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Peregrine Systems au bord du gouffre ?

Démission de deux principaux dirigeants, enquête sur certaines pratiques comptables… l’éditeur américain de logiciels de ressource sera-t-il le nouveau cadavre découvert dans le placard d’Arthur Andersen ?

Après Enron et Global Crossing, l’ombre du cabinet d’audit Arthur Andersen obscurcit l’avenir de Peregrine Systems. Le 30 avril dernier, l’éditeur de logiciels pour la gestion des ressources des entreprises reportait la présentation de ses résultats annuels, initialement prévue le 2 mai 2002. Pour expliquer ce retard, la société californienne déclarait qu’il fallait quelques jours supplémentaires à ses nouveaux auditeurs pour achever l’examen des comptes. En effet, depuis début avril dernier, KPMG a remplacé Arthur Andersen dans le rôle de commissaire aux comptes auprès du groupe high-tech.A cette annonce, l’action de Peregrine Systems, cotée au Nasdaq, s’écroulait littéralement, chutant de 49,64 % le 1er mai et de 24,64 % le lendemain. Peu convaincus par l’explication de l’éditeur, les marchés financiers anticipent d’éventuels mauvais résultats.

Des pratiques comptables peut-être douteuses

Le 6 mai, les événements se précipitent avec un communiqué de presse relatant les démissions de Steve Gardner et de Matt Glass, respectivement président du conseil d’administration et CEO et directeur financier de Peregrine Systems. Ces départs font suite à l’annonce d’une enquête interne sur des pratiques comptables potentiellement ” non conformes “, relevées par KPMG. Selon le commissaire aux comptes, une somme pouvant atteindre les 100 millions de dollars serait indûment comptabilisée comme chiffre d’affaires dans les exercices 2000/2001 et 2001/2002 (clos le 31 mars 2002).En clair, le communiqué pourrait se traduire ainsi : des revenus de licences réalisés avec des partenaires peuvent avoir été inscrits par anticipation dans les bilans incriminés. Cette pratique est d’ailleurs courante chez les éditeurs de logiciels qui considèrent comme concrétisées certaines ventes, leurs partenaires (intégrateurs, SSII, etc.) ayant acquis les licences.

Tourmente boursière

Pour l’heure, l’enquête est interne et les conclusions seront remises à la SEC (Securities Exchange Commission). Il ne s’agit donc pas de poursuites avérées comme dans le cas de Global Crossing ou d’Enron. Malgré tout, à Wall Street, la sanction est sévère : l’action dévisse pour finir sa course à 0,89 dollar en repli de 65,37 %.
” A ce cours, la capitalisation boursière de Peregrine dépasse à peine les 176 millions de dollars, soit un prix dérisoire pour une entreprise leader dans son secteur et dont les fondamentaux sont sains. Les marchés la sous-estiment en l’évaluant seulement à 20 % de sa valorisation réelle “, explique Jean-Luc Fort, directeur général de Peregrine Systems France. Avant cet incident, l’éditeur tablait sur un chiffre d’affaires d’environ 700 millions de dollars.En France, les nuages noirs n’entament pas la confiance de l’équipe dirigeante : ” Dans notre pays, Peregrine connaissait des difficultés. Depuis un an, le redressement de la situation est très net puisque nous allons connaître une croissance à deux chiffres, et le chiffre d’affaires de 10 millions de dollars de lexercice précédent sera largement dépassé “, commente Jean-Luc Fort.

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Augustin Garcia