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Piratage : les maisons de disques font les comptes

Après deux années fastes, les “majors” de la musique commencent à pâtir de la concurrence déloyale de la piraterie, et notamment des échanges de fichiers sur internet. Pays le plus touché, les États-Unis.

Douche froide. La récente publication des chiffres mondiaux de ventes de supports musicaux en 2000 par la respectée Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI) apporte au majors de l’édition musicale de nouveaux griefs à l’encontre des dispositifs pirates d’échanges de fichiers, à commencer par Napster . Également visés, les pirates informatiques armés de graveurs de disques compact.Après deux années florissantes, le monde de la musique se réveille aujourd’hui sous le choc d’un infléchissement global des recettes du secteur. Et les quelque 72 millions de Napstériens n’y sont peut-être pas étrangers. Pas plus que les milliers de copieurs pirates de CD, qui, selon l’IFPI, engendraient en 1999 chez les professionnels patentés un manque à gagner de 4,1 milliards de dollars (environ 4,5 milliards d’euros) pour 450 millions de disques compacts contrefaits. De fait, les industriels sont sur les dents. Concrètement, si le marché européen reste dynamique, à l’échelle mondiale les ventes de supports musicaux diminuent de 1,3 %, à 36,9 milliards de dollars en 2000. L’année passée, l’humeur des professionnels était encore au beau fixe. Sans être exceptionnel, le chiffre d’affaires mondial de l’activité affichait alors une progression de 1,5 %, à 38,5 milliards de dollars. Selon les termes du président de l’IFPI, Jay Berman, le bilan du secteur de l’édition musicale est pour le moins mitigé.

Une nouvelle transition

On assiste peut-être au premier signe du développement du marché numérique de la musique. Le succès du téléchargement de fichiers MP3 témoigne d’une transition. Et si toutes les majors l’ont enfin compris et peaufinent leurs offres de distribution digitale, l’année dernière, les recettes de la musique se sont effondrées. Pour le continent nord-américain, qui concentre tout de même quelque 38 % des ventes totales du secteur, les dommages sont réels. Si les ventes de disques compacts connaissaient, à elles seules, une croissance insolente de 10 % en 1999, aujourd’hui, les volumes ?” sans distinction de supports ?” se sont infléchis de 4,7 %. Et ce sont les ventes de singles (CD deux titres) qui subissent la plus grande désaffection des mélomanes. Plus du tiers des ventes (39 %) s’est volatilisé. Responsables désignés, les logiciels pirates d’échange de fichiers sur internet, plaide-t-on à l’IFPI, qui continue à penser que Napster représente le meilleur moyen de récupérer le tube du moment sans débourser un centime. Sur le Vieux Continent, seules la France (413 000 utilisateurs de Napster, selon Jupiter MMXI, 800 000 selon Netvalue, pour mars 2001), l’Allemagne et l’Italie jouent les mauvais élèves. Les recettes des deux premiers reculent de 1,2 % tandis que le marché transalpin recule de 4,1 %. L’Europe dans son ensemble connaît une croissance de 1,4 % en valeur, et de 1,3 % en volume.Alors, en pleine débâcle juridique autour du peer to peer (échanges privés d’ordinateur à ordinateur), la récession du secteur sera utilisée par les industriels comme un argument supplémentaire visant à la fermeture des Napster et consorts. Mais sûrement aussi comme un appel du marché pour le développement d’une offre numérique cohérente et riche.























































 Le marché mondial de la musique régresse 
     1999     2000     Taux de croissance 
             
 Vente de supports musicaux (en volume)     3,8 milliards     3,5 milliards     -1,2% 
             
 Chiffre d’affaires (en dollars)     38,5 milliards      36,9 milliards      -1,3% 
 
Évolution des ventes de supports musicaux en volume entre 1999 et 2000

Les industriels de l’édition musicale observent, après deux années fastes, un infléchissement de leurs recettes. En 1999, le chiffre daffaires du secteur connaissait encore une croissance de 1,5 %.

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Amaury Mestre de Laroque