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Que faire, en attendant ?

Le dégroupage et la suppression de la zone locale de tri (ZLT) prennent du retard. Mais cela n’empêche pas certains opérateurs d’occuper dès maintenant le terrain des communications locales et des accès hauts débits avec des substituts. Siris, Colt et GTS Omnicom s’en expliquent.

? Olivier Campenon, président du directoire de Siris, filiale française de Deutsche Telekom :Il est évident que le manque d’ouverture sur l’accès en France bloque le reste du marché. Mais pour autant nous ne devons pas rester les bras croisés. Il nous faut sans attendre occuper le terrain, en tirant parti des possibilités existantes, aussi maigres soient-elles.
Nous avons ainsi lancé nos commandes de dégroupage sur Paris intra muros et la petite couronne, tout en sachant que les tarifs actuels ne permettent pas un déploiement national grand public rentable, qui intéresse pourtant au plus haut point Club-Internet, l’autre filiale de notre groupe en France.
Pour les mêmes raisons, nous venons également d’élaborer, sur l’offre de revente Turbo DSL de France Télécom, deux packs ADSL à débits garantis pour les PME, l’un dédié à l’accès Internet, l’autre à l’accès Intranet avec des fonctions de statistiques ainsi que des engagements de qualité de services de bout en bout.
Ce n’est sans doute pas très original. Mais il était essentiel de mettre ces packs à notre catalogue. D’abord, parce que l’offre de revente Turbo DSL, qui correspond au dégroupage option 3 (accès au circuit virtuel ATM), est maintenant plus intéressante, suite au recours de Liberty Surf Telecom, qui a permis d’en faire baisser les coûts. Ensuite, parce que la moitié des sites d’entreprises se trouve justement sur les plaques ADSL de France Télécom.
À partir de ces premiers packs, nous construirons progressivement des offres à part entière. Nous voulons que l’accès soit considéré comme partie intégrante de nos solutions. En conséquence, nous testons dès à présent bien d’autres options.
Outre l’accès, notre grande priorité est aujourd’hui d’ajouter à nos services Internet plus de valeur ajoutée comme l’hébergement, les VPN, les portails et les applications en ligne. Elle est aussi de conforter notre position de deuxième opérateur alternatif derrière Cegetel. Car ce seront les opérateurs les mieux organisés et les plus forts, qui auront les meilleures opportunités (www.siris.fr).
? Arnaud Giret, chef de produit téléphonie chez Colt France :Nous misons beaucoup pour notre développement sur la suppression de la zone locale de tri (ZLT) par France Télécom et le dégroupage. Mais, comme ils prennent du retard, nous les avons remplacés par des solutions transitoires, qui, heureusement, sont pour nous convergentes.
Aux termes du catalogue d’interconnexion pour l’année 2001, la suppression de la ZLT devait intervenir à la rentrée prochaine. Mais, dans la meilleure des hypothèses, elle ne serait effective qu’à partir du début de l’année. Comme on sait, elle consiste, pour France Télécom, à nous livrer, à nous comme à tout autre opérateur alternatif intéressé, tous les appels, y compris les appels locaux, à nos différents points d’interconnexion, PRO ou CAA.
Nous nous y préparons depuis longtemps. Mais, comme elle a été reportée, nous l’avons remplacée par un système provisoire de collecte des appels locaux via un préfixe à 4 chiffres, permettant la double numérotation, le ” 30 90 “.
Si nous avons adopté cette solution, c’est pour plusieurs raisons. Tout d’abord, parce qu’il est important pour nous de prendre dès maintenant le trafic local, même si c’est en avance de phase [NDLR : Cegetel et GTS Omnicom ont tenu le même raisonnement]. Ensuite, parce que les entreprises attendent des baisses sur le local, car la part des communications locales tend à augmenter dans leurs factures, puisque les baisses n’ont profité jusqu’ici qu’aux appels longue distance.
Cette collecte via le 30 90 a d’ailleurs un coût proche de celui de la collecte des appels nationaux. Nous ne la vendons donc pas à perte [NDLR : grâce aussi à un crédit temps de 0,45 F ht pour les 60 premières secondes].
Pendant ce temps, nous continuons évidemment à nous préparer à la suppression de la ZLT. En Ile-de-France, nous prévoyons de nous interconnecter à tous les sites de France Télécom hébergeant à la fois un CAA (commutateur autonome d’abonnés) et un répartiteur. Nous ferons de même dans les autres villes, Lille et Lyon, où nous avons une boucle optique urbaine. De ce point de vue, ces boucles nous sont d’ailleurs très utiles : tout en raccordant nos clients en direct, elles nous permettent d’atteindre les CAA et les répartiteurs de France Télécom à un coût intéressant.
Même chose pour le dégroupage. En attendant qu’il soit effectif, nous proposons des packs ADSL à débits garantis, basés sur l’offre Turbo DSL de France Télécom. Pour ce dégroupage, nous prévoyons d’installer nos propres DSLam sur tous les sites France Télécom de Paris intra-muros et des Hauts-de-Seine, dont le CAA est déjà interfacé à notre boucle optique. D’une pierre, nous ferons ainsi deux coups.
Ce schéma sera évidemment reproduit par la suite à Lille et Lyon. Dans sa catégorie, c’est certainement le plus ambitieux en France à ce jour. (www.colt-telecom.fr).
? Jorg Geerlings, directeur marketing voix de GTS OmnicomEn attendant de pouvoir profiter de la suppression des zones locales de tri par France Télécom, nous avons mis en place une offre de collecte des appels locaux via un préfixe à 4 chiffres, le ” 30 55 “. Mais sans coûts cachés.
Notre nouveau tarif local est ainsi le même que notre tarif national, soit 0,35 F ht la minute dès la première seconde. Mais, grâce à l’absence de crédit temps, il reste néanmoins le plus avantageux du marché pour les appels courts, qui constituent la majorité des appels en entreprise.
Cette collecte des appels locaux via un numéro national nous coûte à peine plus cher que la collecte des appels nationaux via les 18 PRO (points de raccordement opérateurs) de France Télécom. Le surcoût, en effet, n’est que de 2 centimes ht par minute. Seul inconvénient : cette collecte ne peut être mise en ?”uvre comme la présélection. Il faut programmer le 30 55 dans les PABX de nos clients.
La suppression des ZLT permettra une collecte des appels locaux directement au niveau des CAA. Elle nous coûtera moitié moins cher. Elle a cependant sa contrepartie : il faut fournir à France Télécom des prévisions de trafic, qu’il est difficile d’établir à l’avance avec exactitude. Il faut aussi se montrer capable de gérer des dizaines, voire des centaines de commutateurs supplémentaires.
Pour notre part, nous prévoyons de nous raccorder à une cinquantaine de CAA d’ici à la fin de l’année. Mais en matière d’accès hauts débits proprement dits, nous aurons des ambitions limitées. Nous n’avons pas les moyens de produire nous-mêmes des accès DSL. Nous revendrons des accès DSL achetés en gros ou, plus exactement, nous comptons proposer des packs à valeur ajoutée comprenant ou non l’accès hauts débits DSL ou BLR fourni par d’autres opérateurs. (www.gts-omnicom.com).

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La rédaction