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Quand la concurrence s’agace des baisses de tarifs de France Télécom

Les projets de baisse de tarifs de l’opérateur historique à l’intention des FAI perturbent le jeu de la concurrence.

Beaucoup de bruit pour rien ? La semaine dernière, Les Echos faisaient état des intentions de France Télécom de baisser les tarifs de ‘ l’option 5 ‘, c’est-à-dire l’offre destinée
directement aux FAI (Fournisseurs d’accès à Internet). Juste un effet d’annonce, a priori, que seule l’Autorité de régulation des télécommunications (ART) est de toute façon habilitée à concrétiser ou non.S’abstenant de tout commentaire, l’ART se borne à rappeler la procédure à suivre pour une telle opération : France Télécom doit soumettre sa proposition de baisse de tarifs à l’ART, celle-ci l’étudie, rend un avis pour homologation
auprès du ministre de tutelle, puis l’Autorité rend publique la position adoptée.Il reste que, pour les opérateurs alternatifs, l’attitude de France Télécom a l’inconvénient de court-circuiter ce schéma théorique vertueux. Et de perturber quelque peu le marché.

Les opérateurs alternatifs immédiatement pénalisés

‘ Le résultat de ces annonces, explique Anne de Cadaran, directrice des affaires réglementaires chez LDCom, c’est que les concurrents de France Télécom sont immédiatement relancés par leurs
clients pour une baisse de tarifs. ‘
C’est même parfois comme cela que les opérateurs alternatifs sont avertis des intentions de l’opérateur historique…En même temps, les opérateurs alternatifs sont amenés mécaniquement à revoir leurs choix d’investissements. A quoi bon continuer à acheter des lignes dégroupées à France Télécom si cette dernière compte vendre de toute façon moins cher
aux FAI ? Car l’opérateur historique ne prévoit pas de baisser ses autres tarifs, ceux qui permettraient à la concurrence de construire une offre attractive.Aucune annonce, en effet, concernant l’option 1 (vente par France Télécom à ses concurrents d’accès dégroupés ou en partie dégroupés) et l’option 3 (revente aux FAI par les concurrents d’une offre de France Télécom).
Promouvoir les options 3 et 1 serait vertueux pour le développement du haut-débit, continue Anne de Cadaran. Cela n’a plus de valeur de baisser le prix de l’option 5 : en France,
il est le plus bas d’Europe. ‘
Plus de valeur, hormis celle de geler les initiatives de la concurrence…C’est ce que dénonce également Cegetel, qui, dans le cas d’une baisse de l’option 5, compte ‘ demander une baisse simultanée des autres options de dégroupage. FT dispose d’une positon de quasi-monopole sur
l’ADSL et la concurrence est tout juste possible maintenant, grâce aux actions de l’ART ‘,
expose Bertrand Mabille, directeur de la réglementation du groupe Cegetel, dans une communication officielle.En janvier dernier, LDCom avait obtenu gain de cause auprès de l’ART, face à France Télécom, à propos de tarifs de l’option 3. L’Autorité demandait à l’opérateur historique de pratiquer ‘ les conditions
tarifaires et techniques équitables permettant aux opérateurs concurrents d’acheter à France Télécom le trafic ADSL au niveau régional. ‘
Conditions pourtant déjà précisées dans un avis de juillet 2002.Apparemment, ce subtil jeu d’empêcheur de concurrencer en rond ne se pratique pas qu’en France. Au Royaume-Uni, la semaine dernière, l’Oftel (l’équivalent britannique de l’ART) a reçu des plaintes de cinq concurrents de British Telecom.
Ce dernier envisage lui aussi une baisse de prix de ses produits de bande passante à destination des fournisseurs d’accès. Avec, dénoncent les opérateurs alternatifs, la même conséquence quen France : évincer la concurrence.

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Arnaud Devillard