Passer au contenu

Pour une publicité sans secteurs interdits

Près de 300 chaînes numériques commerciales ou associatives pourraient voir le jour dans les deux années à venir, alors que l’on en compte pas plus d’une centaine aujourd’hui.

Avant la fin mars, le lancement d’un premier appel à candidatures, pour le Grand Ouest, la région Rhône-Alpes et l’Île-de-France marquera le changement d’échelle de la télévision locale. Compte tenu des arbitrages effectués par le CSA, près de 300 chaînes numériques commerciales ou associatives pourraient voir le jour dans les deux ans à venir, alors que l’on en compte moins d’une centaine aujourd’hui ?” câble (environ 80), voie hertzienne analogique (une douzaine) et internet (quelques-unes) confondus.

Inconnues multiples

L’intérêt du public pour les programmes semble avéré : 79,8 % de téléspectateurs réguliers et une information jugée “fiable et crédible” à 80 % par les foyers concernés, d’après une étude sur les chaînes locales du câble menée en décembre par Médiamétrie ; une part d’audience de 34,2 % pour l’édition régionale du 19/20 de France 3 dans la semaine du 18 au 24 février, pour s’en tenir aux illustrations récentes. Trouver un débouché à cet intérêt et un équilibre économique à la télévision locale suppose de résoudre une équation à inconnues multiples :
– techniques avec, par exemple, l’organisation des multiplexes dits locaux, qui pourraient associer les chaînes privées, France 3 et les télévisions numériques régionales (TNR) du service public, ou la combinaison des émetteurs principaux et d’éventuels réémetteurs de complément ;
– éditoriales avec l’examen par les chaînes locales de l’opportunité de dépasser (seules ou par le biais de coproductions ou d’achats groupés) le territoire de l’information ?” journaux, magazines, etc. ?” pour intégrer des émissions vie pratique, “lifestyle”, voire de divertissement ;
– financières avec l’allégement des budgets de production de films publicitaires, condition de compétitivité auprès d’annonceurs régionaux, la mise en place en direction des annonceurs nationaux d’un réseau de syndication commerciale présent sur tout le territoire, ou encore l’éclaircissement des conditions de soutien public…Il manque une dimension à ce triptyque pour définir le “carré magique” de la télévision locale : les paramètres juridiques, dont l’influence est essentielle. Pour en rester aux aspects principaux :
– clarification des conditions de prises de participation dans les chaînes locales par les collectivités locales et création évoquée d’un fonds de soutien à la télévision associative. L’interdiction des premières est contournée par la mise en place de “SEM dédiées” ; le fonds de soutien pourrait être évoqué par le rapport sur les télévisions citoyennes de proximité attendu du gouvernement.
– volume de programmes frais attendus quotidiennement des chaînes locales et conditions spécifiques de soutien à la production ; le texte de l’appel à candidatures du CSA devrait préciser le premier, tandis que le gouvernement a annoncé un décret spécifique pour fixer les secondes.

Quotidiens et radios déterminés

Reste l’incontournable question : l’ouverture à la publicité des “secteurs interdits” (distribution, presse, cinéma et édition), considérée comme un paramètre essentiel par le CSA. En première analyse, la conjoncture ne favorise pas une décision rapide : morosité des marchés publicitaires et offensive des quotidiens gratuits ne sont pas faits pour assouplir les positions des éditeurs de presse quotidienne et des opérateurs radios.Mais la procédure engagée devant les instances européennes et, à échéance plus proche, la pression des nouvelles chaînes en direction du gouvernement issu des élections législatives obtiendront-elles la suppression de ces “interdits” ? Certains seraient tentés d’y voir un signe de triomphe de l’écran sur lécrit…* consultant nouveaux paysages audiovisuels

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Bailly*