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Pour Sergey Brin, fondateur de Google, l’intelligence artificielle est un voyage sans retour

L’intelligence artificielle est en train de bouleverser nos vies de façon irrémédiable, selon le président d’Alphabet. Pour le meilleur mais avec aussi le risque de dommages collatéraux.

Comme tous les géants de la tech, Google a l’habitude de seriner qu’il veut rendre le monde meilleur. “Don’t be evil” (“Ne soyez pas malveillant”) a même longtemps été la devise de l’entreprise jusqu’à ce que Larry Page assume en 2014 que ce slogan devait évoluer devant les défis posés par la robotique et les biotechnologies.
Tout en affirmant rester confiant sur la capacité d’Alphabet à faire le bien grâce aux progrès technologiques, l’autre fondateur de Google, Sergey Brin, reconnaît que le développement de l’intelligence artificielle pourrait aussi occasionner des dommages qui ne seront pas forcément contrôlables.

“Ces outils puissants apportent de nouvelles questions et de nouvelles responsabilités. Comment vont-ils affecter l’emploi dans différents secteurs ? Comment pouvons-nous comprendre ce qu’ils font en profondeur ? Qu’en est-il des mesures d’équité ? Comment pourraient-ils manipuler les gens ? Sont-ils sûrs ?”, s’interroge-t-il dans une lettre adressée aux investisseurs d’Alphabet et mise en ligne en fin de semaine dernière.
Selon lui, impossible de faire l’impasse sur un grand débat concernant les impacts de ces avancées. “Bien que je sois optimiste quant à la possibilité de faire appel à la technologie pour résoudre les plus grands problèmes du monde, nous sommes sur une voie que nous devons suivre avec une profonde responsabilité, de l’attention et de l’humilité”, a-t-il encore ajouté.

Google collabore avec le Pentagone

Le site The Verge rappelle d’ailleurs fort à propos que  Google a reconnu au mois de mars dernier aider le Pentagone à déployer des outils d’apprentissage automatique pour analyser la vidéo de surveillance des drones.
La société a déclaré que cette technologie n’était pas utilisée dans le cadre des drones tueurs, qui permettent des assassinats commandés à distance par les Etats-Unis contre des cibles jugées terroristes. Mais l’affaire a suscité un grand émoi en interne. Sergey Brin passe ainsi sous silence les agissements les plus controversés d’Alphabet et préfère mettre en avant les résultats les plus flatteurs, rappelant que la société a “aidé les médecins à diagnostiquer des maladies, telles que la rétinopathie diabétique” mais aussi “à découvrir de nouveaux systèmes planétaires”.

Plus surprenantes sont les références littéraires choisies par Brin pour commencer sa lettre. Laissant de côté les allusions faciles à la science-fiction, Brin préfère citer Dickens et le début de son roman Le Conte de deux cités (1859) qui se déroule durant la Révolution française entre la France et l’Angleterre. “It was the best of times, it was the worst of times” (“C’était le meilleur moment, c’était le pire des temps”). Incroyable comparaison avec une période politique sanguinaire qui a broyé des vies mais aussi jeté les bases d’une société plus juste et érigé les libertés individuelles au rang de droit fondamental. Une ère troublée doublée d’une autre Révolution, industrielle celle-là, qui a abouti à la naissance du capitalisme. Voilà qui ne va pas rassurer les détracteurs de l’IA. Mais Sergey Brin n’a pas l’intention d’apaiser les craintes des plus pessimistes. Car, pour lui, il n’y aura pas de retour possible en arrière.

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Amélie Charnay