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Quand Internet fait des bulles sur YouTube

La chaîne 13eme Rue diffuse gratuitement un documentaire sur la bulle Internet. Au programme : interviews d’entrepreneurs devenus millionnaires ou qui ont tout perdu.

First movance Advantage, Burn out, stock-option… Ces néologismes, créés par les analystes financiers pour expliquer aux investisseurs les principes de ce nouvel
eldorado numérique, ceux qui ont vécu la bulle Internet s’en rappellent bien. Dans un documentaire en deux parties,
diffusé gratuitement sur YouTube par 13ème Rue, Benjamin Rassat revient sur la création de la Toile et le gonflement de la bulle spéculative avant son explosion, en avril 2000.Entrepreneurs et analystes apportent leur témoignage sur une époque où certains ont pu gagner des millions tels Michel Meyer et
Orianne Garcia, qui revendent en février 2000 leur service de messagerie
Caramail pour un montant non divulgué mais estimé entre 600 millions et 1 milliard de francs (91 millions à 152 millions d’euros). Ou encore Marc Simoncini, le
futur patron de Meetic qui cède l’hebergeur
iFrance à Vivendi pour 183 millions d’euros (près de 1,2 milliard de francs d’alors). D’autres, moins chanceux, ont perdu des sommes colossales comme les figures de proue de
l’industrie française Bernard Arnaud et Jean-Marie Messier. Le premier est à l’origine de
feu Europ@web, un fonds d’investissements dédié aux start-ups Internet et doté de plus de 500 millions d’euros dont il n’est quasiment plus rien resté. Quant au second, on lui
doit des investissements hasardeux dans des jeunes pousses sans modèle économique ou le projet fumeux
du portail Vizzavi. Le groupe Vivendi Universal a mis des années à s’en remettre financièrement et reste encore convalescent en Bourse.

Pas de modèle économique

‘ On avait l’idée de créer des choses nouvelles sans avoir du tout d’idée de ce qui allait se passer financièrement derrière. C’était totalement secondaire ‘, explique Loïc Lemeur, serial
entrepreneur et aujourd’hui blogueur. A l’époque, les projets se multiplient. Les jeunes entrepreneurs lèvent des fonds sur un coin de table, au détour des First Tuesday, ces grandes soirées où se mêlaient porteurs de projets,
investisseurs et journalistes. ‘ Imaginez le Cnit avec 2 000 personnes qui s’échangent des business-plans et un orateur que personne n’écoute puisque les gens sont là pour s’échanger des cartes de
visite ‘,
se rappelle Jean-Charles Beigbeder, fondateur du courtier en ligne Selftrade, et aujourd’hui PDG de Poweo.A la Bourse, les cours s’envolent. En mars 2000, Multimania est cotée 120 euros son premier jour de cotation, soit plus de trois fois plus que son prix d’introduction.

Trop d’argent

Les investisseurs veulent leur part du gâteau et vont investir des milliards. ‘ On cherchait 15 millions, se souvient Oriane Garcia, et on nous disait : vous êtes sûrs que vous n’avez pas
besoin de 60 millions ? On ne peut pas mettre moins ‘.
La bulle formée n’avait plus qu’à éclater.Certains échecs seront retentissants, comme
Zebank le projet de banque en ligne de Bernard Arnaud ou
Boo.com le site de mode. Celui-ci ferme boutique après neuf mois d’activité et après avoir englouti 175 millions d’euros.Sept ans après, les jeunes entrepreneurs de l’époque ont toujours du mal à expliquer les valorisations de cette période. Interrogé sur la vente de Selftrade pour un montant 911 millions d’euros à Dab, qui cède à son tour
l’entreprise un an plus tard à la Société Générale, mais
pour seulement 60 millions d’euros, Jean-Charles Beigbeder peine à expliquer cette baisse de valorisation de la société de courtage à plus de 10 fois sa valeur. C’est Marc
Simoncini qui se montre le plus honnête : la valorisation d’iFrance s’est faite ‘ en fonction de l’offre et la demande ‘. La fête était belle et profitait à tout le monde. Laissons le mot de la fin
à Patrick Robin : ‘ tout ce qu’on a dit et prédit en 1995, 96, 97, 98, 99 et 2000 a eu lieu ou va avoir lieu. On s’était trompé de quelques années. ‘

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Hélène Puel