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Randy Pitchford, l’homme qui a sauvé Duke Nukem

De passage à Paris, le patron de Gearbox Software, le studio qui a bouclé le développement de Duke Nukem Forever, a parlé du plus viril des héros de jeux vidéo. Le titre arrivera le 10 juin, sauf invasion d’aliens?

Un grand hôtel parisien, un hall impressionnant, un peu kitsch, de longs couloirs à la moquette agréable, une déco très design. Dans la chambre, à côté d’un colosse body-buildé déguisé en Duke plus vrai que nature, l’homme qui a sauvé Duke Nukem du vaporware Forever, Randy Pitchford, le patron de Gearbox Software.

Randy Pitchford, qui a fait ses premières armes en tant que développeur sur Duke Nukem 3D, chez 3D Realms, et qui nous en voudrait certainement de lui donner tant d’importance, lui qui n’a de cesse de partager le mérite de cette résurrection. On l’en remercie, tant ce voyage homérique de treize ans – Ulysse peut se rhabiller – est une splendide aventure humaine. Dont il parle avec des étincelles dans les yeux et avec une grande fierté.

« En mai 2009, nous avons appris la mauvaise nouvelle. 3D Realms licenciait l’équipe de développement. Duke était mort. » Le « pire jour de (la) vie » de George Broussard, l’un des deux créateurs de Duke Nukem qui dirigeait le projet (a priori condamné), a investi jusqu’à « 30 millions de dollars de sa fortune personnelle », selon certaines estimations. « Un jour terrible pour lui et pour l’équipe », nous confie, sincère, Randy Pitchford.

« L’autre solution était de vivre dans un monde sans Duke, et ce monde-là craint »

Et de continuer avec une ferveur quasi enfantine après une courte pause : « Mais vous savez que Duke ne peut pas être tué. Duke ne peut pas mourir. Aucun d’entre nous ne voulait vivre dans un monde sans Duke Nukem. » Randy Pitchford et Brian Martel, le cofondateur de Gearbox rencontré chez 3D Realms, décident de sauver Duke Nukem.

Les deux hommes savent que leurs succès vidéoludiques leur assurent une assise financière. Mieux, au fil du temps, ils ont embauché une partie de l’équipe historique du jeu. Randy Pitchford va jouer les entremetteurs entre George Broussard et Take Two, l’éditeur avec lequel l’entente n’est pas cordiale. Il va faire en sorte que son studio récupère la licence pour continuer le développement de l’un des titres les plus attendus de l’histoire du jeu vidéo, Duke Nukem Forever.

Un miracle d’entêtement

Mais Randy Pitchford, soucieux de rétablir les choses, précise rapidement, « Notre grande chance avec le licenciement de l’équipe par 3D Realms, c’est qu’il y avait 35 employés. Certains ont retrouvé un emploi dans d’autres studios. Mais huit d’entre eux n’ont pas abandonné. »

Dont Alan Blum, qui a travaillé sur tous les épisodes, il continue à jouer les Sisyphe au dixième étage de l’immeuble de Gearbox. « Pendant que nous tentions de trouver un arrangement légal, ces types n’ont pas lâché le morceau, ils ont continué à travailler pendant des mois, chez eux, sans revenu. (…) Ils s’y sont donné corps et âmes. Sans eux, le jeu n’existerait pas. Nous leur devons beaucoup. »

Duke Nukem est vivant, et n’est pas prêt de mourir

Maintenant qu’on nous garantit que Duke Nukem Forever sortira à coup sûr, sauf catastrophe naturelle ou invasion d’aliens, le regard se porte forcément sur le futur. « Le jeu sortira le 10 juin. C’est le futur proche et excitant. Mais quand j’ai acheté la licence, je l’ai fait en pensant que c’était un investissement sur le long terme. Si ça n’avait pas été le cas, je ne l’aurais pas achetée. » Après treize ans de « vacances », Duke Nukem n’est pas près de prendre sa retraite. « Mais cela étant dit, nous ne savons pas encore précisément ce que nous allons faire ensuite. »

Face à notre incrédulité, Randy Pitchford continue : « Le 11 juin, nous commencerons à nous demander ce qui est le mieux pour Duke Nukem. Y penser avant la sortie de Duke Nukem Forever serait irresponsable. L’une des raisons qui explique nos succès jusqu’à présent, c’est qu’on a toujours été responsables. » Responsables avec passion ? Duke Nukem a peut-être trouvé la famille qui lui manquait.

En attendant un éventuel Duke Nukem Forever Ever, il se pourrait bien que Duke Nukem Forever se voie offrir des contenus complémentaires (DLC). Randy Pitchford nous confiait, emporté par son élan, que « pour ce qui est des DLC, jetez un œil à ce que nous avons fait pour Borderlands, et vous aurez une idée de ce qu’on peut faire pour Duke Nukem. Ça fait partie de notre culture. (…) Si on a aimé faire quelque chose, si les joueurs l’ont aimé et en veulent plus, on peut leur en proposer plus. On peut imaginer que c’est ce qui va arriver avec Duke (…) ».

Puis, de se ressaisir et de repasser de la passion à la raison : « Mais nous n’avons rien planifié d’un point de vue financier ou créatif. On doit sortir le jeu d’abord. » Sortir ? Justement, ça va être à notre tour, de sortir. Juste avant de partir, on pose une dernière question. Quelle est votre citation préférée de Duke ? Un petit instant de réflexion, un sourire de gamin content de sa trouvaille : « Always bet on Duke »« Toujours miser sur le Duke ? » On l’aurait parié !

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Pierre Fontaine