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San Francisco dans l’?”il du cyclone

La cité californienne était au c?”ur de la révolution internet. Elle est désormais en première ligne dans la crise des dot-com.

San Francisco, ville fétiche des dot-com, va perdre 80 % de ses sociétés internet dans l’année. Avec elles, 30 000 emplois disparaîtront. C’est le scénario que prévoit Rosen Consulting dans une étude réalisée avec le cabinet immobilier Cushman and Wakefield. Kenneth Rosen, patron de Rosen Consulting et professeur à l’université de Berkeley, en Californie, s’est appuyé sur l’étude de l’endettement et les projections de résultats de 150 dot-com cotées en Bourse et l’évolution du marché du capital-risque.De 1996 à 2000, San Francisco a baigné dans les dollars. La ville, proche de la Silicon Valley, était devenue la vitrine numérique de la Californie, la cité de la publicité, des médias et des dot-com. Et 54 milliards de dollars (61,6 milliards d’euros) de capitaux ont été investis. De quoi créer quelque 170 000 emplois. Mais depuis, le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, a connu une sévère correction. Au cours du quatrième trimestre 2000, les fonds de capital-risque ont baissé de 27 % sur San Francisco, plus vite que sur le reste des États Unis (- 20 %).Kenneth Rosen estime que la cité a 70 % de chances de connaître ” une récession “. Et déjà 65 000 salariés des sociétés du net ont perdu leur emploi entre février 2000 et février 2001. Aux dires de Kenneth Rosen, ” les “pure player” ne vont pas survivre “. Joel Kotkin, économiste de l’institut Milken confirme : “Ceux qui n’ont pas de niches, ceux qui ont dépensé follement leur argent vont mourir. Les autres, ceux qui ont su s’appuyer sur une industrie traditionnelle, comme le pétrole, le divertissement ou l’immobilier, ont plus de chances de survivre. “Nul ne songe à contester l’ampleur des dégâts. Et, dans le quotidien San Francisco Chronicle, Henry Blodget, le gourou de la banque d’affaires Merrill Lynch, a prévu la disparition de ” 95 % des sociétés “dot-com” cotées en Bourse “. Tim Miller, président de Webmergers.com, à San Francisco, en est conscient. Sa société, qui sert d’intermédiaire entre investisseurs et dot-com, recense tous les mouvements de fusions, acquisitions et banqueroutes du secteur.

Triste état des lieux

” Depuis un an, 70 sociétés du net ayant bénéficié de plus d’1 million de dollars d’investissement de la part de capital-risqueurs ont été éliminées dans la région : 38 entreprises de San Francisco, 9 compagnies de la baie Est et 23 de la Silicon Valley. La moitié de ces faillites sont arrivées au cours des trois derniers mois, car les portes des capital-risqueurs sont restées fermées et les dollars gagnés en ligne ont déçu. ” San Francisco, en tête de la révolution technologique, a essuyé la plus grande salve. La région à elle seule représente 35 % des fermetures de dot-com dans l’État californien. Heureusement, note Joel Kotkin, la Californie affiche un solde positif en matière d’emploi de février 2000 à février 2001. Les embauches dans les biotechnologies, l’industrie médicale, les télécoms et les logiciels compensent les pertes des “dot-com”. Et dans le secteur internet, il y a de l’espoir “, renchérit Tim Muller en sortant ses statistiques sur les fusions et acquisitions. Au moment où 70 sociétés internet disparaissaient du paysage de la Baie, 108 compagnies trouvaient repreneur pour près de 5,5 milliards de dollars. À San Francisco, 45 sociétés ont ainsi changé de propriétaire, 16 dans la Baie Est et 47 dans la Silicon Valley. ” Certains de ces acheteurs, dit-il, ont de l’argent et pourront reprendre à leur compte le développement de la cité. ” Et d’inciter les dot-com à rechercher ” un partenaire stratégique ou un acquéreur dans les meilleures conditions “. Le président de Webmergers cite en exemple le parcours d’Evite.com, un expert en invitations à de grands événements. À l’automne dernier, la société a surpris tout le monde en se mettant en vente aux enchères. La direction d’Evite.com disposait encore de 17 millions de dollars en banque… Un luxe qui lui a permis de ne pas se précipiter dans les bras d’un mauvais acheteur. En mars, la maison se vendait correctement à la solide société Ticketmaster.

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Caroline Talbot, à Los Angeles