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Reporters sans frontières met la France sous surveillance

A l’occasion de la journée mondiale contre la cybercensure, l’organisation publie son rapport sur les ennemis d’Internet. RSF y épingle la France.

Dans l’édition 2011 du rapport « Les ennemis d’Internet » personne ne s’étonnera de retrouver en bonne place la Chine, le Vietnam ou l’Iran… Mais Reporters sans frontières ne s’en prend pas qu’aux dictatures, l’ONG distribue aussi des mauvais points aux démocraties. Et place cette année le pays des droits de l’Homme parmi les Etats sous surveillance.

« La France, ce n’est pas la Chine. Mais un certain nombre de lois qui ont été adoptées restreignent la libre circulation et l’accès à l’information. A cela ajoutez les pressions sur les sources, les affaires de cambriolages qui ont touché rue89.com, Mediapart et d’autres sites Web ainsi que les déclarations de certains hommes politiques pour “la création d’un Internet civilisé”voilà pourquoi la France se classe dans les pays sous surveillance », explique Lucie Morillon, responsable des nouveaux médias au sein de RSF.

La loi Création et Internet, dite Hadopi, et celle d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, ou Loppsi 2, sont clairement pointées du doigt par l’organisation. La première instaure avec la riposte graduée, la coupure de l’accès à Internet. La seconde entérine le filtrage du Net au motif de la lutte contre la cyberpornographie. Ce dernier point vient, à la veille de la journée mondiale contre la cybercensure, d’être validé par le Conseil constitutionnel.

« Au nom d’une cause que tout le monde soutient, le gouvernement met en place un filtrage qui ne sera pas décidé par décision de justice, mais par une autorité administrative. On peut se demander une fois que le filtrage sera mis en place, et le cap psychologique passé auprès de la population, quel pourrait être le prochain sujet à épurer », s’interroge Lucie Morillon. RSF ne cache pas que la Hadopi comme la Loppsi la mettent en difficulté dans ses actions. Lorsque l’organisation aborde le thème de la censure d’Internet avec les dictatures, celles-ci ne manquent pas de citer ces lois, arguant que la France fait de même.

La défense de la liberté d’expression et d’information

Depuis dix ans, l’association s’occupe des questions numériques. Certains diront qu’elle est loin de sa mission première, à savoir la défense des journalistes et de la presse. Mais pour RSF, le combat est le même.

« La liberté de la presse, c’est le droit d’informer et d’être informé. Dans de nombreux pays, les informations sortent grâce aux blogueurs. Au Vietnam par exemple, des enquêtes sur des catastrophes écologiques ont été menées par des internautes (1), elles n’auraient jamais pu être menées par la presse officielle. Une fois que l’on s’intéresse aux blogueurs on est obligé de s’intéresser aux barrières que les gouvernements dressent pour les empêcher de faire leur travail. Cela va des arrestations au filtrage du Web », défend Lucie Morillon.

Reporters sans frontières devrait avoir encore un peu de matière en ce qui concerne la France. L’organisation se penche désormais sur le décret obligeant les hébergeurs à conserver l’identité des créateurs de contenus en ligne.

(1) Pham Minh Hoang a été arrêté le 13 août 2010, après avoir publié des articles sur l’exploitation des mines de bauxite par la Chine. Il a été inculpé « pour avoir mené des activités en vue de renverser le gouvernement ».

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Hélène Puel