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Première baie iSCSI : quelques défauts à corriger

L’IP Storage 200i d’IBM souffre de quelques lacunes dans ses fonctions d’exploitation dues à sa jeunesse. Mais ses performances, bien qu’inférieures à celles d’une baie Fibre Channel, restent cependant encourageantes.

Tout le monde en parle. Certains prédisent qu’il va détrôner le Fibre Channel. D’autres ne croient pas à son succès. Lancé en février dernier par IBM et Cisco, l’iSCSI est un protocole de communication permettant d’encapsuler des instructions SCSI dans des trames IP. L’avantage pour un serveur est d’accéder en mode bloc à la baie iSCSI placée sur le réseau local. Le concept est nouveau, puisque, sur IP, seul le service de fichiers autorise le partage d’un espace de stockage par plusieurs serveurs.Ce protocole n’est pas encore officiellement reconnu mais il devrait l’être par le Snia en janvier 2002. Toutefois, certains produits sont d’ores et déjà apparus. IBM et Cisco en proposent déjà, et HP le fera très prochainement. Notre laboratoire a passé au crible la seule baie iSCSI disponible sur le marché, l’IP Storage 200i d’IBM. Impression générale : le produit est encore jeune. IBM ne s’en cache pas et se dit prêt à pallier ses insuffisances. Celles-ci portent plus sur les fonctions d’exploitation que sur ses performances.

Le partage des ressources n’est pas automatiquement restauré

La première limite concerne les vLUN (Virtual Logical Unit Number). La baie permet de configurer jusqu’à huit LUN ?” regroupement de plusieurs disques. Chacun se subdivise en plusieurs espaces logiques attribués aux différents clients iSCSI, ou vLUN. La baie en compte deux cent cinquante-six au maximum. Mais, une fois paramétrées, ces dernières ne sont pas modifiables. Sauf à les supprimer dans leur ensemble. Une autre insuffisance apparaît dans le cas du redémarrage du serveur, car le partage des ressources n’est pas automatiquement restauré. Autrement dit, la configuration associant les groupes d’utilisateurs et les vLUN est perdue. En effet, le service associé à la reconnexion du client iSCSI s’effectue dans les couches hautes. Or, le partage des disques, réalisé à un niveau inférieur, ne peut être restauré que si le client est reconnecté. Résultat, le système est forcé de court-circuiter l’étape “partage des ressources”. L’administrateur se voit donc contraint de redistribuer manuellement les groupes en fonction des ressources. L’IP Storage 200i ne permet pas non plus d’avertir l’administrateur en cas de rupture du lien IP. L’alerte, lorsqu’elle apparaît, est véhiculée par l’application qui tente de lire ou d’écrire les données sur disques. Mais si l’utilisateur ne sollicite pas l’application, il n’a aucun moyen de détecter les conflits. Pour qu’une unité de stockage puisse adresser de tels messages d’alerte, elle doit être pourvue de deux contrôleurs mis en cluster et, surtout, permettre le doublement de ses chemins d’accès vers les serveurs. Ces deux fonctions, qui équipent la plupart des baies Fibre Channel, manquent au produit d’IBM.On regrettera, enfin, que les quatre canaux SCSI que compte la baie soient exclusivement associés à une batterie de disques. Le premier d’entre eux est relié aux disques internes, et les trois autres à des modules qui peuvent être greffés en supplément. Si ceux-ci ne sont pas utilisés, les trois canaux restent donc inexploités.De ce fait, ils ne soulagent pas le premier. Mais ce n’est qu’un inconvénient relatif, puisqu’un contrôleur Ultra 160 offre un débit de 160 Mo/s. Cette performance est largement suffisante pour une grappe de six disques, dont le débit pratique reste à 10-12 Mo/s. La configuration aurait été problématique si IBM avait placé quinze unités par baie ?” le maximum autorisé en SCSI.

Une administration en mode console ou par un navigateur

La supervision et l’installation de la baie semblent, en revanche, fonctionner sans difficulté particulière. La baie s’administre en mode console ou par un navigateur, IBM ayant développé un service web d’administration ?” accessible par les interfaces réseau Ethernet 10/100 ou Gigabit Ethernet. Une fois les volumes logiques définis et les clients iSCSI connectés, le partitionnement ou le formatage s’exécutent facilement.Reste la performance. Le nombre de transactions effectuées par la baie IP Storage 200i (équipée d’une carte Ethernet Gigabit) est inférieur à celui d’une baie Fibre Channel d’IBM, la FastT200 Storage Server, produit le plus proche que notre laboratoire ait testé récemment. Si les deux baies offrent le même débit théorique, ce résultat est cependant logique : l’accès à la baie iSCSI passe par des couches logicielles plus consommatrices de ressources que celles utilisées en Fibre Channel.Pour réduire ces temps, il conviendra d’utiliser des cartes iSCSI, qui soulagent les processeurs du serveur en prenant en charge les opérations d’encapsulation des blocs SCSI dans les trames IP. Les performances de ce nouveau produit s’avèrent donc encourageantes. La régularité des mesures est très bonne.Néanmoins, certains points restent à améliorer. Il semble que la priorité de Big Blue ait été de sortir le plus vite possible la première baie iSCSI, et d’asseoir ainsi sa présence autour d’une nouvelle technologie concurrente du Fibre Channel.

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Vincent Berdot