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Riot, le moteur de recherche qui espionne votre vie privée en ligne

Vos photos, vos déplacements, vos amis, vos coordonnées? Rien n’échappe à ce moteur de recherche pour les pros de l’espionnage, capable de glaner et analyser des tonnes de données dans les réseaux sociaux. Big Brother vous salue bien.

« Nous allons maintenant suivre les traces de Nick, l’un de nos employés »  C’est sur ce ton à la fois simple et décontracté que débute la démonstration vidéo d’un redoutable logiciel de cybersurveillance, baptisé Riot (Rapid Information Overlay Technology) et mis au point par Raytheon, une société américaine spécialisée dans les systèmes de défense. Cette démonstration a été rendue publique par le journal The Guardian, et ce que l’on voit est spectaculaire… et effrayant.

Clairement destiné à l’espionnage, le logiciel Riot est aussi simple à utiliser que le moteur de recherche Google. On rentre un nom et on obtient une liste de résultats, compilée à partir des données récupérées sur les réseaux sociaux (dans ce cas précis: Facebook, Twitter, Gowalla, Foursquare). L’investigateur devant son écran peut ensuite activer toute une série de filtres qui lui permettent de creuser un peu plus loin dans cette masse de données.

Le Big Data au service de la cybersurveillance

Ainsi, il peut afficher les photos de la personne, les lieux où elle s’est rendue, indiquer la fréquence avec laquelle elle se rend à un endroit, voire même proposer un horaire où l’on aura le plus de chance de la rencontrer là-bas. «Une fois par semaine, Nick se trouve dans la salle de fitness à 6h du matin. C’est peut-être le moment idéal pour l’intercepter ou lui piquer son ordinateur portable », suggère le démonstrateur, avant d’afficher le graphe social de sa cible : ses amis, ses coordonnées, ses lieux préférés, etc.

Evidemment, ce document vidéo ne précise pas comment le logiciel arrive à récupérer toutes données qui, en général, ne sont pas publiquement accessibles. Sur un compte correctement configuré, les photos Facebook sont réservées au cercle d’amis, et idem pour les « check in » sur Foursquare.          

Selon The Guardian, Raytheon n’aurait pas commercialisé ce logiciel à ce jour, mais celui-ci ferait partie d’un programme de recherche et développement semi-public dont le but serait la création, aux Etats-Unis, d’un « système de sécurité national » capable d’analyser « des billions d’éléments de données » glanés dans le cyberespace. Ce que les professionnels de l’informatique appellent le « big data ». Un terme bien inoffensif pour une technologie qui peut se révéler sacrément utile pour les gouvernements qui pratiquent la cybersurveillance généralisée. Bienvenu dans un monde meilleur.

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Gilbert Kallenborn