données sont inscrites sur des pistes parallèles et orientées longitudinalement. Jusqu’aux prix qui sont du même ordre pour les deux techniques.D’un côté, le Super DLT, ou SDLT, est conçu et fabriqué depuis mars dernier par Quantum. Désigné comme le remplaçant à terme du DLT – format vedette défini il y a plus de dix ans par Digital -, il sera fabriqué par un autre constructeur d’ici à la fin du mois. Tandberg, déjà seconde source de fabrication de la génération actuelle de DLT, aura, d’ici là, terminé la mise en place de sa ligne de production. “Le chemin de bande est le point fort de la technologie DLT, assure Claude Bourdon, ingénieur d’applications chez Quantum Europe du Sud. Guider précisément la bande sans lui appliquer de stress mécanique, tels étaient les deux points clés de la réussite du DLT. Avec le SDLT, nous avons capitalisé sur cet acquis.”Le positionnement latéral de la bande s’effectue de façon optique, par le biais d’un triple faisceau laser visant une piste optique imprimée sur la bande lors de sa fabrication. Les données d’une bande SDLT sont encodées selon un algorithme de type PRML, similaire à celui employé dans tous les disques durs, et implémenté dans un Asic développé par Lucent.De l’autre côté, le format LTO Ultrium du consortium LTO. “Nous voulions proposer une alternative au SDLT”, reconnaît William Bousquet, chef de produits LTO chez IBM. “Notre business, ce sont les produits de masse, précise Ian Stratton, responsable du marketing bande chez Seagate Europe. Il nous faut de la compétition basée sur des standards technologiques. Il y a quelques années, la technologie DLT s’accaparait le marché de la sauvegarde, destiné à croître. Nous cherchions un moyen d’y prendre pied. Nous avons fondé, avec HP, le consortium LTO. IBM, qui cherchait un remplaçant au Magstar, nous a rapidement rejoints.”Les droits de propriété intellectuelle des brevets apportés par les membres du consortium LTO ont été mis en commun. Format de bande, composition de la couche magnétique, structure des données, méthode de compression, type et forme des têtes de lecture et système d’accrochage mécanique de la bande sont au centre de la technologie.

LTO adoptera PRML l’an prochain

Arrivé sur le marché six mois plus tôt que le SDLT, LTO Ultrium utilise, tout comme son rival, une bande dont la couche magnétique est faite de particules métalliques. Le manque de recul sur l’emploi de ce type de bande à long terme est compensé, pour les constructeurs, par la finesse de piste qu’il autorise. Les quatre zones regroupant les 384 pistes magnétiques utiles d’une bande Ultrium sont encadrées par cinq bandes dites ” servo “, utilisées pour le positionnement latéral de la tête de lecture-enregistrement et le suivi longitudinal de la bande. L’encodage s’effectue en RLL, qui interdit une lecture prédictive des données avec une faible redondance des informations sur la bande.Pour l’heure, l’algorithme ECC d’IBM vient sécuriser cette méthode d’encodage. Une restauration peut s’effectuer avec succès, même si la bande est illisible sur une longueur d’un pouce. La deuxième génération d’Ultrium remplacera RLL par un algorithme de type PRML. Hormis ce qui concerne la compatibilité, chaque constructeur bénéficie d’une assez grande liberté. Tout au plus, certains paramètres sont-ils encadrés par les spécifications LTO. Ainsi, le débit d’une sauvegarde Ultrium de première génération est compris actuellement entre 12 et 16 Mo/s. Les mécanismes d’accrochage automatique et de guidage de la bande sont également traités différemment par chacun des constructeurs. L’attache qui termine la bande, côté cartouche, est très précisément définie. En revanche, la manière dont le lecteur vient saisir cette attache, pour ensuite l’accrocher sur la bobine réceptrice, ainsi que les procédés de guidage, sont libres. Ces paramètres mécaniques influent directement sur la fiabilité de la sauvegarde. Les équipements Ultrium sont peut-être compatibles, mais sûrement pas équivalents sur ce point.

La compatibilité au centre des débats

Qu’il s’agisse du format LTO Ultrium ou SDLT, le problème de la compatibilité est crucial, mais traité différemment. Du côté LTO, il s’agit de garantir qu’une cartouche Ultrium enregistrée sur l’un des équipements récents ayant reçu l’estampille LTO puisse être lue sur un matériel d’une autre origine. Pour SDLT, il s’agit d’offrir une compatibilité ascendante avec la large base installée. Et de donner la possibilité de lire les cartouches DLT de dernière génération, baptisées DLTtape IV – celles-là même qui sont utilisables avec les sauvegardes Quantum référencées DLT7000 et DLT8000. Des problèmes de compatibilité apparus lors de la vente des premiers équipements SDLT sont résolus. Par ailleurs, il semble que les premiers clients de l’Ultrium, attirés par le consortium LTO, ne font qu’utiliser les équipements d’un seul constructeur, s’évitant ainsi l’éventualité même d’une déconvenue.

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Karim Bernoussi