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Pierre Pezziardi (Octo Technology)

‘ Pour être réactive, une entreprise doit concevoir son système d’information dans son ensemble. ‘

01 Informatique : Qu’entend-on par qualité des données ?


Pierre Pezziardi : La qualité des données est un problème simple, avec des implications techniques complexes. Un siège et sa filiale ne segmentent pas forcément les données métier de la même façon. Dès lors, toute
consolidation peut générer des incohérences liées aux distorsions des concepts utilisés de part et d’autre. Cette distorsion est aggravée au niveau technique par le fait que les applications, tel un PGI ou un système de GRC, sont livrées avec
leur modèle de données. Lequel définit des concepts (client, facture, etc.). On ne peut toucher à la structure de la base sans revoir l’application. Résultat : en l’absence de structure commune ou de dictionnaire
d’entreprise pour faire le lien entre les deux, toute consolidation devient difficile.Qu’est-ce qu’un dictionnaire d’entreprise ?


Ce document dynamique, qui évolue avec l’entreprise, répertorie les concepts métiers définis par une nomenclature. Celle-ci localise les sources de données concernées dans le système d’information. Longtemps, les applications
se sont construites sous forme d’îlots, qui ne partageaient pas d’informations avec les autres. Aujourd’hui, pour être réactive et agile, une entreprise doit concevoir son système d’information dans son ensemble et
pouvoir à tout moment ‘ brancher ‘ les applications entre elles. Et donc les amener à échanger des données.


Avec un dictionnaire, elle dispose d’un format pivot entre les différentes structures de données. En d’autres termes, s’il n’est pas possible de changer le schéma de la base d’un PGI
 ?” ‘ le royaume ‘ ?”, on peut lui demander de fournir des données conformes aux concepts arrêtés dans le dictionnaire. C’est le travail d’une application nommée
l” émissaire ‘. Cohérentes, les données peuvent être consolidées à un niveau supérieur.La gestion de la qualité des données est-elle un préalable à tout projet de consolidation ?


Oui ! Comment rapprocher les avoirs d’un client si les données fournies par les différentes applications ne partagent pas un identifiant commun ? Ou comment consolider données financières et données risque dans le cadre de
Bâle II si les systèmes ne partagent pas les mêmes définitions des nominaux de certains produits ? Encore une fois, l’idée est d’uniformiser en sortie des applications le modèle afin d’envoyer dans le
backbone du système d’information des données plus uniformes.Une politique de gestion de la qualité des données met-elle en cause l’existant ?


Dans la plupart des cas, il est souhaitable de laisser les systèmes opérants continuer de remplir leur rôle. Ne serait-ce que pour des raisons de coût, car la mise en conformité des structures de données existantes impliquerait de
redévelopper des applications. Aucune ingérence technique ou politique n’est nécessaire. On demande juste aux directions métier de qualifier leurs données à la source pour produire un fichier propre qui pourra être directement intégré au
niveau de la consolidation. Les traitements de transformation effectués au niveau de l’émissaire devront être conformes aux modèles définis dans le dictionnaire. Des outils de contrôle sont indispensables pour vérifier les opérations et agir
sur les anomalies détectées lors des opérations de mise en conformité.Comment construit-on l’émissaire qui transformera les données ?


La mise en conformité peut être réalisée par un développement spécifique, une solution de transformation de type ETL, EAI, etc. Un projet de gestion de la qualité des données n’est pas un projet technique. Il touche à la culture
d’entreprise et nécessite une gouvernance organique, au plus près de l’opérationnel qui manipule l’information. Des médiateurs s’imposent entre les directions métier et le dictionnaire, capables d’écouter et de
formaliser les concepts et d’inciter les gens à les utiliser.


Une véritable dynamique doit s’installer autour du dictionnaire afin qu’il imprègne toutes les mentalités de la communauté du système d’information. Ainsi, l’existant et les nouveaux développements pourront
s’aligner sur des concepts communs. Ils diminueront d’autant la taille des émissaires, qui ne fait que croître en l’absence d’un dictionnaire partagé.

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Phillipe Davy, Marie Varandat et Frédéric Bordage