Passer au contenu

Portraits de l’été (4/7) : après Dailymotion, il veut créer le Wikipédia de l’art

Le cofondateur de la célèbre plateforme vidéo lance un site qui vise à répertorier des oeuvres du monde entier.

Benjamin Bejbaum, fondateur d’ArtDB
Benjamin Bejbaum, fondateur d’ArtDB – Benjamin Bejbaum, fondateur d’ArtDB

J’admirais une œuvre. Et, tout à coup, ça m’a semblé évident. » C’est au musée, il y a cinq ans, que Benjamin Bejbaum dit avoir imaginé ArtDB, un système de partage en ligne de photos d’œuvres d’art. « Mais en permettant de les annoter avec des tags, façon Facebook. » Taguer un cliché consiste à placer des zones cliquables auxquelles correspondent des textes informatifs. Objectif ? Rassembler un maximum d’informations sur chaque œuvre et permettre, via ces mots-clés, d’en découvrir d’autres. C’est là tout le principe d’ArtDB qui, en phase de tests depuis dix-huit mois, devrait être lancé d’ici quelques semaines.

“Les business qui marchent sont ceux qui naissent d’un hobby”

A chaque œuvre, une fiche détaillée. A 37 ans, notre entrepreneur n’en est pas à son coup d’essai : il fut un des fondateurs de Dailymotion. À l’image du site de partage des vidéos, ArtDB sera aussi un site Web communautaire, déclinable sous la forme d’une appli pour mobiles. Les internautes pourront y poster leurs propres clichés de peintures, de sculptures, d’architectures, mais aussi de street art, mobiliers, mosaïques…

Au cœur d’ArtDB, le système d’annotations permettra d’identifier tous les éléments présents sur leurs photos, du simple pot de fleur au personnage principal, afin d’expliquer l’œuvre avec précision. Chaque œuvre disposera d’une fiche plus détaillée que celles des musées.

« ArtDB peut être comparé à IMDb, le site qui répertorie une quantité phénoménale d’informations sur le cinéma et la télévision », explique Benjamin Bejbaum. Phénoménale, oui : IMDb est la plus grande base de données audiovisuelle avec un index de plus de deux millions d’entrées (films, séries TV, shows télévisuels…) et quatre millions de fiches sur les personnalités du secteur. Pour le concepteur d’ArtDB, « si vous cliquez sur Zurich dans la fiche d’un tableau représentant cette ville, le site affichera toutes les œuvres liées à cette cité suisse ». L’un des intérêts de ce nouveau service est de pouvoir naviguer de mot-clé en mot-clé afin d’approfondir ses connaissances sur l’art. « Je veux donner envie d’aller voir les œuvres originales dans les musées et de faire les visites guidées. »

Promouvoir les collections

Le modèle économique d’ArtDB réside dans les partenariats passés avec les musées, collectivités locales, artistes, agences de photo et ayants droit d’œuvres en tout genre. ArtDB leur sera proposé afin qu’ils puissent créer leur propre service de partage d’images et promouvoir leurs collections. Et lors de son lancement, les internautes pourront enrichir eux-mêmes les fiches de plus de deux mille œuvres, des contenus achetés à trois agences photo dont celles de la Réunion des musées nationaux (France), de la Scala (Italie) et de la Bridgeman Art Library (Royaume-Uni). « Nous avons travaillé avec des historiens pour enrichir les informations et le système d’annotations. »

Après quatre années de développement, ArtDB emploie une dizaine de personnes. Benjamin Bejbaum a financé son projet avec Christophe Camborde et Yannick Lacastaigneratte, cofondateurs du service de stockage en ligne Steek. Le trio a bénéficié du soutien d’Oséo, la banque publique d’aide aux PME françaises, ainsi que de quelques fonds privés, issus du milieu de l’art. L’entrepreneur en série achève ainsi sa troisième création de sociétés high-tech.

L’étudiant de 1997 était pourtant loin d’imaginer ce parcours lorsqu’il s’est inscrit à la Sorbonne pour suivre des cours d’histoire. Il avait déjà tourné le dos à des études de maths et à celles de l’école d’ingénieur Epita. Mais en 1999, il fait une rencontre décisive avec un gérant de cybercafé. « Nous avons beaucoup discuté. Puis il m’a proposé de travailler avec lui. J’ai appris à réaliser des sites Web. » L’été suivant, fort de cette expérience, il crée sa propre agence Web. Iguane Studio demeure rentable : elle héberge notamment l’infrastructure du service d’écoute musicale français, le célèbre Deezer.

En 2005, il se lance dans une deuxième création d’entreprise avec son ami Olivier Poitrey. C’est l’aventure Dailymotion. L’idée lui est venue lors d’un voyage à New York, après avoir filmé la ville enneigée. « Impossible à l’époque de trouver un moyen de partager simplement ses vidéos en ligne. Sur les sites comme Vimeo, il fallait d’abord encoder ses films pour les adapter au Web », se souvient-il.

Le « YouTube à la française » est ainsi né d’un besoin personnel : un service Web qui se charge de tout, où il suffit de poster pour partager. De mars 2005 à avril 2008, date de son départ de l’entreprise, Dailymotion ne va cesser de grandir. Aujourd’hui, sans lui, elle se cherche un nouvel avenir. Comme elle, ArtDB a été fondé pour satisfaire l’un des hobbies de Benjamin Bejbaum. « C’est pour moi le meilleur moyen de débuter une activité. »


🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Christophe Guillemin