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Réseau Voltaire

Un lien hypertexte ne vaudra jamais une bonne reliure. C’est la morale de l’affaire Thierry Meyssan, qui panique tous les gens sérieux et responsables à Paris…

Un lien hypertexte ne vaudra jamais une bonne reliure. C’est la morale de l’affaire Thierry Meyssan, qui panique tous les gens sérieux et responsables à Paris (où, au passage, l’on s’aperçoit que cette ville n’en manque pas). À l’origine, donc, une rumeur qui court sur internet : aucun avion ne se serait écrasé sur le Pentagone, le 11 septembre. Ah-ah. Le gouvernement américain serait à l’origine d’un complot, on ne nous aurait pas tout dit, bla-bla-bla, gnarf-gnarf, etc. Rien de bien neuf sous le soleil : la profession d’historien (ou de ceux qui se revendiquent comme tels) a toujours eu ses grands délirants, comme n’importe quelle autre. À ceci près que c’est une de celles où l’on a le plus intérêt, peut-être, à prêcher le faux pour obtenir le vrai. Bref, sur le réseau, “l’information” circule gentiment, sans que nul n’en fasse un fromage. Si Ségolène Royal s’inquiète du sort des enfants qui surferaient sur cet océan pollué, et tomberaient sur ses poubelles flottantes, au lieu de dériver sur ses archipels de savoir encyclopédique, en revanche ?” à l’exception de la pédophilie et du révisionnisme ?” nul ne redoute ce qu’un adulte majeur et consentant pourrait trouver au hasard de ses pérégrinations sur le net. Fort heureusement. Cela reste toujours le problème de chacun d’affronter en conscience les infos, vraies ou fausses, qui tombent sous ses yeux. En revanche, l’affaire des non-avions sur le Pentagone, appelons-la comme ça pour rire, a pris un nouveau tour lorsqu’elle est devenue un livre. Thierry Meyssan, bien connu des services de police pour animer un assez chouette réseau (sans rire, là) de bouffeurs de curé contre la censure, l’a écrit, puis promotionné dans l’émission peu critique d’Ardisson, Tout le monde en parle. Résultat : un best-seller, assorti d’une campagne de presse délirante pour stigmatiser le bouffon (et au passage son bon Réseau Vol-taire qui n’y survivra sans doute pas). Conclusion : si vous avez des conneries à dire, faites-le sur internet. Vous ne gagnerez pas un sou, mais on ne vous emmerdera pas. Sinon, restez classique. Pour largent et les chicanes garanties, le livre demeure toujours la plus sûre des valeurs.* Journaliste et essayiste

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Arnaud Viviant*