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Philips pourrait se retirer du marché des mobiles

Après quatre années d’espoirs déçus et de pertes conséquentes, le groupe néerlandais Philips Electronics devrait annoncer dans les prochaines semaines la fin de son activité de fabrication de téléphones mobiles.

Philips pourrait devenir la première entreprise européenne à se retirer de ce secteur en difficultés… mais peut-être pas la dernière.Sa division Philips Consumer Communications (PCC), créée en 1997 comme une coentreprise avec la société américaine Lucent Technologies, a englouti depuis environ 850 millions d’euros pour ne dégager qu’un petit million de profit lors de sa seule année de rentabilité, en 2000. Mais PCC est retombée dans le rouge au quatrième trimestre 2000 et dégagera à nouveau des pertes au premier semestre 2001, selon des analystes.La patience du nouveau dirigeant de Philips, Gerard Kleisterlee, ayant atteint ses limites, le premier groupe européen d’électronique grand public fixera fin juin le sort de PCC, qui soit formera une nouvelle coentreprise, soit sera vendue, ou encore définitivement liquidée.Philips a été en négociation pour un rapprochement avec la branche téléphonie mobile du groupe sud-coréen LG Electronics, déjà partenaire du néerlandais dans deux autres secteurs d’activité, mais les discussions ont avorté au début de l’année, conduisant Kleisterlee à évoquer la possibilité d’une vente.” La plupart des seconds couteaux essaient plutôt de sortir du secteur que d’y augmenter leur présence “, estime un analyste londonien, expliquant pourquoi la fermeture de PCC constitue selon lui l’option la plus probable.La liquidation coûterait toutefois entre 300 et 350 millions d’euros au groupe Philips, qui viendront s’ajouter aux 350 millions déjà prévus pour couvrir 7 000 suppressions d’emplois. De plus, l’implantation française du siège et de l’usine de PCC, situés au Mans, ne faciliterait pas la mise sur le carreau des salariés de la société en ces temps de climat social particulièrement tendu.” Cela pourrait prendre beaucoup de temps et ce ne serait certainement pas bon pour leur image “, souligne Marisa Baldo, analyste à la Société Générale.

Des débuts difficiles et une suite encore plus dure

PCC avait pourtant été lancée en fanfare, nantie d’un capital de 2,5 milliards de dollars, avec pour objectif le troisième rang mondial du marché des combinés mobiles en 2000 et un seuil de rentabilité atteint à la fin de l’année 1998. Mais les lendemains avaient vite fait déchanté.En 1998, au lieu de ses premiers profits, PCC avait déjà enregistré 391 millions de dollars de pertes, conduisant Philips à rompre ses liens avec Lucent, juste un an après la création de la coentreprise.” Réflexion faite, ils ont perdu à cause de l’association avec Lucent. Elle paraissait impressionnante avec une couverture mondiale et une grande variété de technologies. En fait, Philips a perdu un an “, affirme Steven Vrolijk, analyste chez ING Barings. De plus, le marché s’est encore durci ces derniers mois. Les prévisions mondiales de ventes de combinés mobiles sont passées de plus de 600 millions à environ 400 à 450 millions.Sur un marché où la compétition s’est intensifiée, alors que la croissance a ralenti et que les coûts de production de la nouvelle génération de téléphones ont augmenté, il serait anti-économique pour Philips, détenteur de 10 % des parts de marché, de rester seul. Mais le précédent président de Philips, Cor Boonstra, aux commandes jusqu’en avril dernier, refusait de se séparer de PCC, dont il avait dirigé la création, estimant qu’une présence dans l’industrie du mobile était indispensable pour un groupe d’électronique. Une fierté déplacée, selon certains analystes, et que ne possède pas le nouveau président.Il se pourrait cependant que Philips ait finalement trouvé un nouveau partenaire, soit en ayant reformulé ses conditions auprès de LG, soit en ayant approché un autre groupe. Le temps que met Philips à régler le sort de PCC indique que la société pourrait sortir un autre lapin d’un chapeau apparemment vide, estime ainsi Navdeep Sheera, analyste chez Schroder Salomon Smith Barney. “S’ils devaient simplement la liquider, vous pensez bien qu’ils l’auraient annoncé le mois dernier. […] Qu’ils ne l’aient pas fait suggère soit des difficultés administratives, soit quils ont encore un atout dans leur manche”, affirme-t-il.

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La rédaction (avec Reuters)