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Salon du Livre : les ebooks trouvent doucement leur voie auprès des lecteurs

Lors de la grand-messe du livre qui a ouvert ses portes ce vendredi 21 mars, les professionnels du numérique marquent leur présence en cherchant la complémentarité avec l’édition traditionnelle.

Le livre numérique peine à séduire la population française, malgré les nombreux outils de lectures à disposition. Sur la 34e édition du Salon du livre, qui se déroule du 21 au 24 mars à la porte de Versailles (Paris), les spécialistes sont venus en nombre pour tenter de convaincre les visiteurs.

Aux côtés des grands acteurs comme Amazon, Bookeen ou Kobo, de plus en plus de petites structures apparaissent pour tenter de se frayer une place dans un univers toujours dominé par le papier.

En France, les ebooks dépassent à peine 1% du chiffre d’affaires de l’édition. Et, en volume, ils atteignent 3% quand les États-Unis et la Grande-Bretagne affichent respectivement 25% et 15% du volume publié.

Mais pas de quoi désespérer, bien au contraire. Comme nous l’a signalé Marie-Pierre Sangouard, directrice des contenus Kindle, les choses évoluent. « En France, le rythme est moins soutenu qu’aux États-Unis ou qu’en Grande-Bretagne, mais le marché avance. Pour preuve, en 2011, nous proposions 40% des titres de la rentrée littéraire. En 2013, nous en avions 90%. »

Chez le Français Bookeen, autre acteur important du livre numérique, le constat est similaire. Si en France le livre numérique peine à décoller par rapport aux pays anglo-saxons, les choses avancent tout de même, comme nous l’a signalé Michaël Dahan, son PDG. « Bien sûr, la France est attachée au papier et avance lentement vers la lecture numérique. Mais, c’est aussi parce que nous disposons moins de titres numériques que dans d’autres pays. » Selon le dirigeant, les eBooks représentent entre 20 à 25% du volume édité aux Etats-Unis. En France, cette part n’est que de 3%. Pourtant, pour M. Dahan, « la dynamique reste forte », comme l’envisage une étude de GfK qui prévoit qu’entre 2013 et 2017, le chiffre d’affaires du numérique quadruplera pour atteindre 180 millions d’euros contre 44 millions en 2013.

L’auto-édition : le compte d’auteur 2.0

L’une des voies utilisées par les acteurs du numérique pour se distinguer des éditeurs traditionnels est l’autoédition. D’ailleurs, sur le stand d’Amazon quelques auteurs qui ont connu le succès grâce à cette méthode de publication étaient présents. Si le prix du livre numérique reste un frein pour les consommateurs, l’opposition entre les deux médias s’estompe peu à peu grâce à l’autoédition. Cette voie, longtemps regardée avec dédain par les grands éditeurs, commence à susciter leur intérêt.

Elle leur permet de détecter de nouveaux talents qui ont su séduire le public comme les “50 Nuances de Grey” qui, avant d’être un best-sellers sur papier, a été un succès de l’auto-édition. « Les lecteurs découvrent de nouveaux auteurs et les soutiennent. Dans notre top 5 des meilleures ventes, 3 titres proviennent de l’autoédition via notre plateforme Kindle Digital Publishing », nous indique Mme Sangouard. Et cette dynamique fonctionne dans les deux sens comme le montre le cas d’auteurs connus qui, après avoir publié leurs livres sur papier, l’éditent ensuite au format numérique pour toucher d’autres lecteurs.

Si les grands éditeurs numériques, Amazon en tête, s’engouffrent sur cette voie, elle laisse aussi de la place à des acteurs plus modestes. C’est le cas de BoD (Books on Demand) qui s’est même spécialisée dans ce genre.

Dans une étude qu’elle a fait réaliser en juillet 2013 auprès de 1 748 auteurs en France, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, au Danemark, en Suède et en Finlande, BoD constate que même les auteurs « professionnels » sont séduits par cette méthode plus souple. Selon cette étude, « un tiers des auteurs auto-édités européens déclarent avoir déjà publié un ouvrage par le biais d’une maison d’édition traditionnelle. » Et, en France, le système séduit aussi pour de multiples raisons : « Les auteurs tricolores ont recours à l’auto-édition pour la simplicité d’usage (73,7 %), la liberté conservée sur le contenu (68.4 %), le plaisir que cela lui procure (47,9 %) et enfin le contrôle des droits d’auteurs (47,4 %). »

« Un livre ça se prête, une tablette, ça se pète. »

Aux côtés de ces acteurs connus, une nouvelle plateforme a exposé son offre pour la première fois. Il s’agit de AllBrary, une filiale de Xandrie qui appartient au groupe français Innelec Multimédia.

Son idée n’est pas de se lancer dans l’auto-édition. Il s’agit plutôt d’apporter de la simplicité à ceux qui ne sont pas encore rompus avec le numérique en proposant une bibliothèque multimédia (jeux, logiciels, livres, presse et magazines, vidéo, musique…) accolée à une boutique en ligne et à un réseau social. Accessible sur PC (Mac, PC, Linux), smartphones et tablettes (iOS, Android, Windows Phone), le projet, actuellement en beta privée, sera lancé dans quelques semaines.

« Nous voulons permettre aux internautes de trouver facilement des ouvrages, mais surtout de faciliter leur accès », nous a expliqué un porte-parole de l’entreprise. Les ambitions de cette jeune pousse sont grandes. « Nous avons signé des accords avec 80% des éditeurs français, britanniques et américains », indique son représentant qui reconnaît des visées internationales.

Le numérique n’ébranle pas l’édition traditionnelle, elle lui donne une nouvelle impulsion. Dans les allées, de nombreux visiteurs tenaient en main leur liseuse. Mais, certains lecteurs continuent à voir le numérique comme une menace pour le papier. Le ton était donné dès l’approche du salon avec des affiches qui présentaient un slogan : « Un livre ça se prête, une tablette, ça se pète. » Une menace ou un simple constat ?

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Pascal Samama