En décembre dernier, Numericable a conclu un accord avec Bouygues Telecom pour que le fournisseur d’accès à Internet puisse utiliser de manière autonome son réseau en fibre optique. Lequel est déployé dans de nombreuses villes françaises. La prestation d’accès au réseau de Numericable pour Bouygues Telecom comprend la mise à disposition des infrastructures de son réseau physique jusqu’aux immeubles, ainsi que son exploitation et sa supervision. “ Cet accord doit permettre à Bouygues Telecom de développer et de commercialiser ses propres services Internet, téléphone, télévision et VoD en THD ” a commenté le câblo-opérateur. Darty et, dans un avenir proche, Bouygues Telecom exploitent donc le réseau Numericable pour leur offre très haut débit. L’occasion pour nous de vous expliquer une technologie ? certes pas très récente ? mais plus compétitive que l’ADSL à bout de souffle ou que le FTTH (fibre jusqu’au domicile) des FAI qui ne décolle toujours pas.Le réseau câblé a de sérieux atouts à faire valoir, depuis l’absence d’atténuation du signal selon la distance qui sépare l’usager des équipements de tête de réseau du FAI (DSlam), un débit montant et descendant largement supérieur aux offres ADSL, mais aussi une bande passante spécifique pour la TV (jusqu’à 10 flux HD simultanés par foyer, soit une bande passante supérieure à 1 Gbit/s), indépendante de celle attribuée à l’accès Internet.
L’indispensable modem câble
“ Le réseau câblé est la seule alternative au réseau de France Telecom dans l’optique d’abonnements à une offre Triple Play ” constate d’ailleurs Philippe Le May, directeur technique chez Numericable. Le câblo-opérateur densifie sa couverture fibre optique au plus près des immeubles de ses abonnés en s’appuyant sur le procédé FTTLA (fibre jusqu’au dernier amplificateur). “ Un peu moins de la moitié des logements de nos abonnés sont dans ce schéma ” ajoute Philippe Le May. L’ordinateur d’un abonné au câble est connecté, par Wi-Fi ou Ethernet, à un modem câble, lui-même relié à l’équipement de tête de réseau du fournisseur par un câble coaxial. Ces équipements de tête de réseau baptisés CMTS (Cable Modem Termination System) sont l’équivalent des DSlam des FAI qui œuvrent en ADSL. Sur le câble, comme sur le réseau ADSL, les FAI activent la configuration du modem câble depuis un serveur DHCP (Dynamic Host Configuration Protocol). Ce serveur fournit les paramètres au modem et au PC du client pour qu’il puisse accéder à Internet.Chez des acteurs comme Numericable, les modems câble constituent l’équipement de base de l’abonné dans les offres triple play, au côté du décodeur TV HD qui, lui, gère les flux TV. Le modem câble ? ou box Internet ? fait généralement office de routeur Wi-Fi. Il doit posséder au moins un port réseau Ethernet afin de pouvoir brancher un câble Ethernet entre le modem et le PC si ce dernier n’a pas de module Wi-Fi. Figurent également un, voire plusieurs ports téléphoniques et une connexion de type coaxial pour l’accès au réseau Internet. La box HD doit être branchée sur une seconde prise coaxiale. Lorsqu’une liaison Internet est établie par câble, l’utilisateur demeure connecté en permanence. Le modem câble assure les transferts de données de façon bidirectionnelle. Il n’utilise qu’un seul câble coaxial (de chez lui jusqu’aux équipements actifs du FAI), tant pour les données allant du réseau vers l’utilisateur que pour les données allant dans le sens inverse.Pour assurer la transmission des données, le modem câble s’appuie sur un standard que l’on nomme Docsis pour Data Over Cable Service Interface Specification. Les “ chipsets ” ou circuits intégrés des modems câbles intègrent les versions 2.0 ou 3.0 de Docsis. Sur la version 2.0, le débit est atteint à l’aide d’un seul canal, en voies montante et descendante. Le débit culmine alors à 30 Mbit/s en voie descendante et à 1 Mbit/s en voie ascendante. La version 3.0 de Docsis a permis de faire croître ces débits respectivement jusqu’à 100 Mbit/s et 5 Mbit/s. Ceux-ci correspondent aux offres couvertes par la fibre optique. Pour y parvenir, la version 3.0 agrège en fait plusieurs canaux Docsis 2.0 au sein d’un même câble. Seuls les modems équipés de chipsets conformes aux spécifications de la version 3.0 peuvent fournir ce débit. Et les têtes de réseau CMTS doivent être équipées en conséquence.De la même façon que les abonnés à l’ADSL, les abonnés au câble demeurent dépendants de la couverture réseau du FAI. Ceux qui ne disposent pas d’une couverture “ fibre optique ” disposent d’un débit de 30 Mbit/s en voie descendante et de 1 Mbit/s en voie ascendante. Ce qui est supérieur aux meilleures offres ADSL actuelles. Lorsqu’une nouvelle zone est couverte par la fibre optique, le câblo-opérateur doit alors faire en sorte que ses équipements CMTS supportent la version 3.0 de Docsis. Ces CMTS s’apparentent à des salles blanches dans lesquelles il y a un concentrateur CMTS portant nécessairement la technologie Docsis et des équipements DVD-C servant à diffuser les signaux vidéo pour la TV-HD. Rappelons que sur le câble, et contrairement à l’ADSL, les flux TV sont indépendants des flux liés à l’Internet. Un gage de performances puisque la bande passante réservée à l’Internet n’est pas partagée avec les flux destinés à la TV HD.
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