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Pourquoi la TNT passe-t-elle à la HD ? Pour doper la 4G !

Panique devant nos téléviseurs: vont-ils encore fonctionner demain ? Oui ! Mais pourquoi ce changement de technologie ? Les raisons sont nombreuses et diverses. Les voici.

Lors de la présentation de ses pronostics pour les ventes de téléviseurs dans l’Hexagone pour l’année 2015 et les années à suivre, Mathieu Cortesse, analyste pour GfK, soulignait plusieurs éléments qui ont soutenu la vente d’appareils en 2014 et devraient continuer à produire des effets bénéfiques en 2016 également. Tout d’abord,  les premiers écrans plats HD ont dix ans, il y a et aura donc un effet de renouvellement logique de ces produits. Tendance qui devrait être maintenue sur plusieurs années. Ensuite, en avril 2016, la TNT deviendra HD uniquement, ce qui veut dire que les téléviseurs les plus vieux ne seront plus capables de recevoir de signal…

Les fréquences de la TNT libérées pour doper la 4G

Mais pourquoi passer à la TNT HD ? Il y a l’évident gain de la HD contre la définition dite « standard » ou SD. Un changement d’autant plus important que les écrans de nos téléviseurs sont de plus en plus grands et que la qualité d’image doit être la meilleure possible pour en tirer profit.
Mais il y a un autre avantage, « technologique » dont l’intérêt dépasse le cadre télévisé. La TNT utilise le standard Mpeg-2 pour sa diffusion, tandis que le Mpeg-4 assure celle de la TNT HD. Or, l’encodage en Mpeg-4 est plus efficace et nécessite une plage de fréquences moins importante pour assurer la diffusion d’autant de chaînes. Autrement dit, on peut faire autant avec moins de fréquences.
Or, les fréquences sont une denrée rare. D’autant plus que celles allouées à la TNT (de 694 à 790 MHz) sont au cœur d’une attention très particulière. Une partie d’entre elles seront réattribuées aux opérateurs mobiles et leur 4G, appelées à être le « nouveau dividende numérique », comme les qualifie Sébastien Soriano, président de l’Arcep. Il faudra toutefois être patient pour voir leur nouvelle utilisation.

Comme le rappelait Olivier Schrameck, président du CSA, lors de son intervention devant une commission sénatoriale le 5 février dernier,  « l’attribution des fréquences aux opérateurs de télécommunications se déroulera en décembre 2015 », tandis que leur « transfert effectif aura lieu entre le 1er octobre 2017 et le 30 juin 2019 ». Les opérateurs se verront donc attribuer des fréquences non encore libérées.

Car comme le rappelle le site de l’Arcep, « la réaffectation des fréquences de la bande 700 MHz s’inscrit dans un mouvement international », à trois étages. Le premier, mondial, est lié à la Conférence mondiale des Radiocommunications. Réunis en 2012, ses membres avaient décidé « d’une identification de la bande 700 MHz pour le service mobile en Europe ». Le deuxième étage est européen et c’est la Commission européenne qui a décidé d’initier un processus d’harmonisation de la bande 700 MHz sur le Vieux Continent. Le troisième et dernier étage de cette fusée est bien évidemment national. C’est le Premier ministre, après arbitrage du Président de la République, qui a annoncé, fin 2014, un calendrier concernant les fréquences 700 MHz.

Quoi qu’il en soit pour les téléviseurs, l’essentiel se passera en 2016. « La norme de compression MPEG-4 pour la diffusion de la TNT sera généralisée en avril 2016, avec pour conséquence l’arrêt de la diffusion en MPEG-2 », expliquait Olivier Schrameck. Autrement dit, en avril 2016, il faudra avoir un téléviseur compatible TNT HD ou lui adjoindre un adaptateur TNT HD, qui coûtera quelques dizaines d’euros.

Des enjeux économiques colossaux

Derrière ces grandes manœuvres, le Gouvernement a également un intérêt. Olivier Schrameck rappelle en effet que « le Gouvernement espère un gain de 2,1 milliards d’euros », qui pourrait être tiré de la vente des licences d’exploitation de ces nouveaux champs de fréquences aux opérateurs mobiles.

La réattribution de ce « patrimoine immatériel de l’Etat », comme l’appelle Sébastien Soriano, est au cœur d’un enjeu économique colossal, qui dépasse de loin les quelque deux milliards d’euros que pourrait récupérer l’Etat. Il s’agit de préparer le terrain pour la prochaine révolution économique, faite de mobilité, de données et d’internet des objets, comme le rappelait le président de l’Arcep lors d’une audition devant la commission sénatoriale des affaires économiques.

Des TV malgré tout bientôt obsolètes ?

On l’a entraperçu, l’enjeu de transition à marche forcée de la TNT vers la TNT HD est colossal et dépasse le simple cadre télévisuel, comme l’explicitait clairement Sébastien Soriano le 4 janvier dernier devant le Sénat.
Pour autant, précipiter le passage au MPeg-4 pourrait s’avérer un mauvais choix, fait dans l’urgence. Cette technologie, pour efficace qu’elle soit, aurait pu être remplacée par un autre standard de diffusion, le HEVC. Ce dernier serait d’ailleurs bien plus adapté à de nouveaux usages émergents. Il est ainsi apte à gérer la compression des vidéos très haute définition (HD, 4K et même 8K) ou même à assurer la diffusion de contenus SD avec des débits réduits…
Le HEVC semble donc l’avenir de la diffusion télévisuelle. Vos téléviseurs compatibles MPeg-4 l’ont échappé belle mais sont d’ores et déjà obsolètes, comme il en va souvent avec les technologies… En attendant, suivez le guide pour savoir si vos téléviseurs pourront afficher la TNT HD après avril 2016.

A lire aussi :
Ventes des fréquences 700 MHz, Free pourrait vraiment y trouver son intérêt – 06/10/2014

Sources :
CSA

Sénat

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Pierre Fontaine