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Qui a fumé la moquette ?

Tachée, décolorée, la moquette ne vit pas pour autant ses derniers jours. Bourrée d’électronique, elle devient un élément central de la maison informatisée, et même un objet d’art numérique.

Piège à acariens, souvent d’une couleur douteuse, la moquette a-t-elle encore un avenir, dépassée qu’elle est par les linos (pour les moins fortunés) ou par les planchers en bois tropical (pour les plus riches) ?Le concepteur de semi-conducteurs Infineon et le fabricant de moquette allemand Vorwerk Teppichwerke y croient, à la moquette. Après deux ans de recherche acharnée, les deux firmes ont créé une ‘ moquette
intelligente ‘.

Bourrée d’électronique (des microprocesseurs de 7 millimètres de périmètre), la moquette en question peut détecter la pression exercée par des pas, ouvrir en conséquence une porte, allumer des lumières lors de
l’arrivée d’un visiteur, compter le nombre de personnes qui ont franchi une porte et même appeler la police si le visiteur en question est un intrus.Associée à des LED, des diodes électroluminescentes, la moquette peut aussi guider un visiteur perdu dans un complexe hôtelier et lui montrer le chemin de sa chambre. Mieux, notre carpette magique sait analyser ce qu’elle
perçoit : une masse inerte sur le sol et ce sont les services de secours qui sont rameutés à toute vitesse.

Autre projet amusant, le ‘ Vorwerk ‘, de Petra Trefzger, consiste à projeter une image (quelconque) sur une moquette à nettoyer. Une caméra filme alors les mouvements de la brosse de l’aspirateur et
‘ efface ‘ l’image là où les poussières ont été enlevées. On comprend mieux l’idée en
regardant cette vidéo.Un bon moyen pour n’oublier aucun recoin lors du ménage hebdomadaire (option sans le sou), ou pour vérifier que la personne responsable du ménage est bien passée partout où il faut (option grippe-sou).Au-delà de l’utilitarisme pur et simple, la moquette peut aussi devenir Art, avec un grand ‘ A ‘. Le groupe d’artistes urbains Greyworld a ainsi déroulé, en 1997, un long tapis bleu dans le grand
tunnel sombre qui court sous la Tamise.

Ledit tapis enregistrait les pas de tous les marcheurs (direction, poids, longueur du pied) et transcrivait toutes ces données… en musique. Un album, Various Walkers, a même été édité, et l’expérience
a depuis été renouvelée, à Dublin.La petite histoire ne dit pas si la musique a fait fuir les acariens…* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique mardi 1er mars

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Alain Steinmann*