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Quand Angela Merkel envoie des malwares aux parlementaires allemands…

Un scoop mal interprété à fait de l’ordinateur de la chancelière l’origine d’une campagne de cyberespionnage dans le parlement allemand. Mais la réalité est un peu plus complexe…

Depuis dimanche, une nouvelle se répand comme une trainée de poudre dans les médias allemands et européens : l’ordinateur d’Angela Merkel aurait été piraté et utilisé pour envoyer des emails piégés aux parlementaires, par le biais d’une fausse invitation à une conférence téléphonique. Et derrière ce plan diabolique se cacherait en fait le service secret russe. Vladimir Poutine qui envoie des « spearphishs » depuis le PC d’Angela Merkel ? Mazette, c’est du lourd.  

Mais la réalité est un peu différente et certains médias allemands (et européens par résonnance) se sont pris les pieds dans le tapis. Il faut dire que le pays est pris de panique depuis des semaines en raison d’une attaque de cyberespionnage bien réelle au niveau du réseau informatique du parlement allemand (Bundestag). Un cheval de Troie particulièrement sophistiqué a été détecté en mai dernier sur une quinzaine de postes informatiques, dont au moins cinq auraient été victimes de fuites de données.

Une attaque ciblée et sophistiquée

Selon le magazine Spiegel, ce malware s’est tellement incrusté dans le réseau du Bundestag qu’il serait désormais impossible de le déloger. Le BSI, l’ANSSI allemande, a d’ailleurs sonné l’alerte et indiqué que les communications électroniques sur le réseau parlementaire ne pouvaient plus être considérées comme sécurisées. Seule solution : remplacer tout ou partie de l’infrastructure, ce qui risque de coûter des millions d’euros et ralentir considérablement le travail des députés. Bref, c’est la scoumoune totale. Il est vrai, par ailleurs, que les enquêteurs allemands soupçonnent derrière cette attaque le service secret russe. Des analogies auraient d’ailleurs été remarquées avec l’attaque sur la chaîne française TV5 Monde qui, elle aussi, se retrouve très handicapée dans son travail quotidien.   

C’est alors que, dimanche dernier, le journal « Bild am Sonntag » a remis de l’huile sur le feu avec un « scoop » qui juxtaposait de manière maladroite – mais sensationnaliste – deux informations. Il révèle d’une part que l’un des ordinateurs utilisés par Angela Merkel dans son bureau au Bundestag a été l’un des premiers à avoir été infecté par le logiciel d’espionnage sophistiqué. Il affirme d’autre part que des parlementaires ont reçu de la part d’Angela Merkel des emails piégés.

Un phishing banal

Mais les deux informations ne sont pas du tout liées. Les messages reçus par certains députés ne sont en réalité que des banales attaques de phishing, envoyées depuis une adresse email polonaise qui affichait le nom « Angela Merkel ». Et le malware qu’ils incorporaient est un cheval de Troie bancaire plutôt classique, connu sous le nom de « Geodo ». Cela arrive tous les jours, pas de quoi en faire un scoop.

En revanche, l’infection de l’ordinateur d’Angela Merkel pourrait être vraiment préoccupante. Mais cette information n’a pas été confirmée par l’instant par les autorités.

Source :

Spiegel

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Gilbert Kallenborn