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Pourquoi l’étude d’UFC-Que Choisir sur les réseaux 3G crée la polémique

La communication agressive de l’association met en cause les opérateurs. Piqués au vif, ceux-ci en dénoncent la méthode et la teneur. Décryptage.

Pourquoi l’étude UFC-Que Choisir mettant en cause les insuffisances des réseaux 3G en France a t-elle suscité d’aussi vives réactions de certains opérateurs ainsi épinglés ? 

Les résultats de l’étude tout autant que la mise en cause des opérateurs, accusés de “délaisser” leurs réseaux 3G au profit de la 4G, créent la polémique, dans un contexte tendu pour les acteurs des télécoms français.

Le constat de l’étude est a priori sévère. Il critique à la fois l’insuffisance des débits 3G constatés sur le terrain et la mauvaise qualité globale de l’accès aux services vidéos en straeming et au téléchargement d’applications.

La méthode et les résultats de l’étude sur les débits portent, toutefois, en eux-mêmes leurs propres limites. Aucune étude ne pourra reproduire le vécu des abonnés mobiles 3G en France. Celle-ci s’appuie sur 3040 mesures effectuées dans 4 régions avec deux types de smartphones de génération moyennement récente (iPhone 4S et Galaxy S2).

Une étude dont les résultats de débits peuvent varier selon les zones de mesure

Si l’UFC-Que Choisir a augmenté de 21,3 % le nombre de ses mesures, on pourra noter que les résultats de débits effectués pour la première fois sur Grenoble sont, par exemple, plus favorables à Free que ceux communiqués en Ile-de-France, à Lille et Toulouse.

En effet, sur Grenoble, 91,7% des débits relevés sur le réseau 3G propre de Free sont supérieurs à 2 Mbits/s. Orange et SFR obtiennent par contre un résultat plus médiocre avec seulement 50% des débits supérieurs à 2 Mbits/s.

Ce simple constat montre les difficultés à extrapoler les leçons des mesures de terrain au niveau national, les résultats variant selon les zones géographiques. Un des opérateurs mis en cause a d’ailleurs beau jeu de souligner le côté partiel de cette étude.

On peut penser que, c’est pour cette raison que l’UFC-Que Choisir fait appel aux consommateurs pour alimenter l’Observatoire de la couverture de l’Internet mobile du territoire qu’elle met en place. Les mobinautes devront télécharger son application gratuite « Info Réseau » sur le Play Store  afin d’enrichir sa base de données

Une communication “agressive”, déstabilisante pour les opérateurs

Mais, c’est dans sa communication agressive et sur son interprétation à propos de la stratégie des opérateurs que l’UFC-Que Choisir dérange le plus et peut prêter le flan à la critique. 

« Le peu d’appétence actuelle des Français pour la 4G peut laisser penser aux opérateurs que pour inciter les consommateurs à se ruer vers des offres 4G, il ne serait pas inopportun de justement dégrader cette 3G » incrimine UFC-Que Choisir.

Orange a immédiatement réagi de manière virulente : « Il est absolument insensé de prêter à Orange la volonté de dégrader la qualité de son réseau quel qu’il soit ».

Antoine Autier, chargé d’études chez UFC-Que Choisir, se défend en déclarant :« Notre étude fait le constat de la concordance entre une dégradation générale de la qualité des accès au service sur les réseaux 3G et la promotion active de la 4G par les opérateurs »

Free, directement mis en cause, veut porter plainte

Free n’étant pas visé directement par l’accusation de privilégier son réseau 4G, l’étude lui consacre, néanmoins, un chapitre complet très critique. L’opérateur est mis en cause sur le déploiement de son réseau 3G. Les mesures révèlent des taux de non-qualité élevés sur l’accès aux services de streaming et de téléchargement d’applications.

« Est-il assez développé pour accueillir les abonnés de Free dans de bonnes conditions ? » avance UFC-Que Choisir. L’association suggère qu’il privilégie la couverture géographique de son réseau 3G sur sa densité. Incriminé directement, Free l’accuse en retour de se faire de la promotion sur son dos.

Pour la première fois, l’opérateur se dit prêt à saisir la justice contre l’association qui, selon lui, « s’appuyant une nouvelle fois sur une étude partielle et partiale avec une méthodologie très contestable qui ignore la réalité de l’usage, tente d’accroitre sa notoriété au détriment de Free ».

L’étude attendue de l’Arcep sur la qualité de service des réseaux mobiles

Sans entrer dans la polémique, Free est en cours de déploiement de son réseau 3G, avec pour obligation impérative, le respect d’un objectif de couverture de 75 % de la population en 2015.

Il semble, en outre, rencontrer des aléas propres. Il fait face à l’opposition grandissante de riverains lorsqu’un opérateur souhaite implanter de nouvelles antennes 3G/4G sur les toits des bâtiments.

Si l’UFC-Que Choisir est dans son rôle d’aiguillon en dénonçant une qualité de service 3G a priori largement perfectible, sa communication agressive a le don de braquer les opérateurs mobiles.

Ses critiques gênent les trois opérateurs historiques à un moment où ils sont malmenés par la concurrence agressive de Free Mobile qui les place, depuis 2012, sur la défensive.

Orange va jusqu’à contester, à mots couverts, le bien fondé de l’étude de l’association de consommateurs. « L’UFC a diligenté une série de mesures sur ces sujets de son propre chef. L’Arcep a mis en place de longue date un dispositif annuel de mesures » suggère l’opérateur historique.

Pour savoir à quoi s’en tenir, il se pourrait bien qu’il faille attendre la publication prochaine par l’Arcep de son observatoire 2013 sur la qualité de service des réseaux des opérateurs mobiles. En attendant la prochaine polémique ?

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Frédéric Bergé