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Quoi de neuf ?XVII ?” NT et grosses ficelles

Résumé des chapitres précédents : Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne…

Résumé des chapitres précédents :

Recommandé par un mystérieux ” top manager “, Arzel Serisy est nommé à la direction clientèle de Prestibank, banque en ligne du groupe Euryx-Bartabas. Une promotion semée d’embûches. Car de cet univers, si différent de celui qu’Arzel a connu comme chef du contentieux, il lui faut maîtriser le langage.Ludovic Martigny s’était rengorgé en accueillant Arzel dans son bureau. Face au fantassin de la banque de détail, il ne put réprimer sa morgue, celle du sabreur de la haute finance. Le patron de la relation clientèle pointa du doigt le graphique qui occupait toute la surface du paper board. S’y affichaient les résultats en matière d’ouvertures de comptes sur les huit trimestres écoulés. Soulignée en rouge sang de b?”uf, la courbe suivait un tracé sinusoïdal régulier sur les sept premiers pour s’incurver en pente raide à partir du huitième, le trimestre en cours.”Avant votre arrivée à mes côtés, lança Martigny, Prestibank accueillait 1 500 nouveaux clients par mois. Vous avez eu un trimestre pour vous familiariser avec l’entreprise. Vous avez eu un trimestre pour vous initier à ce business. Vous avez eu un trimestre pour me faire des propositions. Et quoi de neuf ? Je constate que nous avons ouvert 500 nouveaux comptes en l’espace des deux derniers mois. Vous parlez d’un renfort !?”Pardon, fit Arzel, mais je n’ai eu qu’un trimestre pour me familiariser et pour faire des propositions. À vous entendre, j’en aurais eu trois…?”C’est pas le moment de finasser, s’emporta Martigny. Moi, je suis toujours aussi vigilant sur la satisfaction clientèle. Je remplis ma mission. Mon indice est positif. Je ne peux pas en dire autant pour ce qui vous concerne : l’indice de conquête clientèle est en chute libre, mon vieux !“Arzel réalisa alors toute l’ambiguïté de sa situation. Il avait passé plus de temps à faire accepter son collaborateur Gaëtan par l’encadrement de Prestibank qu’à s’en faire estimer lui-même. On ne pouvait imaginer pire isolement. Lui qui s’était mis à l’école de la banque en ligne et du marketing avec humilité, il s’était déconsidéré à force de mendier l’indulgence de Martigny et de Niak en faveur du vieux Gaëtan. Les commentaires que lui inspiraient les interventions des autres, il les avait étouffés le plus souvent. Au bout du compte, et sans s’en être rendu compte, Arzel s’était fait doubler par Gaëtan.Le candidat au congé sabbatique avait toujours la langue bien pendue. Au lieu de son tour du monde à la voile, il ne parlait plus que de la supériorité des click and mortar sur le pur e-banking. Il se gaussait de ces godelureaux qui s’étaient moqués du ratio Cooke et du modèle économique. Il renvoyait Niak dans ses buts, lui donnant des leçons sur le mass market, lui qui ignorait le mot et la chose jusqu’à peu.”C’est vrai, soupira Arzel. On n’arrive pas à retrouver un bon rythme de progression de la nouvelle clientèle. Toutefois, n’oubliez pas que le contexte a changé. Je ne dis pas ça pour me dérober, mais nous sommes une dizaine à nous disputer le marché. Deux nouveaux acteurs sont apparus, dont l’Italien Bibop-Carire. Ce dernier offre le taux de rémunération de l’épargne le plus élevé. Il y a des décisions qui ne dépendent pas de moi…?”C’est pas à vous de prendre des décisions, Arzel, tempêta Martigny. J’attends vos propositions !

?”Eh bien, nous y avons réfléchi, Alexis Niak et moi-même… Les NT, on s’en fout. Prestibank doit disposer d’un produit d’appel saignant. Nous suggérons de porter le taux de rémunération à 5,90 %, et de nous doter d’une force de vente à domicile…”
La semaine prochaine : ” L’avenir du porte-à-porte “
*Journaliste, écrivain, ancien éditeur. Dernier ouvrage paru : “Caïn et Abel avaient un frère” (LOlivier Édition).

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Philippe Delaroche*