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Peter Jenner, International Music Managers Forum : ‘ Votre ministre de la Culture ne doit pas s’opposer à la licence globale ‘

Manager de Billy Bragg, ancien manager de Pink Floyd et des Clash, Peter Jenner est président l’International Music Managers Forum. Interview à l’occasion du MidemNet.

01net. : Vous êtes ici la seule personne à parler au nom des artistes. Qu’est-ce que cela vous inspire ?


Peter Jenner : Je trouve cela stupéfiant ! On est au Midem et personne, ici, de quelque manière que ce soit, ne représente les artistes. Parce que tout ce que ces gens font, c’est parler de leur business et
faire mine de savoir ce que veulent les artistes. Mais les artistes n’existent pas ici. Ce sont juste des produits dont tous ces gens ne font que se servir.Est-ce que les artistes avec lesquels vous travaillez sont au fait de tous les sujets débattus ici : licence globale, peer to peer… ?


Ils ne comprennent pas. Moi-même, je n’arrive pas à comprendre et je passe mon temps à réfléchir à tout ça. Je veux dire… c’est sacrément compliqué ! Les artistes se reposent sur leurs managers, leurs syndicats,
ils sont préoccupés par les ragots qui courent sur eux, par les modes et ce qui est en vogue, s’inquiètent de conserver la place qu’ils occupent… A l’inverse, moi, je ne sais pas jouer de guitare. Ce que je veux dire, c’est
qu’il n’est pas raisonnable d’attendre qu’un artiste se penche sur tous ces problèmes et les comprennent. C’est très complexe.


Le copyright, c’est LA grande question. Les lois sur le copyright ont été élaborées dans un contexte technologique. Mais on ne veut pas les changer pour coller aux nouvelles technologies. Les consommateurs se retrouvent avec un
problème de droit impossible à régler et avec lequel ils doivent essayer de se débrouiller. Tout cela va devenir du pain béni pour les avocats. Ce n’est une bonne chose ni pour les consommateurs, ni pour les artistes, ni pour le
business.Quand vous vous retrouvez à la même table de conférence que EMI, BMG Music Publishing, AOL, avez-vous le sentiment qu’ils vous comprennent ?


Ils me tolèrent [rires]. Pourtant j’ai des artistes chez eux. J’ai rencontré Nicholas Firth [PDG de BMG Music Publishing, NDLR], puisque jai Billy Bragg chez BMG Music Publishing.
Et j’ai fait signer Pink Floyd chez EMI [en 1967, NDLR]. Je continue de toucher de l’argent là-dessus, ils me paient toujours ! Donc, je comprends les positions de EMI. Vous savez, je suis content pour les
gens quand ils se font de l’argent. C’est juste que je n’aime pas la façon dont les maisons de disques se font de l’argent quand les artistes n’en font pas. C’est un marché de dupes. Je n’aime pas que
les artistes se retrouvent à la fin de la chaîne.Lors de votre intervention, vous avez plaidé pour un système de licence globale pour rémunérer les artistes. Il y a un débat agité sur ce même sujet en France. Le suivez-vous ?


Le problème, ce sont les sociétés de gestion de droits des artistes. C’est le point clé de ce dispositif. Comment leur faire confiance ? Sont-elles honnêtes ? Sont-elles efficaces ? Peut-on arriver à s’entendre
avec elles ?


Mais, pour l’essentiel, je pense que c’est résolument la voie à suivre. Et je pense que c’est de toute façon la voie que cela prendra. Je veux bien rencontrer votre ministre de la Culture pour
l’implorer : vous ne pouvez pas vous opposer à ça. Et je lui dirai de rester calme…

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propos recueillis à Cannes par Arnaud Devillard