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Red Hat et SCO visent les serveurs d’entreprise

Avec des distributions techniquement proches, commercialisées sous forme d’abonnement à des services, Red Hat compte détrôner Unix, et SCO veut prendre la place de Windows dans les serveurs d’entreprise.

‘ Honnêtement, il y a 3 ans, nous ne pensions pas que Linux serait adopté aussi rapidement. Et particulièrement en Europe ‘, s’exclamait James Stallings, vice-président de Linux IBM Corp, lors
du salon Solutions Linux qui s’est tenu la semaine dernière à Paris. ‘ Les entreprises ne se demandent plus pourquoi passer à Linux, mais comment ‘, avance Franz Meyer, directeur Europe du Sud de Red
Hat.N’en jetez plus ! L’heure n’est plus de savoir si Linux est un système apte à pénétrer les entreprises en occupant leurs serveurs, mais quels acteurs s’imposeront. Sur ce point, deux éditeurs mènent la course : Red Hat, un
pure player, et SCO, bras armé en France de la distribution United Linux (issue du regroupement de SCO, SuSE, Connectiva et Turbolinux). Deux acteurs à la culture bien différente et à l’antagonisme avéré.Là où le premier se revendique, par la voix de Franz Meyer, comme un pur produit de l’open source : ‘ Nos développeurs sont présents dans la majorité des projets open source. SCO a toujours eu un
comportement ambigu vis-à-vis du logiciel libre ‘
, le second assume son héritage commercial de premier vendeur Unix sur plate-forme Intel. ‘ Nous n’avons pas honte de dire que United Linux est vendue sous licence commerciale. Mais, une licence tarifée par serveur et à l’année comme celle de Red Hat Advanced Server, n’est-ce pas une licence
commerciale ? ‘,
rétorque François Mauny, directeur de SCO France.Au-delà des arguties commerciales, les deux éditeurs visent des cibles différentes. Red Hat souhaite remplacer ou conquérir les serveurs Unix, ‘ avec des coûts d’administration bien moindres. Passer d’un système
Unix/Risc à Linux/Intel peut être six fois moins cher. Les économies réalisées lorsque l’on passe de Windows à Linux sont moindres, même si il y a quand même un facteur 2 ‘
, avance Franz Meyer, s’appuyant sur une étude
IDC effectuée pour Red Hat (voir infographie).

L’ennemi désigné, Microsoft

Comme alternative, Red Hat promeut Advanced Server, une distribution disponible depuis avril 2002, dont la stabilité est assurée pendant un an et demi, et optimisée pour la mise en grappe. ‘ Nous recensons 20000
exemplaires vendus, qui représentent environ un quart de notre chiffre d’affaires ‘,
annonce Franz Meyer.Avec une base installée de 100000 clients UnixWare et OpenServer en France, SCO fraye, lui, dans d’autres eaux, et compte sur les applications développées pour UnixWare pour séduire les entreprises : ‘ Nous
pouvons porter facilement sur Linux les nombreuses applications verticales développées pour cet OS ‘
, affirme François Mauny, tout en avouant que l’ennemi désigné est clairement Microsoft. ‘ Si Linux
cherche à faire la guerre à Unix, c’est Bill Gates qui en sortira vainqueur. ‘
Côté logiciels, SCO livre SCO Linux 4.0, et un CD d’outils issus du monde open source ou non. ‘ En Europe, nous avons déjà signé quatre projets de déploiement portant chacun sur plus de 150 serveurs, auxquels
s’ajoutent une centaine de licences ‘
, affirme François Mauny. Des déploiements effectués principalement dans des PME. Red Hat, pour sa part, vise clairement les grands comptes, où le taux de pénétration de Linux serait plus
élevé, tout en se ménageant une porte de sortie.La semaine dernière, l’éditeur a annoncé la disponibilité en mars d’une version d’entrée de gamme d’Advanced Server, avec une assistance réduite, moins d’applications certifiées…, mais fonctionnant toujours sur le principe
(juteux) de l’abonnement. ‘ Cette distribution s’adressera à ceux qui veulent faire passer leurs serveurs départementaux de Windows à Linux ‘, explique Franz Meyer.Qui peut le plus peut le moins. Outre leurs dissensions, Red Hat et SCO se sont engagés dans une course de vitesse pour faire valider leurs distributions par le maximum d’éditeurs et de constructeurs. Ce qui devrait rencontrer de
moins en moins de difficultés : ‘ Linux est devenu un marché de conquête : tous les éditeurs cherchent à imposer leurs applications sur cette plate-forme ‘, résume François Mauny. Advanced
Server a ainsi été certifiée par Oracle pour sa base de données et par Dell, HP et IBM pour leurs serveurs.United Linux a, lui, signé des partenariats technologiques avec IBM, HP et AMD, donnant à ces derniers le droit de proposer des améliorations à la distribution, d’accéder à ses préversions… et de participer financièrement au
développement. ‘ La certification par les grands éditeurs est critique. Difficile de passer à PostgreSQL pour une entreprise quand on connaît le poids et la base installée d’Oracle ‘, estime François
Mauny.De fait, qu’il s’agisse d’Oracle, de SAP, de Borland, d’IBM, de CA ou de BMC, tous sont sur le point de certifier leurs progiciels pour United Linux et Red Hat Advanced Server, ou l’ont déjà fait. Bref, de quoi mettre d’accord les
deux concurrents.

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Pierre Berlemont