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Vive polémique sur le vote en ligne pour la primaire écologiste

La possibilité de voter sur Internet pour désigner le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts suscite des critiques dans le parti. Une pétition a même été mise en ligne pour dénoncer ce moyen.

La campagne pour l’élection présidentielle de 2012 a déjà commencé. Au sein d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) tout du moins. Le nouveau parti organise d’ores et déjà une élection primaire pour désigner son candidat. Ils sont quatre en lice (Nicolas Hulot, Eva Joly, Stéphane Lhomme et Henri Stoll), et trois débats ont été organisés à l’occasion du premier tour.

Les personnes inscrites pour voter peuvent le faire par courrier (jusqu’au 24 juin) ou par Internet (jusqu’au 23), la plate-forme prévue à cet effet étant désormais ouverte. Mais ce deuxième moyen suscite aujourd’hui des remous. Selon l’AFP, le directeur de campagne d’Eva Joly, Sergio Coronado, a écrit à l’état-major d’EELV pour demander que les règles de participation soient respectées, afin d’éviter que le vote soit sujet à la contestation. Pourquoi ?

Retard dans les vérifications d’identité

Sur les quelque 32 000 personnes inscrites, un bon quart n’auraient pas transmis de justificatif d’identité. Il s’agit de « coopérateurs », autrement dit de simples sympathisants du parti, qui n’y sont pas inscrits. L’équipe dirigeante d’EELV a reconnu avoir pris du retard dans ces vérifications. « Les gens dont l’identité n’aura pas été vérifiée avant le début du vote ne verront pas leur espace ouvert pour voter », a indiqué Philippe Meirieu, président du conseil fédéral du parti, à l’AFP.

Mais ce vote par Internet ne dérange pas uniquement l’équipe d’Eva Joly. Un autre candidat à la primaire, Stéphane Lhomme (l’opposant à Nicolas Hulot), dit dans un communiqué « s’attendre à un coup de force du clan Hulot par l’intermédiaire d’un vote électronique opaque ». Il demande en conséquence que les suffrages exprimés sur Internet ne soient pas pris en compte.

Deux e-mails d’identification au lieu d’un

Dans un courriel, il écrit à 01net. qu’on « ne sait pas combien d’identités ont pu être vérifiées sur les 8 000, mais il reste forcément des milliers d’e-mails sans identité, c’est insensé. Par ailleurs, il y a des bugs. Des milliers de gens ont reçu deux confirmations : la leur et celle d’un inconnu. De façon générale, le vote électronique est suspect : pas de bulletin, il y a un type qui arrive à la fin en disant “Voilà le score”, c’est inouï… »

Sur la page Facebook d’EELV, des électeurs font effectivement état de bugs, parmi lesquels ces deux e-mails d’identification reçus. Un problème qu’un journaliste de Libération a lui aussi rencontré et qu’il a évoqué devant Cécile Duflot, la secrétaire nationale d’EELV (voir la vidéo ci-dessous).

Une pétition contre le vote en ligne

Et cela ne s’arrête pas là. Hervé Suaudeau, un adhérent d’EELV hostile au vote électronique et par ailleurs militant d’Ordinateurs-de-vote.org, a publié une pétition sur le site Ecolocitoyen.org pour s’opposer à ce « scrutin électronique intrinsèquement opaque et invérifiable ». Le texte épingle aussi l’entreprise chargée d’organiser le vote, Extelia, une filiale de La Poste. Un millier de personnes l’ont, pour l’heure, signé.

« Ce que les adhérents doivent surtout savoir, c’est qu’en votant par Internet ils confieront leur vote à une entreprise choisie par le gouvernement pour servir de bras armé de l’autorité Hadopi et qui a été accusée d’une très mauvaise maîtrise des questions de sécurité informatique », souligne Hervé Suaudeau sur le site. « Quels sont les éléments de contrôle que possède la direction d’EELV pour savoir si une fraude a été opérée ? », demande-t-il.

Cécile Duflot ne cache pas ses propres réticences sur ce moyen de voter, même si elle se veut rassurante. Elle souligne que le vote par Internet a été l’objet d’âpres débats à l’intérieur d’EELV, historiquement hostile à ce procédé. Le vote pour le deuxième tour sera ouvert en ligne du 30 juin jusqu’au 6 juillet. La polémique n’est sans doute pas terminée.


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Guillaume Deleurence