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Scott Adams : ” Si je devais me recycler un jour, je serais programmeur “

Le créateur de Dilbert raconte en exclusivité pour 01net. ses débuts dans la bande dessinée, sa vie au quotidien et nous dévoile un peu de quoi seront faites les prochaines aventures du célèbre informaticien.


01net. : Comment avez-vous eu l’idée de Dilbert ?
Scott Adams : Cela a débuté en 1985, lorsque je travaillais dans une banque à San Francisco en tant que caissier puis programmeur, entre autres postes. J’ai commencé à dessiner les premières ébauches de ce qui allait devenir Dilbert en m’inspirant notamment du système mis en place par la direction pour recevoir les suggestions des employés. En 1989, après avoir rejoint l’opérateur téléphonique local, Pacific Bell, United Feature Syndicate a accepté de publier le premier Dilbert. J’ai cumulé les deux activités jusqu’en 1995, lorsque mon supérieur de l’époque m’a demandé de quitter la société, pour raisons économiques.Le personnage de Dilbert est-il une pure invention ?Non, il existe vraiment, comme chacun de mes personnages, même si les personnes qui les ont inspirés ne se reconnaissent pas toujours. Dilbert, c’est mon ancien chef à Pacific Bell qui a trouvé ce nom. Il passait un jour près de mon bureau et lorsqu’il l’a vu dessiné sur mon tableau, il m’a tout de suite dit : “Lui, c’est Dilbert.”Outre Dilbert, vous avez aussi créé une entreprise alimentaire et un bistrot dans la banlieue de San Francisco. Comment gérez-vous votre emploi du temps ?Je me lève à 5 heures du matin et je dessine les séquences destinées à la presse et à l’édition. J’ai environ quatre mois de Dilbert en réserve, ce qui me laisse un peu de marge. Vers 9 heures, je commence mes deux autres activités. J’ai fondé Scott Adams Foods en 1998 pour des gens comme moi qui n’ont pas forcément le temps de se nourrir de façon équilibrée. Mon premier produit s’appelle Dilberito, c’est une sorte de sandwich végétarien, qui apporte tous les éléments essentiels (protéines, vitamines…) pour la journée.Pour la société et le café, j’ai rigoureusement appliqué le principe de Dilbert : créer une affaire, embaucher des talents puis s’écarter. Et jusqu’à présent, cela marche parfaitement.Vous travaillez désormais chez vous. Comment trouvez-vous l’inspiration pour décrire ce qui se passe dans les bureaux des start-up ou des grandes entreprises ?Par courrier électronique, [email protected]. Je reçois des centaines de mails par jour de salariés mécontents qui me décrivent leur situation au bureau ou bien leurs rivalités avec leurs collègues et/ou leurs supérieurs. C’est une mine d’or et ça n’a pas l’air de se tarir avec la récession.Quelles sont les grandes tendances de ces messages ? Les retrouve-t-on dans Dilbert ?La principale préoccupation des gens qui m’écrivent, c’est le ralentissement économique et toutes ses conséquences : réductions des coûts, baisse des prévisions financières… Par ailleurs, les entreprises s’intéressent à de nouvelles formes de gratification ” non monétaires “, comme les ” cadeaux ” destinés à motiver les employés ?” mugs, tee-shirts, casquettes, stylos, etc. ?”, qui ne sont généralement pas très coûteux.On se retrouve aujourd’hui dans une situation semblable à celle des débuts de Dilbert, où la tendance des entreprises était au ” downsizing” [réduction deffectifs]. Je pourrais aussi expérimenter l’idée des bureaux en open space, qui ne sont pas forcément assignés à une personne en particulier, contrairement aux cubicles [petits enclos ou compartiments séparés par de minces parois, mi-cloison, mi-paravent, NDLR] qui sont la norme ici dans la Silicon Valley.Vous avez créé, avec l’aide de l’agence de design Ideo, un enclos de nouvelle génération. Pourquoi ?Je pourrais, accidentellement bien sûr, devenir l’expert mondial de ces fameux enclos et de leurs défauts de conception. J’ai pensé que cela pourrait être amusant, et peut-être utile, d’essayer de rendre leur design plus fonctionnel et modulaire et, surtout, plus esthétique. Même si rien n’est encore annoncé, Ideo a déjà été approché par plusieurs fabricants pour produire le Cubicle de Dilbert.Avez-vous toujours voulu être dessinateur ? Non, pas vraiment. Si je devais choisir un métier aujourd’hui, je serais programmeur, comme Dilbert. Parce que pendant le bref temps où je l’ai été, j’ai trouvé cela très amusant. Donc, si je devais me recycler un jour, c’est ce que je ferais !

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Propos recueillis par Jean-Baptiste Su, dans la Silicon Valley