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Qui veut du Yahoo ?

Troisième acteur d’Internet par son audience, Yahoo! est devenu une cible potentielle pour les médias traditionnels. De Bertelsmann à Walt Disney, en passant par Microsoft, Viacom et Vivendi Universal, tous aspirent à prendre le contrôle du portail Internet, désormais valorisé à 6,6 milliards de dollars.

Après avoir laissé passer une première occasion d’achat au début du printemps, l’industrie des médias bénéficie d’une nouvelle fenêtre de tir pour prendre le contrôle de Yahoo!.Le cours de l’action du portail Internet est retombé à 11,70 dollars mardi soir, au Nasdaq, après avoir rebondi jusqu’à 22,13 dollars le 22 mai dernier. En conséquence, la valorisation de Yahoo! atteint désormais à peine 6,6 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros), contre 134,6 milliards de dollars (151,6 milliards d’euros) en janvier 2000, à son plus haut historique.Le développement du divertissement sur Internet est devenu l’enjeu majeur de cette rentrée 2001 pour les professionnels des médias. Pour réussir dans ce secteur, il faut détenir une plate-forme de distribution (réseau câblé ou service Internet) et des contenus (musique, films, magazines…).Une fois la bataille en cours pour la reprise d’AT&T Broadband achevée, les éditeurs de contenus vont probablement se battre pour le contrôle de Yahoo!.

La fusion entre AOL et Time Warner en mémoire

Une foule de sociétés ?” Microsoft, Sony, Viacom, Walt Disney, Vivendi Universal et Bertelsmann ?” ont été citées comme de possibles candidats au rachat de Yahoo!, qui est le troisième réseau de sites le plus fréquenté au monde selon les chiffres MMXI du mois de juin 2001 (106 millions de visiteurs uniques).Si la fusion, en janvier dernier, d’AOL et de Time Warner pour un montant estimé à 106,2 milliards de dollars (119,6 milliards d’euros) a prouvé l’intérêt du Web dans la promotion des artistes et des films, la fusion d’un grand média avec Yahoo! laisse encore les analystes sceptiques. La fusion AOL TW avait un sens parce que nombre des contenus de Time Warner ?” films, musique, livres et magazines ?” visaient le public des 30 millions d’abonnés Internet d’AOL.Les observateurs estiment que plusieurs facteurs, dont le sentiment que Yahoo! est surévalué et englué dans le marasme publicitaire, ont jusqu’ici empêché la conclusion d’offres.” Je pense que n’importe quel acquéreur préférerait attendre que Terry Semel
[ancien président de la Warner Bross et récemment nommé directeur général de Yahoo!, NDLR]
remette de l’ordre dans son entreprise
, déclare Safa Rashtchy, analyste à Bancorp Piper Jaffray. Et voir si les services haut de gamme que le portail veut lancer ont un avenir, et méritent le prix fort. “

Les affamés…

Microsoft, qui dispose d’une trésorerie d’environ 31 milliards de dollars, a été cité comme un possible acheteur. Cette acquisition lui permettrait de se renforcer dans sa lutte contre AOL-Time Warner.” Microsoft a acquis toutes sortes de contenus. Il tente de jouer dans la cour de sociétés comme AOL-TW et Vivendi Universal “, estime Mike Katz, vice-président du cabinet de consultants Booz Allen.La liste des candidats ne s’arrête pourtant pas là. ” Les mieux placés pour acheter Yahoo! sont ceux qui sont absolument désespérés ou ceux qui ont besoin d’une position de prédominance sur Internet, ajoute Mike Katz. Les candidats logiques seraient les autres géants des médias, comme Disney et Vivendi Universal, qui s’inquiètent de la bonne idée d’AOL-TW. “Sony, qui a fait des progrès dans ses activités de contenu, pourrait également utiliser Yahoo! comme un moyen de pénétrer le marché américain.” La musique s’accorde à merveille avec Internet, bien qu’il soit impossible de prédire avec certitude comment cela évoluera au final “, explique Ken Marlin.

… et les repus

Autre candidat pressenti. Viacom a approché Yahoo! l’année dernière, mais a conclu à l’époque qu’un accord lui coûterait trop cher, selon une source proche de cette société.Enfin, certains analystes affichent leur scepticisme quant à l’attrait de Yahoo! pour les grands groupes européens Vivendi Universal et Bertelsmann.” Je ne perçois pas à l’heure actuelle de réel appétit de la part d’une de ces sociétés. Yahoo! est une cible potentielle et abordable depuis longtemps “, déclare à Reuters une source proche des deux groupes.Bertelsmann a une marge de man?”uvre étroite, du fait des restrictions contractuelles conclues avec AOL-TW. Ces restrictions l’empêchent d’acquérir des activités concurrentes en Europe, après la revente l’année dernière à AOL de ses parts dans AOL Europe. De plus, le groupe allemand se prépare à une introduction en Bourse délicate, alors que les marchés en actions sont déprimés.Quant à Vivendi, ses dirigeants ont plusieurs fois souligné qu’ils ne voyaient pas l’intérêt d’acheter Yahoo! puisqu’ un accord de distribution est moins onéreux et plus simple, à l’image de celui conclu avec Yahoo! concernant la plate-forme musicale Pressplay.La cession de la presse professionnelle de Vivendi au fonds d’investissement Cinven dénote également le peu d’intérêt du groupe de Jean-Marie Messier pour des sociétés dont le modèle économique repose sur la publicité. ” En incluant la cession à venir de la presse gratuite, Comareg, cette part [la publicité dans le chiffre daffaires, NDLR] se réduira en effet seulement à 1 % des activités de Vivendi Universal “, revendiquait la société la semaine dernière.

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Gérald Bouchez (Reuters)