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Quand les financiers deviennent les artisans de l’uniformisation des technologies

Qui l’eut cru il y a seulement un an ? Sous la pression économique, les Etats-Unis sont en passe de basculer dans le clan du GSM et d’ouvrir la route à l’UMTS.

Quand, au début des années quatre-vingt-dix, l’Union internationale des télécommunications (UIT) préparait la téléphonie mobile de troisième génération et lui donnait le nom d’IMT-2000 (International Mobile Telecommunication), on pensait qu’un système unique sortirait enfin de ces travaux. Avec comme conséquence le fait que l’utilisateur puisse utiliser son portable partout dans le monde, en particulier des deux côtés de l’Atlantique.C’était compter sans les intérêts industriels contraires des Européens et des Américains et sans les arguties des techniciens. Car, au final, à partir d’une même technologie de base, le CDMA, d’origine américaine d’ailleurs, on arrive à deux systèmes incompatibles entre eux : l’UMTS côté européen et le CDMA2000 côté américain.Du coup, l’IMTS-2000 ne devient plus qu’un nom générique et les spécialistes, à coups de conférences techniques internationales, dont la dernière vient de se tenir à Tokyo, tentent de combler, au moins en partie, le fossé séparant les deux standards. Cela, notamment dans le but de simplifier les terminaux.Mais dans cette course à la troisième génération des mobiles, l’Europe, et surtout le Japon, ont pris de l’avance. Du côté de NTT et de DoCoMo, on met les bouchées doubles pour ouvrir à toute force les premiers réseaux 3G avant la fin 2001.En Europe, même si l’heure n’est plus à l’euphorie des deux dernières années, le dispositif se met en place : licences attribuées (enfin presque partout…), constructeurs sélectionnés et, surtout, le chemin technologique est balisé (GSM, GPRS puis UMTS).De l’autre côté de l’Atlantique, le paysage est beaucoup moins clair. Plusieurs normes coexistent (TDMA, CDMA, D-AMPS…). Entre outre, Européens et Japonais passent à l’offensive en poussant le GSM de l’autre côté de l’Atlantique.En rachetant Voicestream, Deutsche Telekom a imposé le GSM et en prenant une participation dans AT&T Wireless, NTT a converti également cet opérateur à cette norme. Cingular, deuxième opérateur de mobiles américain, vient de passer lui aussi au standard européen.La filière GSM-GPRS-UMTS possède en sa faveur de solides arguments. Vu la nombre d’opérateurs ralliés à ces technologies et le volume des commandes prévisibles, nul doute que les prix vont baisser, face au CDMA2000 qui va devenir de plus en plus marginal. Voilà un argument auquel seront sensibles les directeurs financiers, qui écouteront d’une oreille beaucoup moins favorable les discours des techniciens. Et qui, finalement, pourraient réussir à uniformiser enfin les standards. Ce à quoi les techniciens ne sont jamais parvenus.Prochaine chronique vendredi 30 novembre 2001*Grand reporter à 01 Informatique

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Jean-Pierre Soulès*