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Pour avoir grossi trop vite, Integra doit se vendre

Plombée par de lourdes pertes, la société française de conseil informatique et d’hébergement de sites est contrainte de fusionner avec l’Américain Genuity.

C’est l’histoire d’une ancienne star du Nouveau Marché, introduite au cours de 4 euros le 2 juin 1999, et qui, après avoir atteint le cap des 58 euros au début de l’année, a fini par faire son entrée dans le club très peu prisé des penny stocks (1,5 euro). Accusant une perte de près de 350 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 51,3 millions, on ne lui prédisait que six mois à vivre ! Bâtie à coup de croissance externe, Integra a voulu grossir bien trop rapidement.L’acquisition du Norvégien Infostream lui a ainsi permis de doubler sa taille. Le hic, c’est que cet achat a été réalisé juste avant le dégonflement de la bulle financière des valeurs internet ! L’entreprise avait dû se résoudre à un amortissement exceptionnel de plus de 200 millions d’euros. C’est cette opération comptable que le marché avait sanctionnée sans appel. Depuis plusieurs mois, l’entreprise dirigée par Philippe Guglielmetti cherchait un cheval blanc. C’est finalement la société américaine Genuity, fournisseur d’infrastructures pour l’e-business, cotée au Nasdaq, qui se porte acquéreur du Français. Elle vient de lancer une offre publique d’échange (OPE). L’opération était tentante pour l’Américain : il rachète Integra à la moitié de son cours d’introduction et renforce ainsi sa présence en Europe.

Des contre-OPE possibles

Mais elle n’en reste pas moins hasardeuse, pour le prédateur comme pour la cible. En effet, l’Américain n’est pas en pleine santé financière. Il accuse une perte nette consolidée de 1,12 milliard d’euros pour l’exercice 2000 et de 345 millions d’euros au premier trimestre. Par ailleurs, il vient d’annoncer le licenciement de 12 % de ses 500 salariés. Son chiffre d’affaires 2001 sera plus proche de 1,54 milliard d’euros que des 2 initialement prévus. Quant à l’équilibre financier, il ne sera pas au rendez-vous avant 2002. Mais le tableau n’est pas si sombre. L’Américain peut compter sur son actionnaire de référence, l’opérateur de télécoms Verizon, qui vient de lui consentir un prêt d’1,064 milliard d’euros afin qu’il puisse lever jusqu’à 2,4 milliards d’euros auprès d’un établissement bancaire. Mais d’autres opérateurs évoqués comme repreneurs (Colt, KPN, ou Cable & Wireless) n’ont pas dit leur dernier mot. Ils pourraient lancer une contre-OPE.

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