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Quel avenir pour la télévision numérique terrestre ?

Au moment où deux études économiques européennes confirment les bons choix de la France en matière de télévision numérique terrestre, le nouveau gouvernement va-t-il remettre en…

Au moment où deux études économiques européennes confirment les bons choix de la France en matière de télévision numérique terrestre, le nouveau gouvernement va-t-il remettre en cause ce projet ? Il faut, dit Jean-Jacques Aillagon, le ministre de la Culture, “se donner le temps de la réflexion” ; il faut continuer, lui répond en écho le président du CSA. Certes, la complexité de la mise en ?”uvre d’une technologie nouvelle de diffusion, permettant la démultiplication de l’offre de chaînes gratuites, pose de multiples questions que les responsables des télévisions publiques comme privées ont largement exposées.

Un audiovisuel fort

La viabilité économique de la TNT “à la française”, telle qu’elle est conçue par la loi d’août 2000, est assurée par l’attrait de cette nouvelle offre fondée sur : un audiovisuel public moteur, doté de moyens adaptés pour dynamiser son lance- ment ; de “nouveaux entrants” pour renouveler l’offre ; une place de choix, enfin, pour les opérateurs historiques pour enrichir le socle des programmes. À ce jour, Jean-Jacques Aillagon s’est gardé de toute déclaration remettant en cause cet équilibre. Toutefois, les propositions clairement exprimées dans les projets et programmes de la droite en matière d’audiovisuel sont de nature à compromettre les chances de réussite de la TNT.Et tout d’abord le rôle moteur de l’audiovisuel public. Il a fait l’objet d’un travail approfondi de concertation et de négociation entre l’État et France Télévisions qui a abouti à la signature du contrat d’objectifs et de moyens couvrant la période 2001-2005. Mais ce contrat est soumis au principe constitutionnel de l’annualité des dépenses publiques, et donc aux arbitrages du budget. Sur ce point, j’aurais les inquiétudes de ceux qui ont connu les choix budgétaires de la droite lors de ses retours au pouvoir : 1986, 1993, 1995 ont été des années de coupes sombres pour le ministère de la Culture. Alors, quelles surprises nous réserve cette année si l’Assemblée nationale décide des réductions d’impôts du président Chirac ?Cette inquiétude est d’autant plus fondée que le nouveau gouvernement annonce le lancement du projet très ambitieux de création d’une “CNN à la française “. Un projet dont le coût d’au minimum 75 millions d’euros serait à répartir entre le ministère des Affaires étrangères et celui de la Communication ! Où trouver de tels moyens qui viendraient se surajouter aux engagements pris par l’État en matière de TNT ? Je n’imagine pas que la droite propose d’augmenter la redevance d’autant. Il faudra donc arbitrer au sein du budget France Télévisions, c’est-à-dire sacrifier la chaîne d’information continue, et au moins trois chaînes régionales de France Télévisions, soit 50 % des projets retenus pour le numérique terrestre, puisque le budget consacré à ce dessein est de 150 millions d’euros pour les années à venir.

Rassurer avant tout les investisseurs

La question des “nouveaux entrants” dans le champ de l’audiovisuel est tout aussi décisive, car seul cet apport permettra un véritable renouveau de l’offre de programmes. Trois ou quatre groupes privés peuvent prétendre à de tels investissements. Or les responsables politiques de la droite évoquent clairement une privatisation de France 2, ou une ouverture du capital de France Télévisions. Si cette privatisation devait se réaliser, elle créerait un appel de fonds qui stérilisera d’autant les capacités des investisseurs en matière de TNT. Sur les 66 offres de nouvelles télévisions pour la TNT présentées au CSA, combien seront maintenues demain si le gouvernement annonce l’ouverture du capital de France 2 ?Avec un audiovisuel public amputé de la moitié de ses projets, des “nouveaux entrants” qui regardent ailleurs, mobilisés par le projet de privatisation partielle de France Télévisions, peut-on réussir le lancement de la TNT en comptant sur les seuls opérateurs historiques ?” TF1, M6, Canal Plus ?”, et une “CNN à la Française”? S’il veut mener à bien le projet de la TNT, Jean-Jacques Aillagon doit rassurer les investisseurs en excluant toute ouverture de capital et privatisation de laudiovisuel public, et en trouvant des financements propres pour le projet de “CNN à la française “.*sénateur de la Seine-Maritime et secrétaire national du PS chargé de la culture et des médias

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Henri Weber*