Passer au contenu

Renato Soru (président de Tiscali) : “Pas de crise du net, c’est la façon de produire qui est obsolète”

Le PDG du fournisseur d’accès italien estime qu’internet est le seul moteur de l’économie digitale. Son objectif ? Obtenir la même marge que le géant AOL.

Comment appréciez-vous le ralentissement économique en tant que groupe paneuropéen ? D’abord, je m’intéresse plus particulièrement à mon propre secteur et je n’ai pas l’impression que celui-ci soit en difficulté. Le net, au contraire, est en pleine expansion, en croissance. Si c’est dans un certain sens regrettable, le trend de croissance positive a subi une franche accélération depuis les attentats du 11 septembre dernier. Envisagez-vous une contraction ou un essor du nombre de fournisseurs d’accès à internet (FAI) durant les dix prochaines années ? Il y aura certainement une augmentation du nombre d’utilisateurs, mais je ne crois pas à une floraison des FAI, bien que, pour certains, le net représente l’or noir du troisième millénaire. Le monde de la toile n’est pas en crise. C’est plutôt la façon de produire qui est obsolète, dépassée.Êtes-vous pour l’abolition de l’accès gratuit ? La gratuité est toujours difficile. L’accès au net est un service coûteux et, de fait, aucun FAI n’a jamais offert cette possibilité gratuitement. En Europe, il y a deux ans, les utilisateurs payaient deux fois l’accès au net : la première fois avec le coût de l’appel ; ensuite avec l’abonnement. Le prix ?” le double de celui qui était appliqué aux États-Unis ?” était trop élevé. Cela a freiné son expansion. Les bénéfices obtenus par la vente de l’accès au réseau couvrent suffisamment les coûts initiaux et permettent de dégager une marge de profit. On tend à confondre en fait accès au net et gratuité du service.Quels sont les prochains objectifs de votre groupe ? En premier lieu, atteindre l’équilibre, faire passer la marge brute d’exploitation à 40 % et nous stabiliser sur les 35 % pour les coûts d’exploitation. D’ici à 2002, par contre, Tiscali devra être devenu le premier groupe européen d’exploitation du net, un groupe unique avec un seul ” cerveau “, produisant dans ses filiales européennes la même technologie avancée. Et puis, une marge brute de 50 % au niveau de l’exploitation.Comment qualifiez-vous votre situation actuelle ? Notre groupe est en bonne santé. La situation a énormément changé au cours des neuf derniers mois. Nous avons racheté plusieurs sociétés, dont Libertysurf par exemple, et nous sommes maintenant en train de regrouper une vingtaine de sociétés sous un seul chapiteau. Au terme de cette opération, nous présenterons une seule et unique entreprise avec une offre commerciale commune à ses diverses représentations. Il n’y aura plus qu’une seule marque dans les pays d’Europe où nous sommes désormais présents. Cet objectif important nous a poussés à revoir la situation intérieure au niveau des comptes.Vous pouvez aller plus loin dans le détail ? Je le répète nous voulons d’abord réduire les pertes [ 165 millions d’euros, soit 1,08 milliard de francs, au premier semestre, ndlr]. Exemple : toutes les sociétés que nous avons rachetées avaient accumulé 200 millions d’euros de pertes globales durant le dernier trimestre 2000. Nous avons rabaissé ce chiffre à 60 millions d’euros en un seul trimestre. Que représente pour vous l’opération Libertysurf ? Nous avons racheté cette entreprise en suivant les indications de nos collègues français. Il s’agissait pour nous d’élargir l’éventail de nos offres et relancer nos activités mobiles, puisque Libertysurf est une plateforme très intéressante dans le domaine des cartes prépayées via Intercall.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Ariel F. Dumont à Rome