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Reporters sans frontières distingue les « Net-Citoyens »

L’association de défense de la liberté de la presse publie une liste de pays jugés ennemis d’Internet et crée un prix pour saluer le combat de certains internautes.

Chaque année, Reporters sans frontières dresse une liste de pays « ennemis d’Internet ». Mais cette année l’association a décidé de distinguer aussi les bons sujets. Un prix du Net-Citoyen a donc été créé pour mettre à l’honneur ceux qui défendent envers et contre tout la liberté d’expression sur le Net.

Doté de 2 500 euros, il a été attribué ce jeudi 11 mars au site Changement pour l’égalité (We-change.org), qui rassemble des blogueuses et des journalistes iraniennes militant contre les lois discriminatoires envers les femmes dans leur pays.

Reporters sans frontières avait retenu cinq autres candidats. La Cubaine Yoani Sanchez critique la politique castriste sur son blog Generación Y. En Chine, l’écrivain et journaliste Tan Zuoren a été emprisonné à la suite de ses enquêtes sur l’effondrement des écoles du Sichuan lors du tremblement de terre de 2008. Il avait ouvert un blog incitant les internautes à se mobiliser pour connaître la vérité sur la manière dont avaient été construits ces bâtiments et faire remonter des informations sur les victimes.

Egalement nominé, l’Egyptien Tamer Mabrouk dénonçait sur un blog l’implication d’une entreprise de chimie dans la dégradation de l’environnement, un système de corruption et des licenciements abusifs. Il a été condamné à l’équivalent de 5 760 euros d’amende pour diffamation à l’encontre de cette société.

Le blogueur vietnamien Nguyen Tien Trung critiquait, lui, les autorités de son pays, notamment la politique menée dans l’enseignement. Il a été arrêté en juillet 2009 et condamné en janvier dernier à sept ans de prison et à trois d’assignation à résidence.

Enfin, le portail d’information Ingushetiyaru.org était aussi pressenti pour le prix du Net-Citoyen. Ce site est rédigé en langue ingouche, parlée en Ingouchie et en Tchétchénie. Il enquête sur les violations des droits de l’homme dans ces deux républiques. Son propriétaire a été abattu en août 2008, et la rédactrice en chef a fui à l’étranger.

L’Australie sous surveillance

La cérémonie a eu lieu dans les locaux parisiens de Google, partenaire de l’événement, qui a actuellement quelques soucis avec la Chine. Le moteur de recherche se dit victime de cyberattaques (notamment sur les comptes Gmail de militants des droits de l’homme) de la part des autorités du pays et menace de quitter le marché chinois.

Pour Reporters sans frontières, la Chine fait partie des pays ennemis de l’Internet, dont la liste est dévoilée à l’occasion de la Journée mondiale de la cybercensure organisée par l’association ce vendredi 12 mars.

Douze pays sont ainsi considérés comme les « pires violateurs de la liberté d’expression sur le Net » : l’Arabie Saoudite, la Birmanie, la Chine, Cuba, l’Egypte, la Corée du Nord, l’Iran, l’Ouzbékistan, la Tunisie, le Turkménistan, la Syrie, le Viêt Nam. Filtrage, surveillance des cybercafés, débits bridés, blocage de sites, harcèlement et arrestation de blogueurs : toute la panoplie est utilisée dans ces pays pour freiner, voire empêcher, l’accès à Internet et à une information libre.

Ce n’est pas tout. Reporters sans frontières a mis sous surveillance plusieurs pays, dont l’Australie, la Russie, la Corée du Sud et la Turquie, à cause de velléités de filtrage ou de contrôle de plus en plus préoccupantes, selon l’association.

L’Australie est par exemple montrée du doigt pour l’intention qu’elle manifeste de faire voter une loi instaurant le filtrage de sites Internet pédopornographiques sans intervention d’un juge. La décision de filtrer reviendrait à une autorité administrative… Un débat que l’on connaît bien en France. Le Conseil constitutionnel avait censuré la première loi Hadopi justement parce qu’elle prévoyait de sanctionner les pirates sans passer par un juge. Quant à la Loppsi, qui autorise le blocage de sites pédopornographiques, elle maintient le rôle du juge.

Tous les sites ou blogs qui souhaitent manifester leur soutien à cette journée contre la cybercenseure sont invités à afficher un petit logo en forme de souris d’ordinateur, créé par l’association et qui peut être téléchargé sur son site (voir ci-contre).

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Arnaud Devillard