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Regis Saint-Girons (Open TV Europe) : ” Qui financera le parc du numérique hertzien ? “

Au moment où la France s’ouvre au numérique hertzien, le PDG d’Open TV Europe évoque la stratégie de son groupe et les perspectives de développement liées à cette nouvelle technologie.



01net. 
: Quelle est la place d’Open TV sur le marché de la télévision interactive ?
Régie Saint-Girons : Open TV est le fruit des recherches menées conjointement dès 1994 par Thomson Multimédia et Sun Microsystems dans le domaine de la télévision interactive. Ce logiciel embarqué pour décodeurs de télévision numérique est aujourd’hui utilisé par 16 millions de foyers, dans 43 pays. Nous travaillons avec 31 constructeurs de par le monde (Philips, Sagem). Outre le logiciel Open TV, qui en est à la troisième génération, nous proposons aux opérateurs (Noos, TPS et France Télécom Câble pour la France) des outils pour développer leurs propres applications. Par ailleurs, nous commercialisons des applications prêtes à l’emploi, comme un service d’information en partenariat avec Reuters.
Le gouvernement français prévoit de lancer les appels d’offres sur les attributions de fréquences du numérique hertzien dès le mois de juillet prochain. Quel est le rôle d’Open TV dans le déploiement de cette technologie ?
Concernant l’attribution des fréquences proprement dites, nous n’avons qu’un rôle de spectateur ! En revanche, nous sommes partie prenante des négociations actuellement en cours auprès du ministère de l’Industrie et du CSA, sur la spécification du numérique hertzien. Dans ce contexte, si l’on considère que cette solution ne sera pas disponible pour le grand public avant 2003, nous pensons qu’il faut prendre garde à ne pas figer les options, en essayant d’imposer une technologie trop tôt Y a-t-il une harmonisation au niveau européen sur le déploiement du numérique hertzien ? Non. C’est un peu comme pour l’UMTS. Les uns après les autres, les gouvernements des pays membres libèrent les fréquences et lancent des appels d’offres. L’objectif étant, pour un pays comme la France, de supprimer définitivement la diffusion analogique à l’horizon 2010 à 2012. Par ailleurs, le numérique hertzien est déjà une réalité en Angleterre (avec MHEG 5), ainsi qu’en Espagne et en Suède où nous sommes déjà présents.D’un point de vue plus technique va-t-on vers une standardisation en matière d’interactivité ? Au niveau européen, le Digital Video Board (DVB), une instance de normalisation, travaille à la standardisation en matière d’interactivité. Open TV collabore à cette spécification et soutient la reconnaissance de Multimédia Home Platform (MHP) basée autour de Java.Avec le numérique hertzien, quels seront les changements perceptibles pour les consommateurs ?Une nouvelle génération de décodeurs est en préparation. Aujourd’hui, des opérateurs comme TPS utilisent dans les décodeurs des modems bas débit, le plus souvent à 1200 bauds. Demain, c’est-à-dire dès 2003, on peut tout à fait envisager des décodeurs avec beaucoup plus de mémoire et une voie de retour beaucoup plus rapide grâce à un modem DSL. L’arrivée de disques durs dans ces décodeurs permettra le stockage de données, le téléchargement et la mise en place, entre autres services, d’un accès Internet.Dans ce contexte, de nouveaux services vont faire leur apparition, envisagez-vous de travailler directement à la conception de certains d’entre eux ? C’est une option que nous n’écartons pas pour l’avenir. Dans l’absolu, Open TV pourrait très bien travailler de concert avec des établissements bancaires à la conception de services interactifs dédiés.Comment envisagez-vous la diffusion à grande échelle de décodeurs pour le numérique hertzien ?La question est de savoir qui financera le parc. Si, comme c’est le cas en Angleterre avec On Digital, ce sont les opérateurs qui s’en chargent, le marché se développera naturellement. A contrario, si les futurs décodeurs sont commercialisés directement auprès du grand public, les premiers pas risquent d’être plus difficiles.

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Philippe Crouzillacq