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Quand les roues parlent aux essuie-glaces

Sur certains modèles, les divers équipements électroniques embarqués communiquent entre eux. C’est ce qu’on appelle le multiplexage. Un système remarquable, mais parfois d’humeur farceuse…

Le temps s’assombrit et quelques gouttes de pluie tombent sur le pare-brise. L’essuie-glace automatique se met en route par intermittence. Une fonction bien pratique, simple en apparence. En apparence seulement, car cet
équipement fait appel à un ensemble de données électroniques insoupçonnées.Le système reçoit bien sûr l’information de la quantité d’eau sur le pare-brise grâce à un capteur de pluie, mais aussi celle de la vitesse du véhicule par des capteurs… placés dans les roues. Autre fonction
méconnue, l’essuie-glace arrière communique avec la commande de la boîte de vitesses pour se mettre en route automatiquement dès la marche arrière engagée.On le voit sur cet exemple, tous les équipements de l’automobile moderne fonctionnent en réseau. Toutes les informations mesurées ?” température extérieure, accélération du véhicule, présence d’un
passager… ?” sont ainsi mises à la disposition de n’importe quel accessoire grâce à un système de communication dit multiplexé. Ces systèmes ne sont plus réservés aux véhicules haut de gamme : la Peugeot 206 est
multiplexée depuis plusieurs années déjà et la plupart des nouveaux modèles présentés au Mondial de Paris le sont aussi.Il y a beaucoup d’exemples simples d’emploi du multiplexage : le volume sonore de l’autoradio augmentant avec la vitesse du véhicule, le verrouillage des portes fermant les vitres si vous le souhaitez, le
séchage des disques de frein en cas de pluie, la correction de la portée des phares selon la vitesse ou la fonction IDIS de Volvo retardant les appels téléphoniques entrant jusqu’à ce que la conduite soit redevenue plus calme.Pour cette dernière technologie, la fonction IDIS capte les mouvements du volant, la position de la pédale d’accélérateur, l’utilisation des clignotants, les freinages éventuels, etc.Hormis cette mise à disposition générale des informations, le multiplexage offre un autre avantage : la réduction du nombre de fils. Avant son intégration, un véhicule pouvait embarquer plus de 5 kilomètres de fils électriques et
certains passages de portière pouvaient recevoir jusqu’à 40 fils. Une abondance aux effets pervers, tant en termes de poids ?” on pouvait compter jusqu’à 80 kg de fils embarqués ?” que de fiabilité, car la
multiplication des connexions induit celle des connecteurs.

Le multiplexage de la Renault Clio a divisé par 5 le nombre de fils et de connecteurs. (Source Renault)


Cliquez ici pour télécharger l’image en grand formatL’électronique a donc totalement envahi l’automobile. La nouvelle Volkswagen Golf, par exemple, comporte à elle seule environ 40 systèmes électroniques embarqués. Alors que la première Audi A8 avait 1 Mo de
capacité de stockage, la deuxième génération présentée lors du dernier Mondial en a 90, et Audi annonce 1,6 Go pour un prochain véhicule. Les informaticiens apprécieront.Mais la médaille a son revers : fini le bricolage du dimanche sur la voiture… car tout est désormais géré par des boîtiers électroniques ! Vous pouvez toujours brancher vous-même un chargeur de CD sur l’autoradio
d’origine ou des phares anti-brouillard, rien ne fonctionnera tant que vous n’aurez pas informé la centrale électronique qu’un nouvel équipement a été installé. Une opération réservée aux spécialistes.Cest pourquoi la nouvelle Renault Logan, la voiture à 5 000 euros présentée publiquement pour la première fois au Mondial 2004 et destinée aux pays émergents, n’est pas multiplexée. Le multiplexage est donc une pièce
maîtresse de l’électronisation de l’automobile. Mais il réserve aussi quelques surprises, plus ou moins agréables.Il faut notamment se méfier des fausses pannes. Par exemple, votre dégivrage de lunette arrière ne fonctionne plus ? C’est parce que vous n’avez plus assez d’essence et que la priorité est de moins consommer.
Le tableau de bord vous indique une lampe de stop grillée, pourtant tout semble fonctionner ? Le système allume en fait une autre lampe pour maintenir un niveau de sécurité suffisant.Côté fiabilité, le tableau n’est pas aussi idyllique qu’on le souhaiterait. La fiabilité promise par la réduction du nombre de fils et de connexions est parfois mise à mal par de petits soucis électroniques. Ils ne mettent
peut-être pas le véhicule en panne, mais agacent souvent l’utilisateur.Les plaintes sont assez courantes ?” et dépendent bien entendu du modèle de l’automobile. Elle vont du simple ‘ Mon témoin d’airbag s’allume de temps en
temps ‘
ou ‘ Mon tableau de bord joue au sapin de Noël ‘ au plus ennuyeux ‘ Ma radio ne veut plus s’éteindre ‘ ou encore
‘ Plus je roule vite, plus j’ai froid ‘. Encore que, dans ce dernier cas, cela encourage peut-être les conducteurs à lever le pied…

Le multiplexage de la Renault Vel Satis


1 ?” Synthèse de la parole


2 ?” Radio et navigation


3 ?” Verrouillage de la colonne de direction


4 ?” Frein de parking automatique


5 ?” Unité centrale de communication


6 ?” Boîte de vitesses


7 ?” Lecteur de carte


8 – Unité centrale de transmission


9 ?” ABS et antipatinage


10 ?” Gestion du moteur


11 ?” Batterie


12 – Unité centrale d’habitacle


13 ?” Tableau de bord


14 ?” Airbag


15 ?” Régulateur de vitesse à contrôle de distance


16 ?” Capteur de pluie et de luminosité

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Yvonnick Gazeau, Pampa Presse