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Quel avenir pour la presse payante sur iPad ?

Coup dur pour le modèle payant de la presse numérique : les groupes de presse américains renoncent à faire payer leurs éditions pour iPad. Une bonne nouvelle pour les lecteurs, une moins bonne pour l’avenir de la presse.

L’iPad n’est ni l’eldorado, ni le sauveur de la presse papier. C’est en tout cas l’amère leçon que retiennent les patrons de presse américains. Après avoir cru, pour la plupart, en un avenir doré de la presse numérique, de nombreux éditeurs font machine arrière.

Il y a un mois, le Huffington Post lançait un magazine mensuel exclusivement sur iPad, appelé Huffington. L’abonnement était à un prix modique, 0,99 dollar le numéro ou 19,99 dollars par an. Malgré cette offre alléchante, le public n’a pas été au rendez-vous. Résultat ? Le Huffington sur iPad devient gratuit après cinq éditions (le numéro 1 était gratuit). Selon AOL propriétaire du Huffington Post,  115 000 exemplaires seulement de l’application auraient été téléchargés.

Autre coup de semonce dans la presse payante sur iPad : The Daily, un journal disponible exclusivement sur iPad de News Corp, qui licencie un tiers de ses salariés, soit 50 personnes, et qui change dans le même temps son contenu en supprimant des rubriques et en sous-traitant certains contenus comme les informations sportives. Pourtant, il y a un an et demi, The Daily était considéré comme le futur de la presse. Le premier journal conçu exclusivement pour iPad avait même reçu la bénédiction de Steve Jobs. Mais The Daily n’a jamais décollé : 100 000 abonnés contre les 500 000 attendus par Rupert Murdoch pour gagner de l’argent. The Daily est, lui aussi, vendu 0,99 dollar le numéro (39,99 dollars par an).

Même le magazine Wired n’est pas à la fête. Présenté aussi comme un fleuron de la presse sur iPad, le célèbre magazine high-tech ne récolte que 33 237 abonnés à son édition numérique sur iPad à la fin de l’année dernière, soit 4,1 % seulement de sa diffusion payée qui est au total de 812 434 exemplaires. Wired a beau additionner à ces abonnés tout numériques les 68 380 abonnés à l’édition papier qui ont activé leur abonnement gratuit à l’édition numérique, le succès n’est pas au rendez-vous.

La gratuité pour les abonnés au papier

De son côté, le groupe Time propose une tout autre solution que l’abonnement payant : l’abonnement numérique est gratuit pour tous les abonnés de ses 21 titres papier publiés aux Etats-Unis. Time qui produit déjà des éditions pour les tablettes de ses magazines Time, Sports Illustrated, People et Fortune, est une division du géant Time Warner.

Le but n’est pas tant de gagner de l’audience que d’avoir un nouveau support publicitaire en plus du papier : « La présence de notre portefeuille total sur les tablettes va créer une importante opportunité numérique pour nos annonceurs », explique Maurice Edelson, vice-président exécutif de Time Inc. Par ailleurs, Time a passé un accord avec Barnes & Noble pour vendre des abonnements numériques de ses magazines sur la tablette Nook du libraire.

Le grand public veut de l’information gratuite

Le problème crucial de la presse numérique est sa monétisation. Le grand public ne veut plus payer pour s’informer : la plupart des informations provient du Web, plus précisément de Twitter, Facebook, des forums de discussion spécialisés ou d’agrégateurs comme Google News ou News Republic, disponibles sur mobiles et tablettes, pour que nous puissions accéder à l’info partout et en continu. Il existe des exceptions : Der Spiegel, le plus gros magazine allemand arrive à vendre des versions sur iPad, mêlant contenus gratuit et payant. Il ne faut sans doute pas encore enterrer la presse numérique, mais il est clair que le modèle du tout payant concernant l’information généraliste a du plomb dans l’aile.

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Alexandre Salque