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Philippe Jacquin (Breizh Mobile) : ‘ Nous sommes un laboratoire pour la téléphonie mobile virtuelle ‘

Le directeur général de l’opérateur mobile virtuel du groupe The Phone House dresse un premier bilan de son activité et évoque l’arrivée, qu’il ne craint pas, de nouveaux concurrents.

01net. : Quel est le bilan chiffré de Breizh Mobile depuis le lancement de la marque cet été ? Philippe Jacquin : Nous ne pouvons pas donner de chiffres précis pour le moment, notre maison mère anglaise est côtée en Bourse et la communication doit se faire d’abord outre-Manche. Ce que l’on peut dire, c’est que
notre objectif est toujours de 100 000 lignes sur douze mois.Nous sommes en phase, depuis juillet, avec cette visée. Nous pourrons donner fin décembre des éléments chiffrés précis, et surtout fin mars, au moment de notre clôture fiscale.Qui sont vos clients ? Ce sont des primo-accédants [des personnes qui n’ont pas de téléphone mobile, NDLR] ou des clients qui ne sont pas satisfaits en matière de tarifs chez leur opérateur du fait de leur budget mensuel. Cette population
a entendu parler de notre arrivée, elle est bien au courant de ce qui se passe.Après le prépayé, vous venez d’introduire des forfaits. Avez-vous d’autres projets pour élargir votre clientèle ? Les forfaits que nous venons de lancer ont des tarifs qui répondent à la promesse régionale du positionnement ‘ low cost ‘ de Breizh Mobile. Il y a un prix
‘ discounté ‘ si vous appelez depuis la Bretagne vers la Bretagne et le reste de la France ?” en gros 30 % moins cher que les prix du prépayé ou des forfaits ?” et un autre prix, dans la moyenne du
marché, si vous sortez de la région.Ces forfaits nous amènent aussi des clients prépayés d’autres opérateurs, car ils sont moins chers que leur formule actuelle. Concernant les nouveaux projets, nous nous voulons simples et pas chers. Nous n’allons donc pas lancer en
permanence de nouveaux forfaits. Néanmoins, début 2005, nous proposerons quand même les comptes bloqués.Comment les gens qui habitent aux limites de la Bretagne savent-ils quel prix ils payent ? Nous avons pensé à eux. La frontière tarifaire est élargie puisqu’elle intègre la Basse-Normandie et les Pays de la Loire. Ce n’est pas en quittant un département breton que l’on change immédiatement de tarif. En fait, notre zone
tarifaire est le Grand Ouest.Votre clientèle, justement, est-elle 100 % bretonne ou vient-elle de différents horizons ? Sur l’offre prépayée, nous avons de tout, puisqu’elle était valable pour les Bretons comme pour les autres. Sur notre site Internet, nous avons eu des ventes hors de notre région. Sur les forfaits, nous n’avons pas encore de
statistiques précises, mais la clientèle va certainement se focaliser sur la Bretagne, du fait de l’intérêt tarifaire.A Paris ou ailleurs, les clients payeront le même prix que chez l’un des trois opérateurs, cela n’a pas d’intérêt, outre un attachement à notre marque.Le ministre délégué à l’Industrie, Patrick Devedjian, souhaite l’arrivée d’un troisième opérateur mobile virtuel (MVNO) d’ici la fin de l’année. Y a-t-il de la place pour plusieurs nouveaux MVNO selon
vous
?Je pense qu’il y a de la place pour plusieurs MVNO. Il y en aura deux types : des opérateurs comme nous qui travailleront la cible et le positionnement des prix, et des MVNO plutôt axés contenu, que ce soit de grands opérateurs ou
de grands éditeurs de contenus, qui ne sont pas encore présents dans les mobiles.Il est vraisemblable qu’au cours de l’année 2005, on en voit apparaître encore deux ou trois, et c’est très bien.Justement, ne craignez-vous pas l’arrivée de grands noms du secteur, comme neuf telecom ou Tele2, dotés de moyens importants ?Notre contrat avec Orange [qui achemine les communications des clients de Breizh Mobile, NDLR] est signé pour neuf ans, nous aurons le temps de réagir pour bien rester sur notre créneau. En Bretagne, le taux de
pénétration est de 50 %, en France, d’environ 70 %, il y a encore des populations importantes qui seront sensibles aux MVNO. Nous en sommes la preuve. C’est un peu un laboratoire que nous avons ouvert en Bretagne.Si Tele2 ou neuf telecom entrent, ils travailleront en priorité leur propre base de données. Ils n’iront peut-être pas sur notre terrain, avec des distributions physiques par magasins, Phone House ou autres, comme Leclerc, Fnac. Il y a
de la place pour tout le monde. On attend les nouveaux venus.Pensez-vous que les MVNO, et vous en particulier, puissent aller encore plus loin pour faire baisser les prix dans la téléphonie mobile, ce que même les pouvoirs publics demandent ?Pour le moment, nous sommes dans une grosse phase d’investissement. Seuls, nous ne pouvons pas aller beaucoup plus loin dans la baisse des prix. Mais nous avons Orange avec nous, tout est toujours possible. Soit en prenant l’initiative,
soit en réagissant à la concurrence.Nos prix actuels nous positionnent globalement à 30 % en-dessous des trois opérateurs mobiles. Nous n’avons pas, actuellement, de raison de changer. Avec cette grille tarifaire, nous atteignons une rentabilité en deux ans et demi,
trois ans. Si notre modèle est chahuté, on réagira.

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Propos recueillis par Guillaume Deleurence