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Plusieurs procédés aux qualités disparates

L’émergence de services géodépendants représente l’une des clés du développement du marché de l’internet mobile. Mais pour offrir une valeur ajoutée apte à séduire les utilisateurs,…

L’émergence de services géodépendants représente l’une des clés du développement du marché de l’internet mobile. Mais pour offrir une valeur ajoutée apte à séduire les utilisateurs, de tels services doivent s’appuyer sur des systèmes de positionnement fiables et sur des plates-formes d’intermédiation qui mettent en forme l’information et gèrent la préservation de la vie privée. Pour le système de positionnement proprement dit, on pense immédiatement au bon vieux système GPS, dont le service est gratuit. Il présente pourtant de gros inconvénients. Sa précision n’est certes pas en cause, mais la couverture du service devient aléatoire en environnement urbain. Là où, justement, seraient mieux rentabilisés la plupart des services géodépendants. De plus, le GPS augmenterait le coût et l’encombre- ment des terminaux. Enfin, il souffre d’un délai d’initialisation qui peut atteindre plusieurs minutes (la position étant ensuite délivrée en temps réel).

Plusieurs procédés aux qualités disparates

Heureusement, il existe des alternatives. Les réseaux GSM, constitués de milliers d’émetteurs-récepteurs couvrant autant de cellules, portent en eux les germes d’un système de positionnement. De cette idée sont nés une poignée de procédés qui se différencient par le coût de mise à niveau du réseau de l’opérateur, par la nécessité ou non de renouveler le parc de terminaux et par la précision des mesures. Baptisé Cell-ID, le procédé le plus simple se contente d’identifier la cellule dans laquelle se trouve l’utilisateur ?” une information déjà disponible, car indispensable au fonctionnement des réseaux de téléphonie mobile. La mise à niveau de ces derniers est donc élémentaire, puisqu’il faut seulement centraliser l’information sur un serveur qui, par ailleurs, héberge une base de données fournissant la position de chaque émetteur-récepteur et, éventuellement, de l’angle qu’il couvre (*). Quant aux terminaux existants, ils suffisent à l’affaire. Mais la précision de cette méthode est médiocre ?” de cent à cinq cents mètres en ville, contre plusieurs kilomètres en campagne.Avec les procédés NMR (Network Measurement Results) et Timing Advance, on mesure respectivement la puissance du signal et son délai de transit entre le terminal et l’émetteur-récepteur de la cellule. Le NMR ne nécessite qu’une faible mise à niveau du réseau ?” le bon fonctionnement de ce dernier requiert déjà, en effet, une mesure de la puissance du signal ?”, mais il impose une modification du logiciel des terminaux par les constructeurs. Avec le Timing Advance, c’est exactement l’inverse : on s’accommode des téléphones existants, mais l’investissement est plus important côté réseau, puisque la mesure du délai de transit n’est initialement pas prévue. Quant à la précision, elle est variable, puisqu’on évalue la distance entre le terminal et une seule cellule. Si cette distance est maximum, la précision est presque aussi médiocre qu’avec le Cell-ID, le terminal étant localisé sur un cercle et non plus sur un disque. Avec une précision oscillant entre vingt-cinq et quatre cents mètres en ville, le Timing Advance affiche un léger avantage sur le NMR. Ces deux procédés peuvent en outre être perfectionnés grâce à des mesures réalisées sur différentes cellules. Ce qui permet ensuite d’effectuer une triangulation. Celle-ci ne change rien côté terminal, mais elle complique la mise à niveau du réseau.A moyen terme, le procédé en tête des pronostics est l’Enhanced Observed Time Difference (E-OTD), qui correspond au Timing Advance, complété par une triangulation à partir de six cellules. Enfin, il existe un système un peu particulier, baptisé Assisted GPS, qui exploite à la fois le GPS et le réseau GMS (lire encadré La technologie). Quelle que soit la technologie retenue, l’opérateur doit donc l’implémenter au c?”ur de son réseau. Et ce avec l’aide de l’un des quelques spécialistes du secteur, dont la plupart sont des petites sociétés. Récemment racheté par Qualcomm, Snaptrack se fait ainsi l’apôtre de l’Assisted GPS. Cambridge Positioning Systems ne s’intéresse qu’à l’E-OTD. Cellpoint, lui, se limite pour l’instant au Cell-ID, au NMR et au Timing Advance. Ces spécialistes sont généralement fournisseurs OEM de constructeurs d’équipements réseaux comme Nortel, Alcatel, Siemens ou Ericsson, qui, eux-mêmes, commencent à développer leur propre technologie ?” en commençant par le Cell-ID.

Mettre en forme et délivrer l’information

La mise en ?”uvre d’un procédé de localisation est insuffisante. Il s’agit aussi de délivrer les informations correspondantes auprès des services géodépendants, qu’ils aient été développés par l’opérateur GSM ou par des tiers. Cette fonction est assurée par des serveurs d’intermédiation capables de supporter des charges très importantes et de répondre à des requêtes encapsulées dans des messages XML, aussi bien en mode pull que push. En mode pull, une application demande typiquement les coordonnées X,Y de tel abonné. En mode push, le serveur informe l’application du fait qu’un abonné entre dans telle zone, qu’il s’écarte de tel chemin ou qu’il se rapproche de tel autre abonné, ces critères ayant été préalablement définis dans une requête dotée d’une certaine durée de vie. Le rôle de ce serveur concerne également le respect de la vie privée. Il s’agit alors d’offrir aux utilisateurs les moyens de spécifier la façon dont leur position peut ou non être exploitée ?” par exemple, selon les services, les zones géographiques ou les créneaux horaires. Toutes ces informations seront ensuite délivrées de manière dynamique aux différents services.

Les premières expériences françaises

Les serveurs d’intermédiation sont vendus à la fois par les fournisseurs de technologie de localisation et par des spécialistes comme Signalsoft, Openwave, Airflash ou le Français Alternis. Ceux-ci tentent de s’interfacer avec différentes technologies de localisation en attendant qu’émerge un standard. Celui-ci est actuellement en cours de définition au sein du LIF (Location Interoperability Forum), créé fin 2000 et auquel se sont, depuis, ralliés la plupart des acteurs concernés. Il précisera notamment la grammaire XML des requêtes et des réponses.Il faut bien le dire, la mise en ?”uvre des procédés de localisation n’en est qu’à ses balbutiements. La faute à un succès mitigé des services WAP et à la nécessité de réaliser d’importants investissements. Ainsi Orange est-il en train de lancer un bouquet de services géodépendants, basés sur le seul Cell-ID. Et ce après avoir écarté l’E-OTD pour des raisons de coût de mise à niveau du réseau, ainsi que le NMR avec triangulation, car il aurait imposé le renouvellement du parc. Ce procédé a pourtant été retenu par Bouygues Telecom, qui s’apprête d’ailleurs à lancer un projet pilote. Quant à SFR, il est, comme Orange, sur le point de déployer le Cell-ID, et il a déjà testé des procédés basés sur une triangulation et sur l’Assisted GPS.(*) Sur de nombreux sites cellulaires, plusieurs émetteurs-récepteurs sont braqués dans autant de directions, couvrant ainsi chacun une fraction des 360 degrés.

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Thierry Lévy-Abégnoli